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Introduction à La Renaissance

INTRODUCTION GÉNÉRALE

XVème - XVIème Siècles


LES TEMPS MODERNES

Humanitas - Les Périodes - Un Besoin d'Indépendance - Les Courants -

La Société de La Renaissance - Science et Nature -  Économie et Commerce 


Humanitas

Rinascita

La Renaissance Humaniste des XVème et XVIème siècle est la troisième Renaissance culturelle en Europe, après la ‘Carolingienne’ du IXème siècle et la ‘Courtoise’ du XIIème. Elle se définit comme la redécouverte, l’étude, la transposition et la traduction des œuvres des auteurs, des philosophes et des artistes de l’Antiquité, grecque et latine.

Le terme de Renaissance n’apparaît qu’au XVIème siècle, en Italie, alors que le mouvement que nous désignons depuis ainsi a commencé un siècle plus tôt[1]. Nous le devons à l’artiste maniériste GiogioVassari (1511-1574) qui, en 1550 dans son livre Vite dei più eccellenti architetti pittori et scultori italiani da Cimabue insino a' tempi nostri (Les Vies), parle des peintres classiques de son époque en évoquant leur « rinascimento de la bella maniera », de la renaissance, du retour à la belle manière antique.


Qui dit Renaissance dit Modernité. Avec la Renaissance commence les Temps Modernes que les historiens font généralement s’étendre jusqu’à la Révolution Française à partir de laquelle nous entrons dans la période contemporaine; bien que dans un usage courant, la contemporanéité couvre un passé proche et que l’actualité désigne le temps présent.

Une Renaissance tout autant culturelle, qu’artistique et scientifique qui confère une place nouvelle à l’homme dans l’univers, qui dessine une autre vision du monde, qui expérimente une autre méthode d’acquisition des savoirs et qui voit naitre de nouvelles sciences telles que l’anatomie et la linguistique.

Pour autant, il n’y a pas à proprement parler de rupture entre Moyen-âge et Renaissance. Certes les référents culturels ne sont plus les mêmes, mais le naturalisme d’un Saint Thomas d’Aquin, le rôle  qu’il accorde à la raison dans l’approche même du divin, étaient déjà  l’amorce dans une vision chrétienne de l’Expérimentalisme d’un Roger Bacon préfigurant l’Empirisme. De même, Paracelse en son approche globale de la médecine ne s’éloigne pas tant de l’approche holistique d’une Hildegarde de Bingen. Et la pensée grecque reste le premier et grand référent car si l’époque médiévale a connu le grand retour d’Aristote, l’époue moderne en son commencement verra celui de Platon qui tout au long du Moyen-Âge, de Saint Augustin à Thierry de St Victor n’a jamais été ignoré. Empereurs, rois et ducs continuent d’avoir à porter de main leur astrologue.


C’est au XVIème siècle, second siècle d’une Renaissance qui alors rayonne dans toute l’Europe, que vont être mis en branle les grands bouleversements qui vont métamorphoser le monde chrétien : les différentes Réformes, celle des luthériens, des réformés radicaux ou non radicaux, et celle des catholiques, eux-mêmes, qui ne se limite pas à la Contre-Réforme, toutes auront des répercussions considérables et pérennes. Époque au cours de laquelle de grandes figures de la culture, de la politique, de la religion font façonner les mondes d’Occident, celui qui deviendra l’Ancien et celui qui sera le Nouveau: Érasme et Thomas Moore, Paracelse et Copernic, Rabelais et Juan del Encina, Luther et Calvin, Saint Jean de La Croix et Sainte Thérèse d’Avila, Charles Quint et Guillaume d’Orange, François 1er et Henri VIII, Laurent de Médicis et Savonarole, Henri Le Navigateur et Christophe Colomb…

C’est l’époque aussi des grands voyages commerciaux vers l’Extrême-Orient mais aussi de la conquête et de l’asservissement de peuples dont il a été pensé qu’il pouvait ne pas avoir été créés par Dieu, ne pas avoir d’âme…


Quelle Renaissance ?

Qu’est ce qui renait au début du XVème siècle en Italie pour que l’époque qui couvre ce siècle et le suivant soit désignée sous le nom de La Renaissance ou de Renaissance Humaniste ? La culture antique. Le Moyen-âge n’a pas tout ignoré de la culture antique. L’aristotélisme et le néoplatonisme ont profondément marqué la pensée médiévale, et au plan artistique, l’architecture romane s’est développée sur les bases de l’architecture romaine. Mais c’est une véritable efflorescence de textes grecs et latins, notamment de Platon et Cicéron, qui refont surface en leurs versions originales et non plus tant au travers des traductions des textes arabes. Textes originaux sur lesquels ceux que l’on va appeler les Humanistes (humanitas en latin désigne la culture) vont porter leur enthousiasme, s’empresser d’en étudier la langue, de les traduire et de prendre pour modèle les valeurs morales et les notions philosophiques qu’ils véhiculent.

Dès la fin du XIVème siècle, des érudits ont étét invités à venir enseigner à Florence. Si des penseurs et traducteurs comme Marsile Ficin, Pic de La Mirandole vont être dans la cité florentine les fers de lance de cette nouvelle pensée, des philosophes encore inscrits dans la tradition médiévale comme l’Allemand, Nicolas de Cues ou l’Espagnol Raymond Lulle, n’en ont pas moins ouvert la voie. (Voir Introduction à l’Humanisme).


L’Homme et Le Monde

L’époque de la Renaissance est mue par des aspirations nouvelles dont les fondements sont humanistes, c‘est-à-dire, à l’origine, en référence à la philosophie, aux valeurs morales, aux aspirations du monde antique, dont l’étudiant reçoit l’enseignement en faissant ses humanités. C’est alors une référence plus culturelle qu’anthropologique qui interpelle de façon globale l’humanitas, l’humanité toute entière, et non l’individu en particulier, bien que celui-ci commence à se concevoir comme une entité autonome. Cette conception de l’humanisme va évoluer au fil des siècles jusqu’à arriver à notre époque contemporaine totalement dégagée du fait religieux, de toute notion d’absolu, après être passée par le Siècle des Lumières avec lequel « la finitude cesse d’être conçue comme un manque, comme une imperfection, pour devenir une finitude “radicale”, qui est à la “racine” de toute l’interrogation sur l’homme » (Pierre-Henri Tavoillot, Conférence, Qu-est-ce-que-l’humanisme).

Les temps modernes sont marqués par  un nouveau rapport de l’homme au monde, mais aussi à lui-même, conséquence directe de l’évolution de son rapport à Dieu.

A la fin du Moyen-âge, la philosophie rationnelle mais non encore rationaliste a fait son lit,  la rationalité des textes grecs étant venue lui prêter main forte en cela soutenue par les écrits scientifiques musulmans traduits en masse à partir du XIIème siècle. A partir de là, il y eut dieu et il y eut la raison.


D’un côté, la scolastique médiévale avait  fini par admettre que la raison et la connaissance sensible pouvaient ne pas être qu’un moyen de renforcer la foi en Dieu mais un moyen d’accès à la connaissance divine, à la connaissance du monde ouvrant, selon St Thomas, à la connaissance de Dieu. D’un autre côté, la théologie, une fois évacuée de la néotique  toute notion d’illuminisme qui faisait de l’intervention divine la  seule à même de donner la Connaissance par illumination de l’âme, a été définitivement ramenée à une section de la philosophie, ne délivrant plus une vérité révélée mais une approche du divin par des moyens proprement humains fussent-ils (encore) mystiques.


Et il est significatif que  ces temps de modernité débutent sur une crise majeur de la chrétienté occidentale et la remise en cause de qui décidait quoi en matière de connaissance et d’accès à la connaissance. La Réforme ou plutôt les Réformes sont d’abord et avant tout une remise en cause du détenteur du savoir, l’Église. La vérité ? Seul Dieu la détient et Il l’a donne à qui Il veut et comme Il veut. Dieu nous a donné la (Sa) Vérité. Elle est entièrement contenue dans la Bible, l’Église n’en a pas (plus) le monopole. L’Écriture Sainte seule (Sola scriptura) est détentrice de la vérité divine et seule fait autorité en matière de foi. Seule la foi au cœur du fidèle est son guide. Exit Rome.

Pour vous approcher de Dieu et avancer vers votre salut, lisez la Bible et particulièrement les épîtres de Paul ; si vous pouvez lisez aussi ces anciens auteurs grecs ou latins qui nous parlent d’histoire, de politique, de morale et de philologie.

Non seulement, il s’agit de connaître l’homme, le Monde et Dieu qui reste (malgré tout et encore) leur créateur, mais il s’agit aussi de savoir. De savoir tout et en tout. L’homme de la Renaissance, du moins le lettré, développe un esprit universel, universel et critique.

La Bible ? Non seulement on la lit mais on l’étudie dans ses versions les plus anciennes, grecques et hébraïques ; on la traduit en langues populaires de la manière la plus exacte qui soit grâce à cet instrument nouveau qu’est la philologie. La traduire en latin et en langues vernaculaires sera une des missions primordiales à laquelle se consacreront les Humanistes.

Le monde ? Il est mis en perspective. L’homme ? Un architecte romain du nom de Vitruve a opéré pour lui la quadrature du cercle et ainsi on le mesure. Et par la sagesse antique grecque, patrie de la Raison, la mesure de son destin dont il devient maître lui est donnée.


Les Périodes

Quattrocento

Le XVème siècle est un siècle de transition au cours duquel les survivances médiévales vont rester fortes dans l’ensemble de l’Europe (Ce en quoi il relève de la période moyenâgeuse a été traité au tome 1 de cet ouvrage). Les premières innovations intellectuelles et artistiques apparaissent à Florence. Elles ouvrent Première Renaissance qui couvre tout le Quattrocento. De manière contemporaine, dans les florissants Pays-Bas Bourguignons, débutent au plan artistique ce qu’il est convenu d’appeler la Pré-Renaissance Flamande. Certaines dates de la première moitié du siècle peuvent servir de points de repères de ce changement d’époque :

  •   1419 : Le pape Martin V, nouvellement élu au sortir du grand schisme, invite des artistes de venir travailler dans la cité papale. L’un des tout premiers, le peintre courtois Gentilo de Fabriano (1370-1427) exécute un décor à fresque à la Basilique Saint-Jean-de-Latran. en est
  •   1424-27 : Masolino da Panicale et surtout Masacio marquent un tournant dans l’histoire de la  peinture avec le décor de chapelle Brancacci de l’Église Santa Maria del Carmine à Florence.
  •     1432 : Le grand polyptique de l’Agneau Mystique sortit de l’atelier de Jan van Eyck. van Eyck a imposé à ses assistants une technique ancienne mais non répandue, celle de la peinture à l’huile qui plus rapide, plus adaptée au support mobile (bois, toile) va supplanter la technique ancestrale de la fresque et de la tempera; révolution technique qui n’aura sans doute pas d’autre équivalent avant l’invention des pigments à l’huile fabriqués, conditionnés et directement vendus tout prêts, en tube, au milieu du XIXème siècle. Technique qui sera une des origines l’impressionnisme (sortie de l’atelier, empâtement etc.).
  •    1449 : Cosme l’Ancien[2] fonde à Florence l’Académie Platonicienne ouverte aux nouvelles idées humanistes. Marsile Ficin, à qui Cosme confie la traduction d’auteurs grecs, en prendra la direction

Mais la scolastique vit encore de beaux jours dans des places fortes comme l’université nominaliste de Padoue qui  résister jusqu’à ce que le foyer culturel du Nord Vénitien descende au Sud toscan .

La France et l’Angleterre devront attendre le XVIème siècle pour s’ouvrir aux innovations italiennes. Même si au XVème siècle, les nouveautés picturales apportées par Jean Fouquet (1420- ca1478) ont été déterminantes dans l’évolution de la peinture française, celle-ci reste encore pour le siècle dans les normes médiévales. Par contre, dès le début du siècle, la France voit se manifester les prémices de la pensée humaniste au travers d’un lettré, Jean Charlin de Montreuil (†1385) et d’un théologien, Guillaume Fichet (†1490).

Outre-Rhin, l’avancée humaniste est progressive. Elle s’annonce avec Nicolas de Cues (1401-1464), plein héritier de la pensée scolastique mais qui s’ouvre à une vision humaniste, et Rodulphus Agricola (1443-1496) qui met en place une nouvelle approche analytique qui veut s’inscrire dans le mode de raisonnement, d’argumentation de  la tradition grecque.

En Espagne, au plan artistique, le Gothique Tardif va se maintenir  jusqu’au milieu du siècle quand des artistes venues de Flandre apporteront de nouvelles formules qui, en synthèse avec la tradition gothique et Mudéjar, donneront naissance au Style Isabelin ou  Hyspano-Flamand.

 Au plan religieux, la manière dont se déroulent les deux grands conciles, de Constance (1414-1417) et de Bâle (1431-1449) sont symptomatiques de la crise profonde que traverse le  monde chrétien et annoncent les bouleversements du siècles suivant. Le premier concile, qui pourtant  met fin par l’élection consensuelle d’un pape, Martin V, à un schisme qui aura duré près de 40, en vient face la montée des protestataires ( les futurs réformés) à condamner au bûcher en plein concile, en 1415, l’un des premiers grands réformateurs, le Tchèque Jean Huss. Le second concile, lui, n’aura cesse de se déplacer de villes en villes, allant de petits schismes en petits schismes provoqués par le redoutable (pour le pape) usage du droit conciliaire (suprématie des évêques sur le successeur de l’apôtre Pierre).


Cinquecento

Le XVIème siècle est considéré comme faisant entrer l’Occident dans l’époque dite Moderne. Dans tous les domaines, une nouvelle mentalité émerge portée par le souci de l’individu de s’exprimer, animée de l’esprit d’entreprise, le besoin de découverte, ouvrant un autre regard sur le monde qui n’est plus le monde symbolique, « reflet du Créateur » de la période médiévale, mais un monde bien concret, « une manifestation, une expression organique de Dieu » (A.Koyré, Mystiques et Spirituels du XVIème siècle), un monde approché par la connaissance rationnelle et scientifique , exploré dans des terres inconnues au-delà des mers par les Grand Voyages et les Grandes Compagnies.


Le Cinquecento est le siècle de la Haute Renaissance ou Renaissance Classique. Renaissance dite classique mais qu’il est difficile de distinguer du courant maniériste tant les périodes, selon les arts et les régions, s’interfèrent.

  • Au plan artistique, le Classicisme en Italie prend fin dès la mort de Raphaël en 1520. Et un Michel-Ange est le premier des maniéristes. La France, sans oublier la construction de châteaux comme celui de Chambord (1519) n’a connu de la Renaissance que son maniérisme avec la Première École de Fontainebleau en 1530. Les autres pays vont progressivement s’ouvrir , aussi bien au plan de la pensée, à toutes les nouveautés que le Quattrocento a apporté.
  • Le domaine musical est particulièrement représentatif de l’évolution du XVIème siècle qui voit la fin définitive des formes médiévales, l’invention de nouvelles formes qui vont se tabiliser au siècle baroque suivant.et l’amorce tout au long du siècle. Si la polyphonie brillent de ses derniers feux et non des moins lumineux, la monodie comme un retour du chant grégorien, va résoluement s’implanter. Dans le dernier quart du XVIème siècle, La Camerata Fiorentina à Florence, La Camerata de Jacopo Corsi, déplacée de Florence à Rome, Monteverdi à Mantoue, Giovani Gabrieli à Venise, entre autres, ouvrent, les voies et les voix à la musique baroque et à toutes les formes musicales qui en découleront, de l’opéra à la sonate, du concerto au choral.
  • Au plan religieux, le XVIème siècle est bien évidemment le siècle des réformes aussi bien protestantes que catholiques. Guerres, révoltes, percécussions, massacres drainent leur histoire.

Un Besoin d’Indépendance

Indépendance économique

Si la nouvelle pensée, qui se forge à partir des auteurs anciens redécouverts et d’une nouvelle approche, directe, des Écritures Saintes, va provoquer une effervescence des idées, c’est qu’elle trouve un terrain fertile dans les mentalités et les mœurs qui émergent d’une nouvelle donne économique et sociale. L’économie est aux mains des banquiers et des marchands. La Cité-État de Florence est prospère et ses riches marchands et banquiers vont créer une nouvelle forme d’échange et de marché avec la création de la forme moderne de la banque[3].


En 1420, Philippe III le Bon (†1467), duc de Bourgogne, souverain des Pays-Bas Bourguignons installe sa cour à Bruges. Il va poursuivre la politique d’annexion des territoires du Nord déjà entreprise par son père Jean-sans-Peur et son grand-père Philippe le Hardi. Et son fils Charles le Téméraire (1477) va porter à son apogée l’étendue de ce qui sera devenu Les États Bourguignons qui à sa mort seront démantelés entre L’empire des Habsbourg et la France de Louis XI. Le commerce sera intense entre l’Italie (Venise, Florence) et la Flandre par l’intermédiaire des ports de la Mer du Nord. Des places financières comme Bruges et Anvers qui regroupent les comptoirs des marchand européens jouent un rôle central dans l’économie de l’Europe. Les villes drapières voient se renforcer le pouvoir économique et politique d’une bourgeoisie en plein essor en tissant la trame du capitalisme. Un capitalisme naissant que défend dès le XVIème siècle le protestantisme qui considère que l’enrichissement est une façon de glorifier Dieu et la création. Du moins certains protestants comme Luther issu d’un milieu aisé et non d’un milieu pauvre comme son adversaire en théologie, Thomas Münzer qui lui prône la révolte. Un capitalisme qui va commencer à s’épanouir au XVIIème siècle en hollande, notamment par le commerce maritime.

L’heure est à l’entreprise, à la découverte et à l’invention. Un nouveau type d’énergie portent les esprits à l’indépendance.


Indépendance Artistique

C’est à la Renaissance que se forge la notion d’artiste, celui qui de par sa personnalité, son individualité crée et crée une œuvre originale, même s’il reste au service des puissants ou tributaires des commandes des institutions civiles et religieuses et des riches seigneurs ou bourgeois. Dante fait usage du mot dans un chant de la Divine Comédie, mais c’est le philosophe florentin, Benedetto Varchi (1503-1565) qui rendra définitif l’usage du terme d’artiste pour désigner ce nouveau type d’artisan devenu artiste. Toutes les œuvres sont signées. Si les contrats que passent les commanditaires avec lui sont très stricts et précis, sur le sujet, le délai, le coût, l’artiste n’en est pas moins libre du traitement, de la manière. Il n’hésite pas à faire un procès s’il s’estime floué. L’inverse est vrai aussi si le commanditaire n’est pas satisfait du travail ou s‘il n’est pas effectué dans les délais.

Le seigneur ou l’évêque ne sont plus les seuls à passer commandes. Le bourgeois enrichi veut son portrait de famille ou tout simplement sont œuvre d’art à accrocher au mur, signe de sa réussite sociale.

Si les codes artistiques changent, traduisant un souci d’harmonie, de perspective, de justes proportions, généralement basées sur celles du corps humain, fortement inspirés de l’art grec, c’est qu’ils s’appuient sur une approche qui se veut objective, calculée du corps humain et de la nature. Un besoin de plus forte de rationalité laisse de côtés les approches du réel par trop symboliques, plus sensibles que sensitives.


Indépendance des Esprits

Indépendance aussi au plan religieux, le XVIème siècle sera celui d’une levée de boucliers contre l’autorité papale et l’institution ecclésiale dans son ensemble. Les initiateurs de ce mouvement de contestation ont été John Wyclif (1330-1384) et les Lollards en Angleterre ou encore Jan Huss (voir Tome 1 Les Prémices de la Réforme). Ce siècle sera non seulement celui de la Réforme mais des Réformes catholiques dont la Contre-Réforme mise en place au concile de Trente (1445-1463) est comme une sorte d’aboutissement.


Les Académies

Indépendance du savoir. Les universités n’auront plus le monopole de la connaissance. De Cosme l’Ancien qui fonde à Florence l’Académie Platonicienne en 1459 à François 1er qui, sous l’impulsion des humanistes groupés autour de Guillaume Budé, crée le Collège des Lecteurs Royaux (le futur Collège de France), les nouveaux penseurs, nourris par les humanités, férus de grec, de latin et d’hébreu, et assidus à la lecture de la Bible dans les versions les plus anciennes, grecque et hébraïque, vont vouloir et vont obtenir leur lieux d’enseignements, là où  ils pourront pratiquer et enseigner l’étude des auteurs classiques, et à partir de là en diffuser traductions et commentaires.


Les Courants

Courants Politiques et Sociaux

Nous retrouvons à la Renaissance les deux grand ordre sociaux sur lesquels était basée la société médiévale : les guerriers (bellatores) qui combattent, protègent et qui ne travaillent pas, et le tiers-état (laboratores) qui travaillent et nourrissent; le premier ordre se subdivise en fait entre les guerriers, autrement dit les nobles, et les clercs (orantores) qui prient, protègent de leur prière, intercèdent auprès de Dieu pour les deux autres ordres.

Au Moyen-âge, le roi n’exerçait pas un pouvoir absolu. Il était dans le système féodal entouré d’un conseil constitué de membres issus de la grande noblesse, vassaux des plus puissants avec lesquels il devait sans cesse composer. Le tiers-état était représenté par la riche bourgeoisie lors des états-généraux auxquels participaient également la grande et petite noblesse et les prélats.


La société de la Renaissance va conserver ces ordres mais les rapports de forces vont changer qui amène à la fin du système féodal. Le système hiérarchie qui a prévalu au Moyen-âge et qui se déclinait entre souverain, suzerain et vassal, soit roi, grand titre de noblesse, seigneur, va se déliter au profit en haut de la pyramide d’une centralisation du pouvoir royal qui n’ira jamais sans un grondement ou une révolte de la noblesse dont l’épisode le plus connu est celui en France au XVIIème siècle de la Fronde des hauts nobles contre Monseigneur Mazarin ; et au bas de la pyramide, enfin le haut tiers-état, au profit d’une bourgeoisie marchande, financière, entreprenariale et aussi de robe, de plus en plus puissante. Les enfants de cette classe sociale, formés aux université et collèges, seront un vivier auquel les rois feront de plus en plus appel. Un pré-avant goût de la technocratie.

La centralisation du pouvoir se fait sentir en France quand en 1527, François 1er fait en s’y installant fait de Paris la capitale de la France. La noblesse s’y concentre faisant perdre aux grandes villes leur rôle de capitales régionales. Elle devient de plus en plus dépendante des bienfaits du roi. Louis XIV rassemblant toute la cour à Versailles pour l’avoir sous sa main en sera l’aboutissement.


La France, mais les autres pays aussi, reste essentiellement. Les paysans représentent 85% de la population française ; les nobles 2% qui détiennent quasiment toute la richesse principale des revenus fonciers. Le clergé continue de jouer son rôle administratif, naissance, décès, livrets religieux

La France connaît après guerres et épidémies un accroissement démographique importante, sa population passant par exemple de 15 millions en 1500 à 20 millions en 1570. Les anciennes ‘capitales’ régionales vont bénéficier d’une amélioration des voies de communication fluviales autant que routières et voir affluer vers elles une population rurale qui profitera de l’amélioration de l’urbanisme. La conjonction de ces deux facteurs va permettre le développement du commerce urbain et de l’artisanat. Phénomène qui ne sera pas propre à la France. Ce n’est pas encore le temps des Compagnons du Devoir qui apparaissent au XVIIIème siècle, mais les confréries ou guildes sont toujours bel et bien là. On peut d’ailleurs suivre la vie des artistes-artisan, peintres ou musiciens d’Italie, de Flandres par leur inscription à la guilde de la ville où ils sont reconnus maitres.


Parce qu’elle doit développer sa production maraichère et céréalières pour nourrir une population urbaine croissante, la paysannerie qui mange à sa faim voit son niveau de vie s’accroitre même une bonne part revient au seigneur du lieu. C’est en 1560 que le philologue Jean Nicot (1530-1604), ambassadeur de France au Portugal introduit dans le Sud-Ouest de la France la culture du tabac. Graine à l’origine flamande, la feuille va être prisée, bue en décoction, utilisée comme médecine en cataplasme, onguent cicatrisant etc.

Ce développement économique ne va pas sans retomber sur la population du bas de l’échelle sociale. Les prix montent et la pauvreté suit. En France, on est amené à créer des Bureaux de Pauvres à Paris comme dans d’importantes villes de province pour assister les sans-travail.


Courants de Pensée

Humanisme et Réforme

Les deux grands courants de pensée qui apparaissent à la Renaissance sont l’Humanisme et la Réforme.

L’Humanisme, qui ouvre le XVème siècle, n’est pas à entendre dans son acception contemporaine héritée du Siècle des Lumières qui la relie de nos jours aux Droits de l’Homme, à la démarche humanitaire et à la laïcité. L’humanisme de la Renaissance reste profondément chrétien même si la rationalité qui l’anime donne à l’homme une autre vision du monde et de lui-même. Il désigne plus le retour à la Tradition Antique qu’il ne révèle une conception de l’homme, après Descartes,  maître et l’ingénieur du monde (Voir ci-après Introduction à l’Humanisme).

Les  Réformes occupent tout le XVIème siècle. Il n’y a pas une Réforme mais des Réformes. Les Réformes dites protestantes : Réforme luthérienne, suisse, anabaptiste, huguenote, anglicane. Et les Réformes catholiques qui se produisent au sein de l’Église qui se veut toujours œcuménique (catholique=universel) en opposition aux Réformateurs qui font scission, se coupent de l’Église chrétienne traditionnelle et la divise : la Réforme entreprise par de fervents catholiques plus réformateurs que réformés, qui prônent eux aussi une retour aux sources de la foi à partir d’une exigence intérieure, qui s’ils s’éloignent peu ou prou du droit fil de la doxa ne reconnaissent pas moins l’autorité suprême du pape ; et La Contre Réforme organisée par l’Église romaine.

Ésotérisme

L’hermétisme, et de façon plus générale l’ésotérisme, tient une place loin d’être négligeable dans la pensée des intellectuels de la Renaissance.

À la suite des travaux authentiques ou apocryphes de Raymond Lulle un courant alchimiste, le  Lullisme, va produire quantité d’ouvrages dont certains seront signés du nom même du majorquin.

Marsile Ficin et Pic de La Mirandole, les premiers des humanistes florentins développent des thèses tout empreintes d’hermétisme.

Jean Reuchlin (1455-1522), hellénisant, se tourne vers la kabbale.

Giovanni Aurelio Augurelli (1456-1524) entreprend dans son Chrysopœia, (terme d’origine grecque qui signifie transmutation en or) de donner de la mythologie antique, grecque et latine, une version alchimiste.

John Dee (1527-1608), londonien d’origine, à la fois, mathématicien, astronome et astrologue, consacre nombre de ses travaux aux arts divinatoires.

L’abbé Jean Trithème (1462-1516), originaire de la Rhénanie, célèbre pour ses travaux dans la science de l’écriture secrète, codée, la cryptologie, est un des plus éminents ésotéristes de la Renaissance qui réunit autour de lui dans sa Confrérie des Celtes l’humaniste Jean Reuchlin et l’occultiste Henri Corneille Agrippa (1486-1535).

Sous le nom de Basile Valentin sont réunis des textes alchimistes de la main de leur l’éditeur Johann Thölde (1565-1624).

Le médecin suisse Paracelse (1493-1541), le plus célèbre des philosophes naturalistes de son temps, fait de « l'astrologie et l'alchimie les fondements mêmes de sa science » (A. Koyré Mystiques, Spirituels, Alchimistes Allemands du XVIème S.)


Les arts dit sacrés comme l’alchimie, les arts divinatoires, connaitront un réels regain d’intérêts dans les cours royales et princières. La pensée mystico-prophétique de Joachim de Flore (†1o12) retrouvera de nombreux adeptes,

Les Noces Chymiques (Chymische Hochzeit Christiani Rosenkreutz) du légendaire Christian Rosenkreutz (qui peut se traduire par Rose-Croix du Chrétien) attribuées à Johann Valentin Andreae (1586-1654) et parues au tout début de l’Âge Classique (voir tome III) ouvriront le mouvement rosicrucien dans ses différentes ramifications.

Le Droit Naturel

Voir Événements Majeurs/ Conquête du Nouveau Monde/de Las Casas et Humanisme/Espagne

L’École de Salamanque (voir Humanisme/Espagne) est le nom qu’ont donné des économistes du XIXème siècle à des juristes universitaires salmantins qui ont créé au XVIème siècle « un corps de doctrine sur le droit naturel, le droit international et la théorie monétaire. » (Histoire du Libéralisme, 2010, Contrepoint.org). Leur chef de file fut Francisco de Vitoria (1483-1546).

L’un de ses membres les plus éminent, Dominigo Soto participa à Polémique des Naturels ou des Justes Titres qui s’ouvrit dans le cadre de la Controverse de Valladolid opposant les partisans de la défense des droits naturels des indigènes derrière Bartolomé de Las Casas, aux partisans d’une colonisation ‘à juste titre’ derrière Juan Ginés de Sepúlveda.


Courants Artistiques

Le retour à la Grèce et à la Rome Antiques est un retour aux ordres classiques grecs, à leur adaptation romaines et à la coupole romaine. On redécouvre l’architecte romain Vitruve (Ier s. av.J.-C.). Le théoricien Leon Battista Alberti (1404-1472), qui pourrait à lui seul incarner l’esprit de la Renaissance par l’étendue de ses connaissances multidisciplinaires, dans son ouvrage L’Art d’Édifier remet à l’honneur le sens des proportions et de l’harmonie cher à Phidias[4] . Le Duomo de la Cathédrale Santa Maria del Fiore à Florence en 1436 par Filippo Brunelleschi (1377-1446) est une étape importante car l’architecte marque ainsi sa rupture d’avec l’architecture gothique précédente qu’il enjambe pour retrouver l’emploi de la coupole dont l’Art Roman avait fait bon usage. Il renoue ainsi avec la tradition romaine.


En peinture, l’usage de la perspective géométrique en échelonnant les personnages et le décor en lignes de fuites pointées vers l’extrême arrière plan, traduit au plan pictural une approche plus objective de la nature. Dans son traité sur la peinture De Pictura, Alberti, là encore, va développer cette théorie de la perspective en lignes de fuite que les peintres vont désormais mettre systématique en application[5]. Il est quand même à noter que les peintres de l’époque médiévale, hors la peinture d’inspiration byzantine, n’ignoraient pas la perspective géométrique. On peut citer en exemple, par mi d’autres, les constructions en arrière-plan dans l’Extase de St François de Giotto (fin XIIIème s. , Basilique Supérieure d’Assise) ; ou encore en France, plus exactement dans la principauté du Bourbonnais les châteux en arrière-plan dans les illustrations l’armorial de Charles 1er de Bourbon(milieu du XVème s.).


Les sculpteurs, que ce soit pour la ronde-bosse[6] ou les bas et haut reliefs, se tournent vers le classicisme antique dans une recherche ostensiblement des proportions harmonieuses dont le corps humain idéalisé sert d’étalon. Le Doryphore de Polyclète, appelé aussi « Canon » illustre les règles édictées par ce sculpteur grec (Vème s. av. J.-C.). dans son traité du même nom, et dont « tantôt il paraît s’agir d’un modèle du corps réel et tantôt des ”règles de l’art”…[cette statue] offre [selon] Galien une parfaite proportion de toutes les parties entre elles.» (Ph. Bruneau, L’Art Grec in La Sculpture de l’Antiquité au XXe Siècle, Taschen 2002).


 L’artiste de la Renaissance vit dans un monde qui s’ouvre à la science et à une approche de la nature qui se veut plus objective que symbolique.

« Les conceptions artistique de la Renaissance, par opposition à celles du Moyen-âge, ont donc ceci de caractéristiques qu’elles arrachent en quelque sorte l’objet du monde extérieur de la représentation subjective et le situent dans un ”monde extérieur” solidement établi ; elles disposent aussi entre le sujet et l’objet (comme le fait en pratique la ”perspective”) une distance qui tout à la fois réifie l’objet et personnifie le sujet… cela concerne aussi la conscience culturelle de cette époque dans sa totalité… c’est seulement à la Renaissance qu’apparaissent la philologie et l’archéologie. » (E. Panowsky, Idea, Édit. Gallimard).


L’artiste de la Renaissance va aussi être amené à une interrogation centrale : savoir s’il doit ou non imiter la nature. Il répondra qu’il doit « l’imiter tout en la corrigeant ». Pour cela, il doit se détourner « des traditions d’atelier formellement réprouvées dans la mesure où elles dispensent l’artiste de cette « d’une explication avec la nature. … [A] l’artiste [ainsi] projeté dans une région infiniment étendue mais encore inexplorée … ne pouvait manquer d’apparaître une théorie de l’art…qui bien que s’appuyant sur d’antique » fondements, n’en constitue pas moins une discipline spécifiquement moderne. » (E. Panowsky Op. Cit.)

Quoique,« les Athéniens cultivés [de la période Classique] s’intéressaient à la peinture et à la sculpture, en parlaient, à l’occasion, se piquaient d’être compétents en la matière. Cette simple critique d’art s’accompagnait d’une réflexion théorique.» (Ph. Bruneau Op. Cit.).


Courants Musicaux

Deux courants majeurs vont occuper le domaine musical : La polyphonie au XVe  et XVIème siècles et la monodie à partir du XVIème.

La Polyphonie

La polyphonie, après cinq siècles de savante évolution, de pratique et d’expérimentations (voir Tome 1/ Musique) atteint son apogée avec l’École Franco-flamande et les chœurs des grandes chapelles: à la Chapelle Sixtine où se font entendre les premiers sopranistes dès le milieu du XVe siècle ; à Ferrare où le chanteur et maitre du madrigal, le flamand Cyprien de Rore (1516-1565) dirige la chapelle ; et encore à la cour papale d’Avignon, à la Chapelle Royale de Paris, à la Capilla Flamenca de Madrid à Salamanque où Juan del Fermoselle Paris à (1468-1533) fut maître et chantre.

Les œuvres de Johannes Ockeghem (1425 - 1497) illustrent parfaitement cet âge d’or de la polyphonique. Dans le juste équilibre des plans rythmique, mélodique et sonore que constitue l’art polyphonique se développe l’écriture contrapunctique qui trouvera une de ses expressions les plus élevées à l’époque baroque dans la musique de Jean-Sébastien Bach (1685-1755). Des musiciens du Nord comme Johannès Ciconia (1370-1412) qui serait censé avoir été le premier d’entre eux, Guillaume Dufay (1400-1474) en 1420, Josquin des Près (1450-1521) et  Jacques Arcadelt (1507-1568) ont initié ce qui deviendra l’incontournable voyage en Italie, y ont composé et dirigé. 

Orlando Lassus (1532-1594) par l’ampleur de son œuvre, la diversité de ses modes d’expression, sa vie à travers l’Europe, sa musique tout à la fois savante et populaire, son immense popularité de son vivant, sa manière à lui d’user des formes anciennes tout en les amenant aux formes nouvelles où contrepoint et accords se mêlent, est sans doute la figure la plus emblématique de la musique de la Renaissance.

La Monodie

La monodie par l’usage de la basse-continue en différentes variantes et l’emploi de l’accompagnement ouvre à notre musique telle que nous l’écrivons et l’écoutons encore de nos jours. De là, naitront à l’Âge Baroque, une fois ces innovations stabilisés, des formes nouvelles de la musique instrumental  dite classique comme la sonate ou le concerto. Des recherches sur l’expressivité, le parler-chanter menées dans le dernier quart du XVème siècle par la Camera Fiorentina ou Giuseppe Monteverdi sortira la forme opérique avec récitatifs et arias.

La musique profane avec la Chanson Bourguignonne et la Chanson Française se trouve mis au même plan que la musique sacrée et devient source d’inspiration. Gilles de Binche, dit Binchois (1400-1460) en est le plus illustre représentant. Le Compositeur Claude le Jeune (1520-1600) collaborera avec les membres l’Académie de Musique et de Poésie fondée par le poète Jean-Antoine de Baïf (1532-1589) en 1571, un des cofondateurs avec Pierre Ronsard de La Pléiade.

Dans le domaine de la musique religieuse, le Concile de trente va intégrer le très ancien madrigal d’origine populaire à la musique sacrée très ancienne. Et le chant Choral va exprimer en chœur la foi renouvelée des luthériens, tandis que les calvinistes adapteront pour leurs cantiques des psaumes et confieront son exécution au chantre. Le chant tient une place importante dans la célébration protestante. Les paroles, qui se doivent d’être comprises par tous, sont en langue vernaculaire. Martin Luther (1483- 1546) contribuera au développement de la musique réformée en écrivant lui-même trente six cantiques.


La Société de la Renaissance

L’Individu

Jusqu’à la Renaissance, la notion d’individu était restée toute relative. Le sentiment d’appartenance prévalait. On était d’une famille, d’un village, d’une classe sociale… La sortie du Moyen-âge est marquée par l’apparition de la notion d’individu corolaire de la place que prend l’homme au sein de la société et au sein du monde, une place qui est peut-être plus celle d’un créateur que d’une créature. A telle enseigne que les œuvres artistiques, littéraires sont signées. L’auteur-créateur est reconnu non comme exprimant une intention commune mais comme manifestant sa propre intention, en un mot sa personnalité.

L’individu, et particulièrement le bourgeois, le marchand, l’artisan, ne va plus travailler nécessairement dans le cadre d’une corporation ou d’une confrérie. Bien qu’en ce qui concerne l’artisanat d’art, le maître d’œuvre, l’homme de l’art, du métier, poursuivant sa formation auprès d’un maître, obtienne ses grades jusqu’à être nommé à son tour maître et exercer en indépendant.


La Condition de la Femme

On considère généralement que, par rapport à l’époque médiévale, la Renaissance est une époque d’ouverture non seulement au monde mais aussi des esprits. De grandes dames ont certes marqué de leur empreinte l’histoire de leur pays au plan politique.

« La Renaissance est avec la période mérovingienne la seule de l’histoire de France où l’on observe une concentration de femmes gouvernant le royaume, seules ou en collaboration avec des rois, avec ou sans le titre de régente, comme ce fut le cas d’Isabeau de Bavière, d‘Anne de France, d’Anne de Bretagne, de Louise de Savoie, de Catherine de Médicis, de Marie de Médicis [ et aussi Marie Stuart, Élisabeth 1ère , Isabelle La Catholique …]. C’est d’autre part la période où naît une institution fondamentale de l’Ancien Régime: celle de la maîtresse royale, dont plusieurs ont eu un rôle politique de premier plan, voire ont fait office de premier ministre durant des années; je cite, encore pour mémoire, Agnès Sorel, Françoise de Châteaubriant, Anne de Pisseleu, Diane de Poitiers, Gabrielle d’Estrées. » (Éliane Viennot Les Femmes de la Renaissance, objets d’étude au XXe siècle http://www.siefar.org/wp-content/uploads/2015/09/Viennot-Renaissance.pdf)


Aux plans littéraire et spirituel, Marguerite de Navarre, Louise Labé (si tant est qu’elle ait existé), Hélisenne de Crenne, Térèse Davila, Marie Madeleine Pazzi pour ne citer qu’elles ont laissé leur nom. Encore que les XVème et XVIème siècles n’ont pas connu de grands courants mystiques analogue à celui des Béguines, de grandes poétesses spirituelles comme Hadewijch d’Anvers, d’épistolières comme Héloïse d’Arcueil, d’écrivaine comme l’anglaise Margery Kempe. Le cas de Margery Kempe (1373-1436) en Angleterre est un bel exemple du statut de la femme du Moyen-Âge qui leur permettait pour peu qu’elle en ait les moyens de ‘monter’ son affaire, de faire la prospérer et d’appartenir aux guildes (confrérie-corporation-syndicat) tout en dénonçant le conformisme et le matérialisme de son époque.


Pour autant, hors des cours et des cénacles littéraires,

« La situation de femmes du commun, au contraire, se dégrade à la Renaissance, puisqu'elles sont progressivement exclues des professions à statut légal, frappées d'incapacité juridique et économiquement dépréciées. » (Evelyne Berriot-Salvadore La Femme dans la Société Française de la Renaissance https://www.droz.org/france/fr/1322-9782600036658.html).

 « Avec la redécouverte du droit romain, le pouvoir des femmes s’atténue et c’est le Code Napoléon qui, par la consécration du droit du Pater Familias, [réduira] à peu les libertés féminines »   (http://www.compagnie-litteraire.com/place-femme-renaissance)

Et ce, non seulement en France, mais en Europe d’une manière générale.


L’Habillement et La Mode

L’Habit

« Au commencement du seizième siècle, la fabrication des draps, jusque-là si active, se mit à baisser tout d’un coup pour faire place à celle de lainages sans souplesse, comme la serge et l’étamine. Cette révolution fit que nobles et riches n’admirent plus dans leur toilette que le velours et les draps de soie … ses étoffes se prêtaient moins aux chutes naturelles qu’aux façons ajustées et tourmentées… l’idée de crever les habits pour faire parade du linge de corps s’était développée, depuis Charles VIII [fin XVIème]… de telle sorte qu’on en était venu à ouvrir toutes les pièces du costume, depuis les pieds jusqu’aux épaules[7]. »

Le haut du vêtement féminin est le corset ou basquine qui affine la silhouette. Il est simple ou plus ou moins richement ornée de dentelles, de broderies, plus ou moins épais selon le rang social. Il est appelé vasquine quand il prend la forme d’un entonnoir qui serre à la taille. Les manches sont un accessoire que la femme de noblesse enfilait sur ses avant-bras pour diversifier facilement l’apparence sans se changer entièrement. Sous la jupe, était placée la vertugadin qui amplifiait volume selon la forme qu’elle avait, soit en forme de grosse bouée de tissu fixée à la taille, soit des jupons rigidifiés, soit une armature de bois léger, généralement roseau ou osier, formant panier.

Le pourpoint continuait d’être porté par les hommes depuis le XIIIème siècle. Vêtement cousu (par points), il couvrait le haut du corps jusqu’à la taille. Il pouvait être de différentes matières, même en cuir épais auquel on attachait dans ce cas des plaques de métal défensives. Il ira en s’échancrant sur le devant ou sera taillé d’échancrures pour mettre en valeur la chemise de tissu fin. Sur le pourpoint était porté un manteau court avec revers et manches bouffantes. Il arrivait jusqu’au genou ou s’arrêtait plus haut.

Les chausses aussi comme au Moyen-âge continuaient d’être portées. Culottes bouffantes, elles descendaient soit jusqu’aux genoux (hautes-chausses), soit jusqu’aux pieds (basses-chausses). On les agrafait parfois au pourpoint.

La fraise, col plissé qui prendra de plus en plus de volume, cachait tout aussi bien le cou des hommes que des femmes[8].

Quant aux paysans, « devant [leurs] efforts pour imiter les bourgeois dès le XVIe siècle, les rois leur défendent le port de “pourpoints de soye, chausses bandées ou bouffées de soye” ».

La Mode

« Les hommes peuvent choisir entre porter ou non une barbe et

des moustaches, ou les cheveux longs jusqu'à la nuque ou plus courts. Les femmes continuent de faire un extra, comme dans la période antérieure, en montrant complètement le front, sans le cheveu qui le couvre. Et voilà qu'elles préfèrent de hautes coiffures ornées de rubans ou de bijoux et de pierres précieuses. En Angleterre, la reine Isabelle 1er lance la mode de la chevelure rousse –sa couleur naturelle- et des coiffures hautes, avec le front très découvert. » (http://thehistoryofthehairsworld.com/moyen_age_renaissance.html)

La femme bourgeoise et la paysanne portaient généralement les cheveux en tresses, souvent plaquées sur les côtés bordant la coiffe. Si elles ne portaient pas de coiffe, les cheveux étaient en longues tresses qui, entourant la tête, étaient maintenues par un ruban ou une épingle. Sinon, s’ils n’étaient pas tressés parfois, comme en Angleterre,  un mouchoir imbibé d’huile (que l’on peut supposée parfumée) maintenait les cheveux qui débordaient de la coiffe.[9]


La Cuisine

Les Ingrédients

Si au Moyen-âge, le commerce avec les pays du Moyen-Orient et de l’Asie avait apporté à l’art culinaire sa dominante épicée, à La Renaissance, c’est la découverte du Nouveau Monde et des colonies des Caraïbes qui vont apporter de nouveaux ingrédients comme le pois, le maïs, la tomate. La pomme-de-terre, la papas des Incas, arrive en Espagne dans le dernier quart du XVIe siècle. Connu assez rapidement en Italie, en Angleterre puis en France, on lui recherche surtout des vertus thérapeutiques contre par exemple la goutte. En Allemagne, elle sert à nourrir les cochons ; mais c’est en ce pays qu’elle deviendra une des principales ressources agricoles. Elle contrecarrera la disette de 1770 comme également en France. Ce sont les paysans qui les premiers l’intégreront dans leurs habitudes alimentaires. En France, c’est Parmentier qui par un combat acharné contre toutes les fausses idées sur sa nuisance sur la santé, qu’on avait fini par lui attribuer, qui donnera à la pomme-de-terre « ses lettres de noblesse[10]. » Quant au sucre de cannes, il était connu en Europe depuis les croisades. Au XVIe siècle, les Portugais seront les premiers à le faire venir d’Amérique Latine, après que les Espagnoles l’ont cultivé aux Îles Canaries définitivement conquises par eux à la fin du XVe siècle. Sous la reine Élisabeth 1ère, l’Angleterre détiendra le monopole du thé qu’elle gardera pendant près de trois siècles[11].


En France, l’assiette venue d’Italie va remplacer le tranchoir mais elle restera collective jusqu’au Grand Siècle. Et Catherine de Médicis introduira la fourchette à deux dents connue à Venise depuis l’An Mil. Si Henri III l’adopte pour ne pas salir ses collerettes, Montaigne la rejette[12].

En France l’installation des Italiens, à commencer par les Médicis à la cour, les musiciens, les troupes de théâtres, vont quelque peu changer les habitudes alimentaires et la cuisine du Nord. Le peuple mange à sa faim et ne connaît plus les grandes disettes du Moyen-âge. Elles reviendront en force sous le règne de Louis XIV. La poule-au-pot du jour du seigneur instaurée par Henri IV qu’il a ramené de son Béarn natal à la fin du XVIsiècle, révèle son souci que le peuple mange à sa faim : « si Dieu me donne encore de la vie, je ferai qu'il n'y aura point de laboureur en mon royaume qui n'ait moyen d'avoir une poule dans son pot ». Et son premier Ministre, le Baron de Sully, y ajoutera un véritable programme socio-économique avec son fameux « labourage, et pâturages sont les deux mamelles de la France. ».

Le Goût

« En soulevant les couvercles du Moyen Âge, vous sentez monter à vos narines une âpre vapeur carnée avec des senteurs de girofle, de safran, de poivre, de gingembre et de cannelle mêlée à l’acidité du verjus. En vous penchant sur les bassines de la Renaissance, vous respirez un brouillard doux et fruité de sucre cuit et de jus de poire ou groseille en train de bouillonner ensemble, silencieusement » (Jean-François Revel).

Si la cuisine médiévale s’agrémentait volontiers d’épices comme la girofle ou le gingembre, et faisait une place importante au verjus donnant aux mets leur goûts acidulé, la cuisine au XVIème a une prédilection pour le doux. Le sucre devient un ingrédient indispensable dans l’art culinaire et les viandes, les poissons sont poudrées de sucre. On met du sucre dans le bouillon comme du sel. De manière peut-être étonnante, les fruits pouvaient être épicés mais en entrée de bouche.

« Les nappes, les serviettes, les assiettes, les couverts, le pain étaient de sucre, d’une imitation si parfaite que le roi demeura

agréablement surpris, plus encore lorsque la serviette, qu’il croyait de toile, se rompit entre ses mains [13]».


Science et Nature

Science et nature ou nature et science ? Quelle valeur accordée à l’une et à l’autre ? Quelle prévalence leur attribuée. A la Renaissance, une nouvelle approche de la nature est déterminée par  une science fondée sur l’expérience et l’expérimentation, la science telle que nous le concevons aujourd’hui, en dehors de toutes considérations théologiques et subséquemment morales. Mais les arts sacrés, alchimie, astrologie, ésotérisme, cabale, continueront à avoir de nombreux adeptes et non des moins célèbres.

« Il faut distinguer soigneusement les attitudes et les conceptions du monde, comme “révélation naturelle du monde” des rationalistes chrétiens des XIème et XIIème siècles, et des mystiques naturalistes des XVIème et XVIIème siècles…pour les uns et les autres, le monde reflète et révèle Dieu. Le Monde du XVIème siècle, n’est pas un symbole, une “théophanie”, un ‘reflet” du Créateur, il en est une “manifestation”, une “expression organique”…[au XVIème siècle], Il ne se confond pas avec le monde mais devient plus “proche”…simultanément le monde devient plus “réel”…Le lien uniquement spirituel (pensée, volonté) se double d’un lien organique (âme et vie) ». (A. Koyré Mystiques, Spirituels, Alchimistes Allemands du XVIème P. 89 n° 1)


Déchiffrement et Classification

« Les projets d’élaboration d’un système de classification encyclopédique du réel, de répartition des savoirs selon des branches et la possibilité d’un langage universel exerceront une influence considérable, au XVIe siècle, sur Giordano Bruno, et plus tard sur Francis Bacon, Descartes et Leibniz ». (Emmanuelle Caccamo, Des mystères de l’Art de la mémoire aux mystères de la sémiotique, http://www.revuecygnenoir.org/numero/ article/mysteres-art-memoire-semiotique).

Ce projet de classification encyclopédique et corollaire à celui d’une recherche d’une clé universelle permettant de déchiffrer les mystères du monde. La recherche de cette clé ouvrant à l’universel remonte au moins pour le Moyen-âge, là encore, à Raymond Lulle et à l’art combinatoire qu’il expose dans son Ars Magna (1270).


En 1555, fut publié Le Théâtre de La Mémoire de Giulo Camillo (1480-1544) qui avait fait construire un théâtre « dont les dispositions mécaniques des gradins permettaient d’établir des correspondances par un nombre fini d'images, entre toutes les choses, idées et concepts, de la  totalité du monde connaissable[14] ».

Jacomo ou Giovanni Fontana (1393-1455) médecin, ingénieur, Vénitien ou Padouan, qui se présentait comme un mage et autour de qui flottait une aura d’ésotérisme, écrit en 1450 un traité, Secretum de thesauro experimentorum ymaginationis hominum, dans lequel « il étudie les différents types de mémoire et explique les fonctions de la mémoire artificielle. Il propose des dispositifs de mémoire et des "machines", ayant une structure fixe (roues, spirales, cylindres) et une partie mobile et variable permettant de changer les combinaisons de signes au sein de ce système, une réalisation du rêve lullien par un ingénieur. » (https://history-computer.com/ Dreamers/Fontana.html)


Non un rêve lullien mais une machinerie que Lulle avait mise au point au XIIIème siècle dans son Ars Magna (voir Bas Moyen-Âge/Philosophie et Spiritualité/ Ordre Franciscain/ R/ Lulle et Renaissance/ Art/Cinquecento-Maniérisme/ Architecture Fontana) ;

De Ficin à Bacon en passant par Paracelse ou Agrippa, le besoin de comprendre, de mémoriser de manière encyclopédique, tous les connaissances et de les articuler, replongera les humanistes dans cet art de la mémoire mais non plus sous sa forme de l'imagerie chrétienne mais d’une manière, disons, plus scientifique, sous la forme d'une méthode.

« Le terme de clavis universalis fut employé pour la premier fois entre le XVIème et XVIIème siècle pour désigner la méthode ou la science générale qui permettent à l’homme de saisir au-delà des apparences phénoménales ou des “ ombres des idées“, la structure ou la trame idéale qui constitue l’essence de la réalité. » (Paolo Rossi Clavis Universalis, Traduction Patrick Vighetti,Édition J. Millon 1983)


Gesner et l’Encyclopédie

Publié en latin de 1551 à 1558 par Conrad Gesner (1516-1565) Historiae Animalium (Icones animalium quadrupedum viviparum et oviparorum... Images des animaux quadrupèdes vivipares et ovipares...) constitue la première encyclopédie zoologique. Certes des ouvrages avaient été écrits au Moyen-âge sur les plantes, les minéraux, les animaux. Mais Gesner est le premier à avoir traiter la zoologie sous l’angle d’un répertoire encyclopédique.


Gesner, médecin à Zurich, concitoyen du réformé Ulrich Swingli (†1531), esprit universel, représente une nouvelle génération d’encyclopédistes naturalistes qui préconisent l’observation de la nature in situ (lui-même ira pour cela jusqu’à escalader des montagnes).

Sa Bibliotheca Universalis, rédigée de 1545 à 1555, est la première véritable bibliographie, en ce qu’elle est la première nomenclature de tous les livres imprimés depuis l’apparition de l’imprimerie de Johannes Gutengberg (vers 1400 -1468) au milieu du XVème siècle. Elle répertorie par ordre alphabétique des prénoms, plus de 1800 auteurs latins, grecs hébreux et contemporains avec les titres de leurs œuvres (quelque seize mille titres), chacune accompagnée d’un résumé. Une version méthodique, classant les notices dans l’ordre logique des matières, paraît en 1548. Gesner tente également d’établir un recensement des langues du monde. Il en décrira cent trente.

"Les projets d’élaboration d’un système de classification encyclopédique du réel, de répartition des savoirs selon des branches et la possibilité d’un langage universel exerceront une influence considérable, au XVIe siècle sur Giordano Bruno, et plus tard sur Francis Bacon, Descartes et Leibniz." (http://www.revuecygnenoir.org/numero/article/mysteres-art-memoire-semiotique) 


Les Inventions

Si Léonard de Vinci est autant connu pour avoir été un inventeur passionné de nouveaux engins et autres machineries que pour son œuvre artistique, c’est que son génie artistique lui a fait traverser les siècles. Il  n’est pourtant qu’un parmi tant d’autres a avoir laissé son imagination couvrir ses papiers à dessin de plans de chars, de sous-marins, d’armes de longues portées, de gigantesques norias, d’engins amphibies et autres aérodynes qui ont du faire pâlir de jalousie le burlesque navigateur Buster Keaton. Comme ses nombreux confrères, il a retravaillé sur des inventions chinoises, arabes et de la Grèce antique.

Imprimerie

(Voir aussi Tome I. Introduction/Codex, Incunables et Livres)

1470 est une date importante dans l’histoire de l’imprimerie et de l’édition. Alors que l’invention de l’imprimerie à caractères mobiles de Gutenberg (on compose lettres par lettres[15]) date d’une vingtaine d’années, cette année-là, on commence à imprimer en Italie les œuvres en langue vulgaire, c’est-à-dire en toscan, langue qui est en passe de devenir la langue de toute la péninsule. Ce qui nécessite une ‘normalisation’ de la syntaxe. On édite les trois grands auteurs du XIVème siècle : Dante, Pétrarque, Boccace.

En France, c’est le Savoyard Guillaume Fichet qui installe à la Sorbonne son imprimerie sur laquelle seront imprimés les premiers livres en français.

En Angleterre, c’est en 1472 que William Caxton imprime le premier livre, Recuyell des Historyes du Français Raoul Lefèvre.


Copernic et l’Héliocentrisme

L’astronome Nicolas Copernic (1473-1543), né en Prusse Orientale, est à l’origine de ce que l’on a appelé la ‘Révolution Copernicien’. Double révolution en ce qu’elle affirme la révolution de la terre autour du soleil, et qu’elle bouleverse la conception qui voulait jusqu’alors que le soleil et donc toutes les étoiles tournent autour de notre planète. Cette conception ancienne faisait de la terre le centre de l’univers (géocentrisme) et par là-même donnait à l’être humain une place centrale dans l’univers…créé par Dieu.

Après l’étude des arts libéraux à Cracovie, Copernic étudie le droit civil et le droit canon à l’université de Bologne où il commence ses premières observations auprès de l’astronome Domenico Maria Novara de qui il entendra les premiers doutes sur la validité du système géocentrique ptolémaïque. Novara « reprochait au système de Ptolémée trop de complexité pour effectivement expliquer l'ordre limpide de la nature. » (Thomas Kuhn La Révolution Copernicienne, Paris, Édit. Fayard 1973).

En 1497, il est fait chanoine de la cathédrale de Frauenburg au nord de la Pologne.

C’est entre 1511-1513 qu’il couche dans un fascicule ses nouvelles conceptions héliocentriques, le Commentariolus (De Hypothesibus Motuum Coelestium a se Contitutis Commentariolus). Et ce n’est qu’en 1530, que ses Révolutions des Sphères Célestes (De Revolutionibus Orbium Coelestium) commencent à être diffusées et ses nouvelles conceptions répandues. L’ouvrage sera imprimé en 1543, quelques mois avant sa mort survenue en mai de la même année.

Copernic n’est pas à proprement parler l’inventeur de l’héliocentrisme : « L'idée du mouvement de la Terre et la conception du Soleil comme maître véritable du système planétaire appartenaient l'une et l'autre à la tradition antique de la Cosmologie, et [...] l'on en parlait beaucoup au temps de Copernic. » (A. Koestler, Les Somnambules, 1967, cité par Wikipédia/ Copernic/ Note 39)

Les penseurs musulmans avaient de leur côté étudié en ce sens. Copernic eut le mérite de poursuivre avec assiduité ses observations jusqu’à pouvoir établir un système complet de l’héliocentrisme.


Tycho Brahé

Le Danois Tycho Brahé ( 1546-1601) eut le grand mérite de faire des observations du ciel fondamentales pour l’avancée de l’astronomie avant la découverte de la lunette astronomique.

La Révolution Copernicienne avait eu pour conséquence l’effondrement du système aristotélicien de l’immobilité d’une terre autour de laquelle tournait l’ensemble du système solaire.

« En 1572, apparut dans le ciel [constellation de Cassiopée] une nouvelle étoile qui fut visible en plein jour pendant un mois et qui continua à briller pendant un an et demi. Une supernova. Pour les astronomes de l’époque, qui se référaient à l’immuabilité des cieux d’Aristote, ce phénomène ne pouvait s’être produit qu’à l’intérieur de la sphère de la Lune, donc près de la Terre, dans le royaume de l’imperfection et du changement. Mais grâce à des mesures précises de la position de l’étoile nouvelle, l’astronome danois Tycho Brahe montra que celle-ci était absolument immobile et fixe par rapport aux autres étoiles. Or, si l’astre nouveau avait réellement été proche de la Terre, il aurait dû se déplacer dans le ciel comme les planètes. Tycho Brahe aboutit donc à la seule conclusion possible : l’étoile nouvelle devait se trouver bien plus loin que les autres planètes, dans le domaine des étoiles. Les cieux n’étaient donc pas immuables, mais soumis au changement comme la Terre… » (Olivier Esslinger https://www.astronomes.com/lhistoire-de-lastronomie/ tycho-brahe/)


Tycho Bahé put poursuivre ses observations dans son Palais-observatoire d’Uraniborg de 1576 à 1588 grâce au mécénat du Roi Frédéric II de Danemark et Norvège. A la mort de celui-ci, il est nommé mathématicien impérial à Prague où il aura pour élève Johannes Kepler (1571-1630), universellement connu pour les trois lois qui portent son nom :

  • 1ère loi : les planètes décrivent une ellipse dont le soleil occupe l'un des foyers[point particulier du ½ grand axe de l’ellipse] (https://www.futurasciences.com/sciences /definitions/physique-lois-kepler-5100/ )
  • 2ème loi : le rayon soleil-planète balaie des aires égales pendant des intervalles de temps égaux ;
  • 3ème loi : le carré de la période de révolution [temps mis par un astre pour tourner autour d’un autre] est proportionnel au cube du demi grand-axe de l'orbite.

           (https://www.futura-sciences.com/sciences/definitions/physique-lois-kepler- 5100/)


Galileo Galilei

Galileo Galilei (1564-1642), mathématicien et astronome, apporta d’importantes améliorations à la lunette astronomique apparue entre la fin du XVIème siècle et le début du XVIIème, de même que ces travaux sur la mécanique contribuèrent à l’établissement de la physique moderne. Premier Mathématicien de l’université de Pise et Premier Mathématicien et Premier Philosophe du Grand-Duc de Toscane, Come II de Médicis, il sera un ardent défenseur des thèses de Copernic suite à ses observations sur les phases de Vénus.

Les attaques des partisans du géocentrisme furent violentes et la curie dut s’engager. Malgré le soutien de Christine de Lorraine, petite-fille d’Henri II et de Catherine de Médicis, épouse du Grand Duc Ferdinand 1er, auquel succéda Cosme II, en 1633, son ouvrage Dialogue des deux systèmes du monde de Ptolémée et de Copernic fut soupçonné d’hérésie et mis à l’Index[16]. Galilée abjura. Sa fameuse phrase « et pourtant elle tourne » n’est historiquement pas avérée.


La Médecine

Symphorien Champier

Symphorien Champier (c.1472- ca.1539), né dans la région lyonnaise, fit ses études à la faculté de médecine de Montpellier, l’une des plus célèbres de son temps. Lyon était alors l’un des foyers culturels des plus importants du XVIème siècle. Les imprimeurs y étaient renommés. Son cénacle de poètes et de philosophes dont Maurice Scève, Clément Marot, la vraie ou fausse Louise Labbé, marqua l’histoire littéraire.

    Champier passera à Lyon la majeure partie de sa vie de notable poursuivant en parallèle de sa profession une activité d’écrivain. Il participa à la fondation du Collège de la Trinité et en fut le premier Principal.

Sa célébrité, Champier la doit à ses écrits sur la médecine dont il fut un vulgarisateur; écrits dans lesquels il conteste la médecine venue au Moyen-âge des musulmans (Al Ghazali, Rhazès, Avicenne, Averroès) et à partir de laquelle il a acquis sa science. Il défend une médecine locale à laquelle des accents de chauvinisme ne sont pas étrangers.

En 1532, le tourangeau Rabelais qui a également fait ses études à Montpellier (1530) viendra exercer sa profession de médecin à l’Hôtel-Dieu de la capitale des Gaules. Il pourrait avoir aidé Champier dans la rédaction de certains de ses ouvrages. (Voir Humnisme/France/S.Champier)

Rabelais

Après avoir poursuivi ses études de médecine à Lyon en 1530 et commencé sa carrière dans cette même ville en 1532, le défroqué François Rabelais (1494-1553) va devenir le médecin personnel de l’oncle (ou cousin ?) du poète Joachim, le Cardinal du Bellay, qu’il suivra à Rome à plusieurs reprises, en 1534, 1535-36, et en 1548-50. Il aura entre temps séjourné à Turin en 1540-43 auprès du frère du cardinal, Guillaume du Bellay, gouverneur du Piémont

L’auteur de Gargantua publiera un commentaire d’Hippocrate, découvrira et fera publier les Lettres Médicinales du médecin ferrarais Giovanni Manardi (1462-1536), ami de Pic de La Mirandole, qui réfuta l’autorité médicale accordée aux textes musulmans et qui prôna un retour à la source grecque de la médecine. Il aura acquis une réputation certaine auprès de ses confrères et sans apporter de découvertes particulières, son nom restera dans les annales médicales.

Ambroise Paré

La Confrérie de Saint-Côme et  Saint-Damien créée au XIIIème siècle sous Saint Louis par Jean Pitard, le premier chirurgien

des rois, fut la première confrérie (association ou ordre) des chirurgiens. Étaient différenciés

  •       Les médecins.
  •       Les « chirurgiens de robe-longue », savants, lettrés, formés et examinés par leurs pairs, mais de rang inférieurs
  •     Les « chirurgiens en robe-courte », autrement dits les chirurgiens-barbiers auxquels étaient réservés les soins mineurs. Le chirurgien-barbier ne possédait

             pas la    science théorique, livresque, latine du chirurgien en robe longue, mais il saignait, pansait, crever les ulcères, voire arrachait les dents.

               Il pratiquait en quelque sorte  une certaine médecine d’urgence en parallèle.

  •       Le panseur de secrets et le rebouteux, sans oublier la « sorcière », qui préparaient les infusions de simples et les onguents.
  •     Le simple barbier n’était que barbier.

 Sa carrière médicale, Ambroise Paré (1509/10-1590) la commence comme apprenti barbier puis comme chirurgien-barbier. Il travaillera un temps avec son frère ainé installé comme chirurgien-barbier à Vitré (Bretagne) leur ville natale, avant d’entrer en 1509 à l’Hôtel-Dieu de Paris comme apprenti (aide) chirurgien où il compense son ignorance théorique, due à sa méconnaissance totale du latin, par une pratique « sur le tas ». Ensuite, il découvrira les boucheries des champs de batailles sur lesquels les nouvelles armes, les armes à feu portables autant que les traditionnels canons, provoquent de profondes blessures qui obligent souvent pour éviter l’infection à l’amputation pure et simple.


Ce sera un des apports principaux de Paré que de soigner ces plaies non plus seulement par la cautérisation qu’il améliore mais par la ligature, devenue pratique courante en chirurgie. Il découvre toujours de par sa pratique sur les champs de batailles d’autres façons d’aseptiser les plaies comme la poudre à canon ou les asticots de la mouche verte. Cette méthode sera redécouverte et développer au 20ème siècle sous le nom d’asticothérapie. Les larves posées sur la plaie se nourrissent des parties nécrosées.

Avec l’autorisation du roi Henri II, il peut publier en 1545, La méthode de traiter les plaies faites par les arquebuts et autres bastons à feu, et celles qui sont faites par la poudre à canon. Paraitra ensuite un Traité sur l'accouchement et l'anatomie.


En 1553, sa réputation étant faite, il entre dans la Confrérie de Saint-Côme et de Saint-Damien. En 1562, il publie l’Anatomie Universelle du Corps Humain. La même année, Catherine de Médicis, régente du royaume, le nomme premier chirurgien de son fils, le roi Charles IX.

Il sera le premier à user du terme bistouri dans on ouvrage Dix livres de la chirurgie : avec le magasin des instrumens nécessaires à icelle[17].

A 64 ans, veuf depuis un an, il se remarie et donne 6 ans à sa nouvelle épouse.

L‘opinion religieuse qui fut celle de Paré en cette trouble période de la Réforme et des Guerres de Religions (débutées en 1562) est partagée chez les historiens. Longtemps considéré comme favorable aux idées de la Réforme (calviniste en France), il n’en apparaît pas moins qu’officiellement et publiquement, ne serait-ce que de par sa position sociale et ses fonctions, il ne pouvait être qu’ouvertement catholique.


Un de ces moments de gloire aura était de soigner avec succès le chef de guerre, le Duc François de Guise dit le Balafré, blessé au visage lors du siège de Boulogne (Voir 9èmeGuerre d’Italie). Il aura tenté d’apaiser les souffrances d’Henri II mortellement blessé à l’œil lors du Tournoi des Tournelles (voir Événements Majeurs/Guerres des Religions/ Traité de Cateau-Cambrésis).

Il meurt très âgé pour l’époque, à l’âge de 80 ans.


Temps et Mesure

Calendrier

Le calendrier annuel sert moins à savoir quand commence et quand finit une année que de savoir combien de jours compte une année. Basé en occident sur les lunaisons, sachant que la durée des lunaisons (d’une pleine lune à l’autre) est irrégulière, 29 jours et …un peu plus, le nombre de jours dans l’année sera fonction du nombre de jours d’une lunaison dite « moyenne ». Année à laquelle il faudra ajouter par période régulière , tous les deux ou quatre ans par exemple, un nombre de jours pour cadrer avec les variations des lunaisons, pour en quelque sorte rattraper le temps perdu. Ce que l’on appelle un cycle d’intercalation.

Dans l’Antiquité romaine, le moment des intercalations, décidées par les pontifes de la religion, entrainait une modification du calendrier en cours et donc de toutes les dates liées à la perception des taxes et crédits, et toutes les dates officielles de commémoration, célébration etc. Des intérêts partisans étaient donc en jeu qui faisaient intervenir les intercalations à un moment ou à un autre ou même pas du tout.


Peu avant l’ère chrétien, Jules César (-100 - -44) , deux ans avant sa mort, introduisit une réforme du calendrier qui instaurait le calendrier Julien. Il s’agissait de rapprocher l’année lunaire de l’année solaire ou année tropique, durée d’une révolution de la terre autour du soleil d’une équinoxe (même durée du jour et de la nuit) à l’autre, soit 365,242 189 8 jours. L’équinoxe choisit est celle de printemps, d’un point vernal à un autre, moment où le soleil apparaît à l’horizon quand l’équateur céleste (équateur terrestre projeté sur la sphère céleste) et l’écliptique (trajectoire du soleil) se croisent. L’année de 365 jours conserve les douze mois du calendrier romain et tous les quatre ans un jour est ajouté. Ce calendrier restera en vigueur jusqu’au XVIème siècle.

Au fil des siècles, un retard finit par s’établir entre le calendrier et le passage solaire. Il avait atteint 10 jours dans le dernier quart du XVIème siècle. Le pape Grégoire XIII fit établir un nouveau calendrier qui entra en application le jeudi 4 octobre 1582 qui fut suivi, c’est le cas de le dire, du jour au lendemain, par le vendredi 15 octobre 1582.Ce calendrier porte son nom. Son apport majeur est qu’il part de l’Anno Domini, année de naissance du Christ, le début de l’ère chrétienne, et que les années bissextiles sont modifiées, un jour est ajouté au dernier mois des années divisibles par 4, autrement dit tous le quatre ans. Les 7 jours de la semaine portent les noms actuels. Les pays protestants et anglicans adoptèrent progressivement voire lentement ce calendrier. Le calendrier Julien reste en usages pour les fêtes orthodoxes.

Le calendrier Républicain ou révolutionnaire appliqué de 1792 à 1806 comptait 12 mois de trente jours auxquels on ajoutait 5 jours le dernier mois et six tous le six ans.


Économie et Commerce

Le Commerce

La Société Commerciale

La société commerciale, association de professionnels, était apparue dès 1075 à Venise où un marchand pouvait s’associer à un capitaine qui partait avec son navire faire commerce en Méditerranée. L’investissement était de 2/3 pour le marchand et 1/3 pour le capitaine, le bénéficie au retour était divisé en deux parts égales. Au XIVème siècle, toujours à Venise, les marchands pouvaient s’échanger les parts qu’ils avaient sur les navires, des galères[18].

En 1408, à Florence, apparue une nouvelle forme légale d’association : un homme riche, marchand ou pas, peut alors investir dans une entreprise, de commerce ou pas, et les risques qu’il encourt en cas de faillite reste à la hauteur de son investissement. Ce qui favorisa grandement l’investissement et le développement des Grandes Compagnies. (Cf. Histoire de la Bourse).

Le Titre

Le titre (nominatif ou au porteur) a été créé pour la première fois (en France) en 1240 par une société toulousaine qui restera côtée jusqu’en 1946, la Société des Moulins de Bazacle. (Histoire de la Bourse)

La Banque

L’histoire de la banque remonte à Babylone où au 2ème siècle avant J.-C., le prêt aux marchand était pratique courante. Fondée au début du XVème siècle La Taula de Canvi a préfiguré nos bansque modernes. En Catalan, cel signifie banque de modification (de change) mais aussi canvie peut signifier petite monnaie. C’était une institution financière publique situé dans le quartier marchand de Barcelone. Elle s’établit dans  différentes villes comme Barcelone, Valence et Gérone. Elle recevait des dépôts et, à son tour, de financer des projets commerciaux. Au XVIème siècle de nouveaux établissements bancaires sont fondés par de puissantes familles comme les Médicis et les Strozzi à Florence, d’autres à Milan et Venise, et en Allemagne par les Fugger. Une innovation importante va être apportée au système bancaire : les banques ouvrent des comptes privés. Elles reçoivent les dépôts de particuliers et gèrent leur compte.

La Lettre de Change

Au plan professionnel, apparaît dans la seconde moitié du XIVème siècle, la lettre de change qui permet aux marchands de voyager sans avoir à transporter d’importantes sommes d’argent. C’est l’italien Francesco di Marco Datini[19] à qui l’on doit la lettre de change ou traite.

« La lettre de change ou traitre est un écrit par lequel une personne, dénommée le tireur (généralement le fournisseur), donne à son débiteur, appelé tiré (généralement le client), l'ordre de payer, à une échéance fixée, une somme d'argent à une troisième per sonne appelée bénéficiaire ou porteur. Dans la majorité des cas, le bénéficiaire est le tireur lui-même » (http://www.comprendrelespaiements.com/la-lettre-de-changeou-traite-definition-et-caracteristiques/).

On dit lettre de change, car souvent il arrive que le tireur et le tiré ne soient pas du même pays, ce qui nécessite un change.

La Bourse

La première place importante de changes fut Bruges, lorsqu’au début du XIVème siècle, les navires vénitiens, venus des comptoirs de l’Asir Mineure, transitant par la richissime Venise, y apportèrent leurs cargaisons; notamment les pierres précieuses non taillées et dont la taille fit la fortune de la ville avant qu’elle ne fasse celle d’Anvers à partir du milieu du XVème siècle, puis celle d’Amsterdam à la fin du XVIème siècle. La taille se faisait auparavant qu’en Inde.


A Bruges, les marchands européens qui avaient leurs entrepôts dans la ville se réunissaient pour négocier les prix des marchandises à partir d’une supposée évolution de la valeur que prendrait la marchandise sur le lieu de son exportation. De là, l’apparition de la spéculation. La première bourse des valeurs ou marché financier( échange des produits financiers, des titres, a été créée en 1460 en Anvers. En 1540, sera créée à Lyon la première bourse française.

« … les prix d'un même produit en deux endroits distincts pouvaient être très différents. C'était bien sûr le cas des produits du commerce intercontinental, dont les prix en Europe étaient infiniment plus élevés que dans leurs pays d'origine. …Plus généralement, le cloisonnement spatial des marchés à l'intérieur de l'économie-monde occidentale demeurait tel qu'un même produit pouvait simultanément être surabondant dans une région et relativement rare dans une autre. Cette variabilité spatio-temporelle des prix constituait une source presque inépuisable d'occasions de profit…Dans cette optique, la première condition matérielle que devaient satisfaire les hommes d'affaires, pour mener à bien leurs activités, était de connaître les écarts de prix et d'en prévoir les évolutions…La rentabilité des opérations qu'ils entreprenaient dépendait en effet très directement de la précision et de la fiabilité des informations dont ils disposaient, sur les prix concernés et surtout sur les multiples facteurs ou événements susceptibles de les faire varier pendant la durée, souvent importante, de l'opération envisagée».

(Serge Valery, Capitalisme et Marché à la Renaissance : https://www.cairn.info/revue-l-economie-politique-2006-2-page-87.htm)

 

Le nom de bourse viendrait du nom d’une famille de marchands vénitiens Della Borsa que les anversois transformèrent (pour cacher l’origine ?) en Van der Buerse. Les bourses des autres pays ouvriront plus tardivement : L’anglaise au 1XVIIème siècle ; l’allemande et l’espagnole au XIXème siècle.

La Comptabilité

La comptabilité est l’invention du franciscain mathématicien,

Luca Bartolomes Pacioli dit Luca di Borgo (1445-1517). Il a enseigné les mathématiques dans tous les cités importantes, de Venise à Milan, de Florence à Urbino où il eut pour élève le troisième duc d’Urbino, Guidobaldo de Montefeltro († 1508).

Il a été à Rome un collaborateur de la grande figure de la Première Renaissance, Leon Battista Alberti (1404-1472) (Voir Arts).

En 1494, il publie un ouvrage sur les mathématiques et la géométrie et les proportions et proportionnalités, Tractatus XI particularis de computibus et scripturis », dans lequel il expose sa théorie de la « comptabilité à partie double » :

« Elle est fondée sur l'idée selon laquelle les opérations et la situation financière d'une organisation peuvent être représentées par des comptes. Chaque compte contient l'historique des modifications de la valeur monétaire d'un aspect particulier de l'organisation. On parle de partie double quand l'enregistrement d'écriture est inscrit dans deux comptes (au moins) : un compte débité et un compte crédité… [mais] ce système était déjà d'emploi fréquent dans les banques italiennes depuis la fin du XIIIe siècle. De récentes découvertes situent cette invention bien plus tôt dans le temps, en Égypte antique, il y a environ 3 700 ans. … » (Wikipédia)

Il publie en 1498 de Divina Proportione avec des illustrations de Léonard de Vinci. Cette divine proportion est le nombre Cet ouvrage traite aussi de la perspective en peinture et des solides de Platon[20].


Le Commerce Maritime

Les nouvelles voies maritimes et les nouveaux territoires découverts au long des Grand Voyages auront eu, non comme au XVIIIème siècle, un intérêt essentiellement scientifique, mais économique : Établissement de nouveaux comptoirs, exploitation des richesses ultramarines. Si au Moyen-Âge, le sucre de cannes provenait du Moyen-Orient, au XVIème siècle, ce sont les Portugais qui le ramèneront d’Amérique Latine, après que les Espagnoles l’ont cultivé aux Îles Canaries définitivement conquises par eux à la fin du XVème siècle. Sous le règne d’Élisabeth 1ère, l’Angleterre ira chercher le thé en Chine et s’en arrogera un monopole qu’elle gardera pendant près de trois siècles[21]. L’or des Incas et autres peuples d’Amérique Latine, méthodiquement embarqués sur les galions, sera la source première de la richesse de l’Espagne. Mais l’or des Portugais arrivait aussi d’Afrique par la Côte d’Or, de même que l’ivoire par la Côte d’Ivoire et les esclaves étaient embarqués sur la Côte des Esclaves, trois côtes situées dans le golfe de Guinée.


Au XVIème siècle, la flotte vénitienne détient toujours la suprématie du commerce en Méditerranée et ramène sur le continent les épices arrivées d’Asie au Moyen-Orient par caravanes. Mais le développement du commerce que favorise la nouvelle religion dans les pays du Nord va commencer à lui faire concurrence. Les villes maritimes des Pays-Bas, notamment, vont augmenter notablement leur flotte et commencer à mettre en place des règles économiques en prélude à ce qui sera le capitalisme, basées sur une totale liberté d’entreprendre et des échanges hors toutes contraintes sociales et politiques (fin du féodalisme) dans le but d’une accumulation du capital financier. C’est en quelque sorte rendre grâce à Dieu que de faire fortune[22].

Si l’Espagne a dominé le commerce atlantique au cours du XVIème siècle entre Nouveau et Ancien Monde, l’Angleterre d’Élisabeth 1ère va rivaliser avec elle au point qu’elle finira par dominer au XIXème siècle avec le Commonwealth le commerce maritime mondial. Et les corsaires anglais n’ont pas été les derniers des artisans de cette conquête commerciale des mers. La flotte marchande anglaise participa grandement à combattre la flotte espagnole de l’Invincible Armada en 1588.

La Flotte des Indes et le Galion de Manille

A partir de 1565, les Espagnols vont établir des voyages commerciaux réguliers d’une part vers les Indes Occidentales Espagnoles (les Amériques) nommées ainsi par les conquistadors -cette flotte s’appellera La Flotte des Indes - et d’autre part, en traversant l’Océan Pacifique d’Acapulco (Mexique) principal port des Indes Espagnoles vers les Philippines - cette flotte sera appelée Le Galion de Manille.

Les précieux chargements de bois, minéraux, or, argent étaient exportés en Espagne par les galions de la Flotte Espagnole, qu’il proviennent du continent américain lui-même ou qu’il proviennent de l’Asie, Si l’on savait à l’époque traverser le Pacifique, l’on ne savait revenir en Europe qu’en poursuivant à l’Est. C’est l’Espagnol, prêtre explorateur, capitaine de navire Andrés Urdaneta qui découvrit la voie des vents en 1566 rendant possible un retour vers les Amériques, via Veracruz qui servait alors de port de transition. Ces flottes se maintiendront jusqu’en 1790 pour la Flotte des Indes, jusqu’en 1815 pour le Galion de Manille.

Les chercheurs de trésors maritimes sont toujours à la recherche au fond de l’Atlantique de ces trésors que transportaient les galions qui firent naufrage pris dans les tempêtes.

La Casa de Guiné et da Mina

La Casa da Guinée et da Mina était le nom donné aux entrepôts créés en 1481, situés à Lisbonne dans lesquels étaient stockées et contrôlés les marchandises en provenance d’Afrique, puis d’Inde. Ces produits, propriété royale, étaient ensuite expédiés vers les ports de Flandres notamment Bruges. En 1501 (ou 1503), cette administration prit le nom de Casa da India.

Vasco de Gama avait ouvert la voie maritime vers l’Inde par le Cap de Bonne Espérance en 1498. Dès 1500, une liaison régulière est établie entre Lisbonne et Goa. La flotte chargée de l’importation des produits est appelée la Carreira da India. Les vaisseaux ramènent les richesses de l’Orient : épices (surtout le poivre très recherché), pierres précieuses, soies et porcelaines de Chine, cotonnades de l’Inde. Puis,

«Les vaisseaux allaient transporter les produits des manufactures d’Europe, l’argent des Amériques et l’or d’Afrique puis du Brésil... Route stratégique autant que commerciale, elle permettait aussi l’acheminement des militaires, fonctionnaires, navires et matériel de guerre constituant 'l’épine dorsale' de l’empire maritime portugais.» (Ernestine Carreira, Les Naufrages de la Carreira da India in Cahiers d’Études Romanes, https://journals.openedition.org/ etudesromanes/3398)


Notes

 [1] Le livre de l’historien de l’art Jacob Burckhardt (1818-1897), La Civilisation de la Renaissance en Italie (1860) fait encore tant référence que certaines sources le mentionnent comme « fondateur de la notion même de Renaissance à côté de l’œuvre de Jules Michelet, et ces auteurs comme étant les premiers à employer le terme de Renaissance». Artistes, auteurs et philosophes des XVème et XVIème siècles  étaient parfaitement conscients du renouveau qu’ils apportaient et qui les coupait de l’époque médiévale. Ils se savaient entrer dans des temps d’autant plus nouveaux qu’ils faisaient renaitre l’Ancien…à leur manière; conscients qu’un art nouveau, une nouvelle pensée donnaient naissance à une toute nouvelle civilisation, celle que l’on qualifiera des Temps Modernes. Burckhardt fit redécouvrir la période que l’Âge Classique avait fait oublier. Le XIXème siècle fit renaitre tout aussi bien le Moyen-âge que la Renaissance. L’historien humaniste Leonardo Bruno dit l’Arétin en était d’autant plus conscient qu’il découpa son Histoire du Peuple Florentin en trois époques, antique, médiévale et moderne. Sur Burckhardt voir Humanisme Sacré/Astrologie/note.

[2] Ne pas confondre Cosme dit l’Ancien, grand banquier et le premier des Médicis à la tête de Florence et Cosme Ier (1519-1574), premier duc du Duché de Florence fondé en 1532 et premier duc du Grand-Duché de Toscane fondé en 1569.

[3] Une idée courante veut que Cosme l’Ancien de Médicis est inventé la banque au milieu du XVème siècle à Florence. Mais il ne faut pas oublier que le système bancaire sous la forme du prêt et de l’échange existaient depuis longtemps. Les Templiers ou Jacques Cœur en France étaient de grands argentiers, banquiers des rois et des princes. Les marchands qui importaient, exportaient par la Route de la Soie utilisaient le système des lettres de change. La grande place financière qu’était au début du XVème siècle Anvers faisait grand usage de cette lettre de change.

[4] Phidias (Vème s. a.v. J.-C.), le plus célèbre des sculpteurs de la Grèce Antique a réalisé la gigantesque statue, aujourd’hui disparue d’Athéna Parthénos. Elle se dressait dans le naos (la grande pièce du temple). Périclès, à la tête de la démocratie athénienne, n’avait pu convaincre les Athéniens de convertir leur richesse en or et en ivoire pour réaliser cette statue qui avait value à l’époque l’équivalent actuel de plus d’un demi milliard d’euros malgré sa promesse de la détruite et d’en récupérer les matériaux précieux en cas de nécessité absolue pour la défense de la cité. 

[5] Au Moyen-âge, les peintres utilisaient la perspective dite de dignité qui donnait grandeur aux personnages en fonction de leur importance, sociale ou religieuse, et non en fonction de la vision en profondeur du spectateur.

[6] La statuaire en ronde-bosse (dont on peut faire le tour), d’emploi courant durant l’Antiquité grecque s’est éclipsée au long du Moyen-âge qui privilégiait les reliefs. C’est au début de la seconde moitié du XVIème siècle qu’elle va redevenir d’un usage d’autant plus courant qu’il va être prédominant.

[7] Et pour en savoir plus sur Les Costumes hommes et femmes du XVIème Siècle : https://www.france- pittoresque.com/spip.php?article1507

[8]Ref.http://histoiredelamode.canalblog.com/archives/2010/04/08/17512799.html et http://fr.texsite.info/Mode_de_la_période_de_la_renaissance

[9] Réf. http://www.handpuzzles.com/renaissance-paysannes-coiffures/

[10] Patrice Gelinet 2000 Ans d’Histoire Gourmande Édit. Perrin2008

[11] P. Gelinet opus cité :L’Empire Britannique mènera une lutte acharnée pour préserver ce monopole et pour imposer ses conditions drastiques à la Chine. Il inondera à partir du XIXème siècle le pays de cultures d’opium avec pour conséquence une consommation exponentielle par la population qui obligera, entre autres, l’empereur de Chine a cédé Hong Kong.

[12] P. Gelinet opus cité

[13] Cité par Félicité Dureau II.3 Art et Alimentation; cf. également Céline Desmonsant II.1 La Mode Alimentaire Cuisine et Alimentation à la Renaissance. https://cuisinerenaissance.wordpress.com/2014/12/16/art-et-alimentation/

[14]http://www.revuecygnenoir.org/numero/article/-artmemoiresemiotique #foot note17 _ourqatm).

[15] Lettres en plomb d’imprimerie, : alliage de plomb, de zinc et d’antimoine.

[16] L’Index Librorum Prohibitorum est la liste (l’index) des livres interdits de lecture par l’Église. Établi par l’Inquisition et approuvé par le pape Paul IV, il date de 1557. D’autres sources indiquent 1563 au sortir du concile tridentin de la Contre-réforme. L’Index disparaît en 1948. L’expression ‘mise à l’Index’ était déjà utilisée dans le même sens d’interdiction de lecture antérieurement à ce premier et véritable index. L’index n’a jamais eu de valeur juridique.

 [17] A la différence du scalpel qui dissèque, le bistouri incise. La lancette est l’équivalent du bistouri mais utilisée pour les saignes et les petites incisions.

[18] Les galères sont des navires à rames et à voiles à usage à l’origine commercial avant d’être punitif. La chiourme que constituent les rameurs était des employés volontaires avant d’êtres ceux que l’ont appelés les galériens (condamnés aux galère).

[19] Francesco di Marco Datini (1335-1410), né et mort à Prato, en Toscane, était négociant, banquier, producteur de laine et spéculateur. » ( Wikipédia)

[20]Les solides de Platon (ainsi nommés en hommage au philosophe) sont au nombre de cinq. Ils auraient été connus bien avant l’antiquité grecque. Ce sont cinq et seulement cinq polyèdres à trois dimensions ayant soit 4,6, 8,12 ou 20 côtés : tétraèdre, hexaèdre (cube), octaèdre etc. Les caractéristiques d’un solide de Platon est que toutes ses faces sont des polygones réguliers, convexes et isométriques c'est-à-dire superposables ; aucune de ses faces ne se coupe, excepté sur les arêtes ; le même nombre de faces se rencontre à chacun de ses sommets » (Wikipédia)

[21] P. Gelinet opus cité : L’empire Britannique mènera une lutte acharnée pour préserver ce monopole ; et pour imposer ses conditions drastiques à la Chine inondera ce pays d’opium à partir des cultures en Inde, avec pour conséquence une consommation exponentielle par la population chinoise qui obligera, entre autres, l’empereur de Chine a cédé Hong Kong.

[22] Voir l’opinion de Luther sur les classes dirigeantes, le commerce et l’argent, dont le père issu d’une modeste famille de paysans aura une ascension sociale qui le mènera jusqu’à la magistrature après avoir était à la tête d’une mine de cuivre et de sa fonderie.


ÉVÉNEMENTS MAJEURS

Les Royaumes - La Religion - Guerres et Paix  -
Sur Les Mers et Au-Delà - La Conquête du  Nouveau Monde


Les Royaumes

Une des particularités qui détachera en sa première moitié ce XVIème siècle du fond de l’histoire européenne sera la concordance des règnes de trois grands souverains en une période de profonds bouleversements; trois souverains, François 1er, Charles-Quint et Henri VIII dont les fortes personnalités seront causes de leur rivalité sans merci autant que leur souci d’amener leur pays à la domination de l’Europe. L’entrevue du Camp du Drap d’Or en 1520 entre François 1er et Henri VIII, l’emprisonnement de François 1er par Charles-Quint en 1525, l’alliance en 1522 d’Henri VIII avec la Bourgogne impériale des Habsbourg contre François 1er sont des épisodes les plus représentatifs de ce jeu d’alliances temporaires, de déclarations de guerres, de grande rencontres somptuaires dont l’autorité papale sera parfois l’arbitre parfois le jouet.

La volonté hégémonique politique et économiques sur le rete du monde, au-delà des mers est un des événements majeurs qui fait entrer l’Europe dans les Temps Modernes. On pourrait parler de sa mondialisation. Portugal d’abord, Espagne, puis Angleterre et enfin France par les voyages maritimes à visée économique et donc de conquête vont étendre leur puissance sur un Nouveau Monde tout en se faisant la guerre par corsaires et flibustiers interposés.


La France

En 1453 s’achève la Guerre de Cents Ans (cf. Tome1 /Évé. Maj.) qui a mis exsangue les économies de France et d’Angleterre. L’épisode de Jeanne-d ‘Arc et le couronnement du roi de Bourges, Roi-Sans-Terre, Charles VII en 1429 marquent le début de la reconquête du territoire sur les anglais. Son fils Louis XI, d’un physique ingrat, réputé rusé, avare et de tendance hypocondriaque, n’en sera pas moins un souverain avisé et efficace. Il va installer sa cour à Tours dans un Val de Loire qui des Arts de la Détente (voir Tome1/Arts) jusqu’aux châteaux de la Renaissance sera un important foyer culturel qui verra la naissance de Du Bellay et de Ronsard et la naissance de leur amitié. Le roi au célèbre chapeau à médailles avec lequel François Villon eut maille à partir, va restructurer un royaume qui ressort de la guerre complètement décomposé.

Son fils, Charles VIII, à l’opposé de son père, va mener un train fastueux. Ses vues sur la riche péninsule italienne font commencer la longue série des Guerres d’Italie que poursuivront le fils du poète Charles d’Orléans, Louis XII, François 1er et Henri II.


Le règne de François 1er occupe la quasi totalité de la première moitié du XVIème siècle. Alors qu’il monte sur le trône en janvier 1515, sa victoire à Marignan en septembre lui confère un véritable prestige en Europe. Il incarne la Renaissance française dans sa première phase. Son règne sera ponctué de conflits et d’alliances avec ses deux autres rivaux. François Ier soutiendra les princes luthériens contre Charles-Quint et Henri VIII par le traité de Bruges s’alliera avec Charles-Quint en 1521 après la tentative avortée d’entente avec le roi de France qui sera fait prisonnier par les troupes impériales à la bataille de Pavie en 1525. Deux ans plus tard, il va résider définitivement à Paris dont il fait la capitale du royaume. Il met ainsi fin à des siècles d’une cour itinérante qui, allant de châteaux en châteaux, amenait avec elle des convois sans fin chargés de tout les objets nécessaires à sa vie quotidienne et qui pour être mobiles et amovibles prirent le nom de meubles au contraire de l’im-mobilier. Tempérant avec ceux qui s’appelleront eux-mêmes les huguenots au moment des Guerres de Religions, non sans l’influence de sa sœur Marguerite de Navarre (†1549) engagée dans la Réforme, celui qui fonda en 1530 le Collèges des Lecteurs Royaux ouvert aux idées humanistes, changera totalement d’attitude envers les calvinistes après l’Affaire des Placarsds en 15534.


La seconde partie du siècle s’ouvre sur le règne d’Henri II qui va mener une politique plus répressive que celle de son père, envers les réformés. Sa victoire à Boulogne sur Édouard VI qui n’a pas accepté que Marie Stuart qu’il voulait épouser se soit réfugiée en France, assure son leadercheap sur l’Écosse. Soucieux comme son père de s’imposer dans cette place stratégique qu’est l’Italie, le fils de François 1er va trouver face à lui, le fis de Charles-Quint, Philippe II qui pas plus que lui n’aura les moyens financiers de poursuivre une guerre qui dure depuis plus de cinquante ans et à laquelle le Traité de Cateau-Cambrésis mettra fin en 1559.

C’est sous les règnes de ses trois fils, François II, Charles IX et Henri III que vont se dérouler les Guerres de Religions de 1562 à 1598. En 1589, l’assassinat du dernier roi Valois qui face à la menace de la Ligue Catholique[1], s’était allié au chef des huguenots, Henri de Bourbon, amène la même année celui-ci sur le trône sous le nom d’Henri IV dont l’assassinat en 1610 finit le siècle français. C’est sous son règne que va s’épanouir la Seconde École de Fontainebleau.

L'Affaire des Placards

En 1534, éclate l’Affaire des Placards : Des calvinistes affichent dans différents lieux de France, jusque sur la porte de la chambre du roi, à Amboise, des placards écrits par un disciple du suisse réformé Zwingli, Antoine Marcourt, et imprimés à Zurich. Jusque-là, plutôt conciliant avec eux, plus ou moins sous l’influence de sa sœur, Marguerite, qui fera de la Navarre une place forte du calvinisme, François 1er , se voyant cette fois-ci humilié et considérant cet acte comme une atteinte au droit divin du roi, va commencer une répression que ne fera qu’accentuer son fils Henri II. Les tensions entre les deux parties iront crescendo et le Colloque de Poissy en 1561 organisé par la régente Catherine de Médicis - son mari Henri II est mort deux ans plus tôt- pour tenter d’apaiser la situation aboutira à un échec. La révocation de l’Édit de Nantes par l’Édit de Fontainebleau en 1682 par Louis XIV, promulguera l’interdiction du culte calviniste et la destruction des lieux de culte.

La Journée des Barricades 

La journée du 12 mai 1588 aura marqué l’histoire de France d’une pierre blanche. Il sera appelée La Journée des Barricades ; C’est la première fois en France que seront dressées des barricades. Le Conseil des Seize, un groupement de bourgeois ligueurs s’opposent à Henri III qu’il soupçonne de vouloir faire monter sur le trône à sa succession Henri de Navarre, huguenot. La population, les bateliers, menée par le Maréchal de France, le Duc de Brissac, s’empare de la Place Maubert, du Faubourg St Germain, bloquent les ponts. Immobilisées les Gardes Suisses et Française obéissent au Duc de Guise, chef de la Ligue qui leur somme de retourner au Louvre « à rangs rompus, la tête nue et les armes renversées). Henri III fera assassiner De Guise par sa garde dans la chambre royale du château de Blois. Le duc, confiant, pensant que le roi allait enfin le nommer connétable, était venu sa garde. Il sera transpercé de plus de 30 coups d’épée et de dague.


Angleterre

Le couronnement d’Henri VIII Tudor (1491-1547), qui succède à son père Henri VII en 1509, ouvre le XVIème siècle Anglais. Même si l’on retient souvent de son règne en premier lieu ses nombreuses femmes et leur répudiation voire leur décapitation, il sera surtout marqué dans ses conséquences historiques par la fondation de l’anglicanisme à partir du processus de divorce d’avec son épouse Catherine d’Aragon, entamé en 1527. Même s’elle ne le fait pas avec la même intransigeance que le luthéranisme et le calvinisme, l’Église d’Angleterre se sépare de l’Église de Rome. La promulgation des Six Articles en 1539, fait du roi le chef de la religion anglaise.

Le grand humaniste Thomas More, auteur d’Utopia, son deuxième grand conseiller connait en 1535 le même sort, la décapitation, que connaitront un an plus tard sa seconde épouse Ann Boleyn, son troisième conseiller Thomas Cromwell en 1540, Catherine Howard en 1542 et vingt nobles, quatre hauts fonctionnaires, six proches conseillers, le cardinal John Fisher. Son premier conseiller, Thomas Wolsey, ayant échappé à la décapitation étant mort en 1530 d’épuisement des conditions de vie qui étaient les siennes à la Tour de Londres. 

 Un épisode est resté célèbre aussi bien du côté anglais que français, celui en 1520 de la fastueuse et diplomatique rencontre en vue d’une consolidation d’alliance au Camp du Drap d’Or entre Henri VIII et François 1er. Pour impressionner ce dernier, Henri VIII s'était fait accompagné de tous ses musiciens qui le suivirant dans touts ses allées et venues.


A la mort d’Henri VIII, en 1547, la même année que François 1er, son fils Édouard VI (†1553) ne va régner que six ans en poursuivant la politique de son père. Pour une partie de son règne, il sera sous l’emprise du conseiller Thomas Seymour qui sera ‘évacué’ par décapitation en 1549. L’Écosse qui vient de perdre la guerre contre l’Angleterre trouve un appui auprès d’Henri II. La toute jeune Marie Stuart (1542-1587), reine à sa naissance et qui par sa mère appartient à l’influente famille lorraine des Guise, est exfiltrée en France où, promise au dauphin François II, elle passera son enfance avant qu’elle ne l’épouse en 1558[2]. En 1549, la victoire des Français sur les anglais à Boulogne contraint le conseiller Édouard Seymour, frère du précédent, à se retirer de l’Écosse.


 Marie Tudor (†1558), fille ainée de Henri VIII et de Catherine d’Aragon sera en 1553 à la mort de son demi-frère, la première reine régnante d’Angleterre. Son règne ne dura lui aussi que six ans, mais il fut marqué par la répression féroce que Marie 1ère, surnommée the Bloody Queen, exerça sur les anglicans.

Élisabeth 1ère (1553-1603), fille d’Henry VIII et d’Ann Boleyn, demi-sœur d’Édouard et de Marie, va régner pendant près de cinquante ans. Elle aura marqué d’une empreinte indélébile la seconde partie de la Renaissance au cours de laquelle s’écrira une des plus belles pages de l’histoire littéraire et artistique de la Grande Bretagne et de l’Europe. Entourée de conseillers qu’elle sut bien choisir, elle mena une politique de savant équilibre entre anglicans et catholiques. Prudente, mesurée, elle évita au mieux les conflits avec la France et l’Espagne mais ne put que se défendre victorieusement contre l’Espagne qui lança contre la Blanche Albion en 1588 sa pitoyable Invincible Armada.


Espagne

Dans la péninsule ibérique, Ferdinand II (†1516) devient roi d’Aragon et de Sicile à la mort de son père Jean II en 1479. Roi de Naples en 1502, les échanges entre les deux royaumes péninsulaires vont être intense tant au point de vue économique que culturel. Des artistes espagnols s’installeront à Naples, des réformés catholiques y trouveront refuge, inquiétés par l’Inquisition.

 En 1492, le dernier émir nasride abdique. Ainsi s’achève la Reconquête (Reconquista) de la péninsule commencée en 722. Ce qu’il restait du royaume musulman de l’Al-Andalouse, l’Émirat de Grenade déjà sous protectorat est annexé est devient l’Andalousie. La même année, l’expédition de Christophe Colomb, financée par les Rois Catholiques, Ferdinand et son épouse Isabelle de Castille (†1504), accoste sur les rivages de l’Île de Cuba.


En 1506, au vu de l’état de santé de leur fille, Jeanne la Folle, Isabelle de Castille dite la Catholique a laissé par testament la régence de la Castille à son époux Ferdinand II d’Aragon. Mais ce n’est pas sans l’opposition de la noblesse qui n’accepte pas l’ingérence de l’aragonais dans les affaires de la Castille et qui fait prévaloir Philippe le Beau, mari de Jeanne 1ère de la Castille dite la folle (†1555), fils de l’empereur Maximilien 1er de Habsbourg qui va subitement mourir cette année-là (empoisonné ?). Ferdinand qui avec son épouse avait déjà accaparé le trône de la Castille au détriment de Jeanne de Castille dite La Beltraneja (†1462), la demi-sœur d’Isabelle, va régenter le royaume mais cette fois-ci au nom de son petit-fils. Charles, qui est né et a passé son enfance à Gand (Flandres) devient en 1516 roi des Espagne, du Royaume de Naples et des Dix-Sept Provinces (Pays-Bas), et en 1519, empereur d’ un « empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais »[3]. Charles est un Habsbourg de par son père Philippe Le Beau et de par son grand-père l’empereur Maximilien 1er . La Maison des Habsbourg restera sur le trône d’Espagne jusqu’à la fin du règne de Charles VI en 1740. Le second fils de Philippe le Beau, Ferdinand de Habsbourg, sera Empereur Germanique à l’abdication de son frère ainé Charles, de 1556 jusqu’à sa mort en 1564. Alors que le fils de Charles-Quint sera roi d’Espagne dès 1534 sous le nom de Philippe II (officiellement en 1546).


Outre-Rhin

Le premier Habsbourg a monté sur le trône impérial fut Rodolphe 1er en 1272. Depuis, par intermittence et définitivement avec Fréderic III en 1452, la Maison des Habsbourg sera restée sur le trône impérial jusqu’en 1740. Le pouvoir des Habsbourg s’étendra sur les royaumes de Bohême, de Moravie et d’Espagne de 1504 -quand Philippe le Beau 1er (†1506), fils de Maximilien 1er et de Marie de Bourgogne (fille de Charles le Téméraire) devient roi de Castille par son mariage en 1498 avec Jeanne La Folle –à 1700 – quand monte sur le trône espagnol le second petit-fils de Louis XIV, sous le nom de Philippe V. En 1804, Les Habsbourg seront à la tête de l’empire austro-hongrois après l’effondrement au XVIIIème siècle du Saint Empire.


La Navarre

En 1512, sous prétexte de son mariage avec Germaine de Foix, petite-fille de Louis XII, Ferdinand II d’Aragon prend possession du Sud d’une Navarre gouvernée par Catherine de Navarre (ou de Foix). Il ne restera plus à Catherine et à son mari Jean III d’Albret que la partie nord de la Navarre, au-delà des Pyrénées. Catherine s’était mariée en 1494 avec Jean d’Albret alors Comte du Périgord qui devint roi de Navarre sous le nom de Jean III. Son fils Henri II d’Albret lui succèdera de 1517 jusqu’à sa mort en 1555. Marié à Marguerite d’Angoulême (de Navarre 1492-1549), sœur de François 1er en 1527, de leur union naitra Jeanne III d’Albret, mère de Henri de Bourbon (1553-1610), futur Henri IV qui sera roi de Navarre en 1572 et roi de France en 1589.

Marguerite d’Angoulême jouera un rôle essentiel dans l’avancée des idées humanistes et de la Réforme en accueillant à sa cour de Nérac (Lot-et-Garonne) des personnages illustres comme Guillaume Budé, Jean Calvin, Clément Marot.


La Bourgogne

La Bourgogne n’a eu cesse de s’agrandir avec les grands ducs, Philippe le Hardi (†1404), Jean-Sans-Peur (†1419), et Philippe III le Bon († 1467). Ce dernier, qui a installé sa cour en Flandres en 1420, va constituer les États Bourguignons (Bourgogne, Franche-Comté, Pays-Bas-Belgique, Luxembourg). En 1435, il signera avec Charles VII le Traité d’Arras qui met fin à la Guerre des Armagnacs et des Bourguignons (voir Tome 1, Événements Majeurs/Les Ducs de Bourgogne). Son fils, Charles le Téméraire (1433-1477), le dernier des grands ducs, va annexer ou s’approprier d’autres territoires menant les états à l’apogée de leur étendue et de leur puissance.

En 1482, cinq ans après la mort du Téméraire, l’immense territoire des Bourguignons sera par un second traité d’Arras divisé en deux : à Louis XI revient la partie ‘française’ : Bourgogne-Franche-Comté ; à l’empereur Maximilien 1er, marié à Marie de Bourgogne, fille de Charles, revient la gouvernance des territoires du Nord : les Pays-Bas Bourguignons : la Belgica ( constituée des actuels Pays-Bas, Belgique et Luxembourg) et la Picardie et l’Artois.


Charles-Quint, né en Flandres, par l’adjonction de différents duchés et comtés composera les Dix-Sept Provinces qui au XVIIème siècle seront séparées entre Provinces du Nord (en gros le Nederland) et Provinces du Sud (en gros la Belgique, le Luxembourg et la Flandre Française). Les provinces du Nord, appelées les Provinces Unies (Pays-Bas) acquerront leur autonomie de haute lutte par la Guerre de Quatre-Vingts Ans ou Révolte des Gueux (1568-1648). Cette indépendance ne sera officialisée que par le Traité de Westphalie en 1648 ; traité qui mettra également fin à la Guerre de Trente Ans (1618-1648) entre d’un côté l’empire des Habsbourg soutenu par la papauté et de l’autre la coalition conduite par le Stathouder de Hollande, Guillaume 1er d’0range-Nassau et réunissant les Provinces-Unies, les états protestants germaniques (essentiellement du Nord) et la France.


L’Empire Ottoman

Au XV-XVI èmes siècles, le Sultan Sélim 1er (1470-1512-1520) a entrepris une politique de conquête après avoir unifié la région anatolienne. Sous son règne, l’empire Ottoman[4], se voit agrandit en quelques années de l’Égypte, du Liban, de la Syrie. Ce que l’Europe vécu comme une véritable catastrophe.

Au XVIème siècle, son fils Soliman Le Magnifique (1594-1520-1564) également appelé le légiste pour sa complète rénovation du système juridique ottoman. Il va poursuivre la même politique que son père. En 1525, il se rend maître de l’la Perse des Il va conquérir d’abord conquérir Bagdad à l’ouest en la dirigeant vers le continent européen. Après la prise du califat des abbassides en Égypte par son père en 1517, la prise du califat de Bagdad le consacre comme chef du monde musulman.

Soliman va tourner ses ambitions vers l’Europe. En 1520, il prend Belgrade aux Hongrois. La prise de Belgrade eut à peu près le même effet. Constantinople, capitale de l’Empire Byzantin, était tombé en 1453.

 « La capture de Belgrade est à l'origine des événements dramatiques qui engloutirent la Hongrie. Elle mena à la mort du roi Louis II à la prise de Buda [partie de Buda-Pest], à l'occupation de la Transylvanie, à la ruine d'un royaume florissant et à la peur des nations voisines de subir le même sort ». (André Clot, Soliman Le Magnifique, Fayard 1983)


L’Empire Ottoman devient alors la puissance dominante en Europe de L’Est. En 153, Soliman trouve un allié en la personne de François 1er qui veut s’appuyer sur lui dans son opposition constante à Charles-Quint. Charles-Quint, lui, se mit à dos toute l’Europe pour avoir signé en 1547 (et François 1er aussi) le Traité de Constantinople par lequel l’empereur reconnaissait qu’il ne pourrait venir à bout de la puissance turque, même si celle-ci, après avoir échoué aux portes de Vienne (siège de 1529), ne pouvait à la fois maintenir de trop grandes possessions en Europe tout en préparant une guerre inévitable contre la Perse. Ferdinand 1er dut verser un tribut annuel à l’ennemi juré de la chrétienté. (Cf A.Clot op.cit.pg. 167-69).

De 1537 à 1540 se déroule la Guerre Troisième Guerre Vénéto-Ottomane[5] qui opposa les Ottomans auquel François 1er s’était allié, à Venise et la Sainte Ligue (le pape Paul III et Charles-Quint, le Portugal, Gêne, Florence, Malte) dont l’immense flotte, qui était pourtant commandée par Andréa Doria (voir Venise) perdit beaucoup de navires à la Bataille de Préveza qui vit en 1538, la victoire de la flotte ottomane commandée par le redoutable Khizir Khayr ad-Dîn dit Barberousse, Capitaine Pacha (grand amiral) et sultan de Tunis en 1534. En 1540, après une véritable déroute de la Ligue, Venise, l’Empereur et le pape sont contraints de signer une paix qui reconnaît à Soliman toutes ses possession dont Chypre et les Îles de la mer Égée


Sous le règne de Sélim II se déroula la Guerre Quatrième Guerre Vénéto-Ottomane qui vit cette fois-ci la victoire de la Sainte Ligue et la fin (pour certains historiens de la volonté d’expansion de l’Empire Ottoman. La Bataille de Lépante dans le golfe de Patras (mer Ionienne) en 1571 fut décisive qui causa la perte d’une part importante de la flotte vénitienne et pour Cervantès l’usage de sa main gauche. Pour autant, une victoire en demi-teinte puisque de fait les Ottomans conservèrent leur possessions territoriales à l’est de la Méditerranée tant qui que les Européens ses ‘contentaient de sa partie ouest.

En tout sept guerres auront opposé Venise et les Ottomans de 1463 à 1718.


Au XVIIème siècle, sous les règnes de Mehmed III et (1595-1603) et de son fils Ahmed (1603-1617), l’empire va connaitre révoltes et soulèvements militaires. En 1606, la Paix de Zsitvatorok signé avec l’Autriche de Rodolphe II, met fin à la Guerre de Treize Ans. La Hongrie est partagée entre la Hongrie Royale au nord, la Hongrie Ottomane au centre et le Royaume de Hongrie Orientale assujettie comme les Principautés Danubiennes (Moldavie, Valachie) à l’Empire Ottoman.

Après l'assassinat du sultan Ibrahim 1er en 1648 et jusqu'en l’avènement du vizir Mehmet Köprülü, fait fin à ce que l’on a apellé le Sultanat des Femmes qui avait débuté à la mort en 1566 de Soliman, et qui désigne une période de près de cents ans au cours de laquelle les femmes du harem jouèrent un rôle politique déterminant. Certaines on carrément gouverné l’empire. Le pouvoir de ce sultanat va être indirectement transmis aux Grands Vizirs issus de la même famille Köprülü.


De 1693 à 1699 va se dérouler la Guerre Austro-Turque qui commence par le deuxième siège de Vienne. Une coalition, nouvelle Sainte Ligue va regrouper quasiment toutes les puissances européennes, hors mis l’Angleterre et la France qui affirme une neutralité favorable aux Ottomans. Léopold 1er doit à la fois faire face à la révolte des protestants de la Hongrie Royale que les ottomans qui en ont fini avec la guerre contre les Russes alimentent, et tout faire pour contrer la Politique de réunion engager par Louis XIV (Voir France/ Louis XIV/Politique de Réunion). Après une victoire déterminante de la coalition à la bataille de Bataille de Zenta en 1697, le Traité de Karlowitz, signé en 1698 entre d’un côté l’Autriche, Venise et la Pologne et de l’autre les Ottomans donne l’a totalité de la Hongrie à l’Autriche tandis que le Banat (région) de Timișoara (Roumanie) reste aux Ottomans. En actuelle Roumanie, la Transylvanie reste sous contrôle autrichien et les Principautés Danubiennes (Moldavie et Valachie) sous celui des Ottomans.

 L'Empire ottoman a duré de 1299 à 1923, date à laquelle Kemal Atatürk fonde la République de Turquie (1923-1938).


Religion

Réforme et Contre-Réforme

Le Vème Concile de Latran se termine en mars 1517. L’on fait débuter la Réforme ou Réformation avec l’affichage sur les portes de l’Église de La Toussaint à Wittenberg des 95 thèses de Martin Luther (1483-1546) le 31 octobre 1517, veille de la Toussaint. Cette date est d’autant plus symbolique qu’aucun témoignage direct n’a pu confirmer cette affichage bien qu’il ait été de pratique courante. On fait se terminer la Réforme, en tant que mouvement naissant d’opposition à l’Église Romaine, par la rédaction entre 1577 et 1580 de La Formule de Concorde qui trouve l’approbation de toutes les tendances luthériennes. La distinction est faite entre les protestants, (luthériens allemands), les réformés alsaciens, les réformés calvinistes suisses et français, les anabaptistes, réformés radicaux, et les spirituels de tendance mystique (Voir La Réforme). L’anglicanisme est une religion nationale. Les Anglicans n’ont jamais pris de positions aussi radicales que les précédents envers la papauté. Les plus intransigeants d’entre eux, les calvinistes anglais, qu’on appelle les puritains, s’exilèrent en Amérique du Nord.


Le mouvement de la Contre-Réforme est plus complexe dans son évolution car il s’agit en fait d’une réforme des institutions et des mœurs aussi importante que la dite Réforme, et qui s’est accompagnée, du moins avant l’instauration de l’inquisition en 1542, de différents mouvements de réformes plus ou moins éloignés de l’emprise de l’autorité pontificale. Parmi ces mouvements, se sont trouvés des mouvements portés de manière plus nette vers le mysticisme que ne le furent les spiritualistes réformés allemands ou alsaciens, et de fortes personnalités ont laissé une empreinte indélébile sur la spiritualité chrétienne telles Ste Térèse Davila, St Jean de La Croix ou Marie-Madelaine Pazzi. (Voir La Réforme Catholique ou Contre-Réforme et La Mystique).

Conciles

Voir plus amplement La Crise de la Conscience Chrétienne

Pas moins de quatre conciles vont se dérouler en deux siècles : le Concile de Constance qui met fin en 1417 au schisme qui durait depuis quarante ans, le Concile de Bâle qui, ouvert en 1431, n’eut cesse de se déplacer en créant un mini-schisme, le Concile avorté de Pise en 1509 et le Vème Concile de Latran.


Guerres et Paix

La Guerre de Cent Ans

La Guerre de Cent Ans avait commencé en 1337. Elle aura opposé les Français et les Anglais sous les règnes qui vont en France de Philippe VI, fondateur de la dynastie royale de Valois à Charles VII, et en Angleterre d'Édouard III Plantagenêt à Henri VI Plantagenêt. L’enjeu étant la succession au trône de France. Les épisodes les plus connus sont :

En 1346, la bataille de Crécy qui fut une catastrophe pour la chevalerie française, et au siège de Calais, la remise symbolique des clefs de la ville par les Six Bourgeois à Édouard III.

En 1415, la Bataille d’Azinciourt, nouvelle hécatombe des troupes française de Charles VI face aux archets anglais d’Henri V. Le poète Charles d’Orléans y est fait prisonnier et mené en Angleterre où il y restera pendant 25 ans.

Le Roi fou, Charles VI, et son gendre Henri V meurent la même année de 1422. Par les accords du Traité de Troyes, Henri VI qui succède à son père peut prétendre au trône de France, mais il vient tout juste de naître et sa folie ne tardera pas à se déclarer. Sa mère Catherine de Valois (de France), épouse d’Henri V, assume la régence. La France, qui reste en proie au conflit entre Armagnacs et Bourguignons, a pour nouveau roi le roi de Bourges, Charles VII dit le Roi- Sans-Terre, qui ne peut légitimement pas prétendre à la couronne. Catherine ne va pas pouvoir pourtant résister à l’habileté de son frère Charles VII dit alors le Victorieux qui reconquiert progressivement tous les territoires anglais du continent sauf Rouen qu’il reprendra quand 1449. La ville avait été prise par les Anglais en 1419 et l’était toujours quand, à la mort de Jeanne d’Arc en 1431, Henry VI, qui venait de se faire proclamer roi de France à Pais, vint cette année-là s’y faire acclamer.

De par le Traité de Tours de 1444, Henri VI en se mariant en 1445 avec Marguerite d’Anjou, nièce du roi de France, fille du Bon Roi René, duc d’Anjou, reçoit l’Anjou et le Maine.

En 1431, Jeanne d’arc est brulée vive en place d’Orléans, ville anglaise, après qu’elle a permis par sa vaillance au combat à Charles VII de reconquérir Orléans.

En 1432, Charles VII reprend Paris aux Anglais.

En 1453, la dernière bataille de la Guerre de Cent Ans, la Bataille de Castillon (Gironde) voit la victoire définitive des Français sur les Anglais. La guerre ne prend pas fin mais est mise en sommeil. Le Traité de Picquigny (Picardie) en 1474 mettra fin à une guerre qui a bouleversé l’Europe pendant un siècle tant du point de vue politique, démographique qu’économique.

La paix revenue, un esprit nouveau va s’éveiller. En Italie, la domination de la Famille Médicis amène sur Florence une stabilité politique en même temps qu’un essor économique. La Première Renaissance italienne va commencer à rayonner par les arts et les académies humanistes.


La Guerre des Deux Roses

De 1455 à 1485, une guerre civile va opposer en Angleterre les partisans de la famille d’York, la rose blanche, à celle des Lancastre, la rose rouge. Tous des Plantagenêt dont la dynastie s’éteindra en 1485 avec la montée sur le trône du premier roi Tudor, Henri VII (1509). L’enjeu étant la couronne royale.


Le roi Édouard III Plantagenêt (1312-1377) eut quatre fils dont Édouard de Woodstock, Prince de Galles, dit le Prince Noir selon la couleur de son armure, Jean de Gand, duc de Lancastre (1340-1399) et Edmond de Langley, duc d’York (1341-1402). Le petit-fils d’Édouard III, Richard II († 1400)[1] , fils du prince Noir et roi d’Angleterre en 1377 se verra destitué en 1399 par le fils de Jean de Gand, Henry de Bollingbroke (1366-1413). Et l’héritier légitime de Richard, son petit-fils, le jeune Edmund Mortimede era privé de ses droits à la succession.


Henry Bollingbroker monte en 1399 sur le trône sous le nom d’Henry IV et malgré un règne agité au cours duquel il triomphe des révoltes des Lollards (voir Religion/ les Prémices de La Réforme), il transmet la couronne à son fils Henri V (1387-1413-1422) qui, lui, matera la révolte des Gallois et remportera la Bataille d’Azincourt en 1415, victoire aussi prestigieuse pour les Anglais que celle de Trafalgar. Il se marie en 1420 avec Catherine de France (de Valois), fille de Charles VI qui par le Traité de Troie lui concède la régence du royaume à sa mort et l’assurance que le fils né de ce mariage héritera de la couronne de France.


Ce fils, Henri VI (1421-1474), sera (officiellement) roi d’Angleterre de 1422 à 1461. Mais il présentera des signes de folie comme son grand-père Charles VI. Il reviendra sur le trône pour un an de 1470 à 1471. Il s’opposera en pleine Guerre de Cent Ans à Charles VII, fils de Charles VI, pour la couronne de France. Durant la longue minorité d’Henri, la régence est confiée à son oncle Edmond de Bedford qui va résider en Normandie, terre anglaise. Mais son siège infructueux devant Orléans en 1429, le revers qu’il reçoit avec le Congrès d’Arras en 1435 qui voit Charles VII renouer alliance avec le duc de Bourgogne Philippe III Le Bon, affaiblissent grandement sa politique et le désordre règne …à sa place, pendant ce temps, en Angleterre.

En 1453, la Bataille de Castillon qui met fin à la Guerre de Cent Ans est décisive à plus d’un titre : Pour la France qui en sort victorieuse ; pour Henry VI qui en subit un tel traumatisme qu’il développe une psychose schizophrénique avec hallucinations ; pour l’Angleterre qui perd la totalité de ses possessions continentales, à part Calais qui ne redeviendra française qu’en 1558.

Les grandes familles anglaises n’ont pas attendu, la fin de la guerre pour entrer entre elles dans des rivalités armées. Richard d'York (1411-1460) tient à tirer parti de la situation. Il est le troisième duc d’York, arrière-petit-fils d’Édouard III, fils de Anne, une Mortimer dont Henry IV avait dépossédé la famille de toutes prétentions au trône. En 1450, il prend les armes. En 1455, il remporte la première bataille de Saint Albans au cours de laquelle le chef de file des Lancastre, Henri de Beaufort trouve la mort.

En 1460, les lancastriens sont à nouveau battus à Northampton. Henry VI, fait prisonnier, restera enfermé à la Tour de Londres pendant 5 ans. Henri doit reconnaître Richard d’York comme héritier de la couronne.

La guerre n’est pas pour autant terminée. Marguerite d’Anjou, fille du Bon Roi René, épouse d’Henry VI continue de mener les Lancastre à la lutte et ses troupes triomphent à la fin de la même année à Wakefield où Richard, 3ème Duc d'York qui s’était autoproclamé ‘Protecteur du Royaume’, trouve la mort.

En 1461, les yorkistes gagnent la bataille de Tortown et font monté sur le trône le premier roi de la Maison d’York, un des fils du duc d’York qui prend le nom d’Édouard IV. Henry VI et Marguerite d’Anjou se réfugient en Écosse, mais la même année s’est autour de lanscastriens de battre les yorkistes à la seconde bataille de Saint Albans.

En 1470, le Comte de Warwick, jusqu’alors chef de file des yorkistes, s’allie à Marguerite, bat les yorkistes et remet sur le trône Henry VI. En 1471, Warwick est tué à la bataille de Barnet et les yorkistes finissent de vaincre les lancastriens à Tewkesbury où le fils de Henry VI trouve la mort. Édouard IV remonte sur le trône et fait enfermer Henri VI à la Tour de Londres où il meurt la même année, assassiné ( ?).

Édouard stabilise le royaume. En 1475, alors qu’il est venu en France pour soutenir Charles le Téméraire († 1477) dans sa rivalité avec Louis XI, il finit par conclure à bon compte la même année une paix définitive avec la France au traité de Picquigny qui entérine officiellement la fin de la Guerre de Cent Ans, terminée depuis La Bataille de Castillon en 1453. La France lui verse 75000 écus d’or[2] pour qu’il retire ses troupes. Il meurt en 1483.


Son frère Richard III (1452-1585) lui succède, mais il ne sera pas aimé des yorkistes qui l’abandonneront lorsqu’en 1485, l’héritier des Lancastre par sa mère, Henri Tudor, duc de Richmond, débarque de Bretagne où il était réfugié en 1485. Richard est tué à la bataille de Bosworth. Ainsi prend fin la Guerre des Deux Roses qui voit la fin de la dynastie des Plantagenêt qui avait commencé avec Henri Plantagenêt, Comte d’Anjou et Duc d’Aquitaine, devenu roi d’Angleterre en 1154. En montant sur le trône, le Galois Henri Tudur, Comte de Richmond, ouvre la dynastie des Tudor ouvre la dynastie des Tudor sous le nom d’Henry VII ; la dernière représentante en sera Élisabeth 1ère à laquelle à sa mort en 1603 succèdera Jacques IV, roi d'Écosse depuis l'âge de 1 an en 1567 et monte sur le trône en prenant le nom Jacques 1er. d'Angleterre.


Pour symboliser la réunification du royaume, Henri VII associe en un même emblème la rose blanche que les yorkistes avait affichée dès le début du conflit à la rose rouge, emblème de la famille depuis le premier comte de Lancastre, Edmond (†1296) mais que les lancastriens n’avaient jamais utilisée durant la guerre qui ne prit son nom que par Henry VII. La dernière représentante des Tudor sera Élisabeth 1ère à laquelle à sa mort en 1603 succèdera la dynastie des Stuart. La dynastie des Tudor aura duré plus d’un siècle.


Guerre et Succession de Bourgogne

De 1474 à 1477, les États Bourguignons (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Nord de la France, Bourgogne, Franche Comté) de Charles le Téméraire furent confrontés à la guerre que les états confédérés de Suisse[10] leur avaient déclarée dans des visées expansionnistes ou seulement préventive (?). Ils avaient pour alliés le Duc d’Autriche, Sigismond de Habsbourg, qui faute d’avoir pu racheter l’Alsace à Charles s’était fait financer ses troupes par Louis XI et les villes alsaciennes et Luis XI. La guerre s’acheva par la mort en 1477 de Charles tué à la bataille de Nancy.

Le Téméraire mort, les états bourguignons sont disloqués. La fille de Charles, Marie de Bourgogne, récupère le Comté de Bourgogne (Franche-Comté) et les États Bourguignons du Nord, Louis XI, le duché (Bourgogne), l’Artois, la Flandre, la Picardie ; Mais Marguerite d’York, veuve de Charles, sœur des rois Édouard IV et Richard III, pousse la jeune Marie, âgée de 20 ans, dans les bras de l’archiduc d’Autriche Maximilien (1459-1519) qui l’épouse la même année 1477. Elle ouvre grande la porte des Pays-Bas Bourguignons qui tombent ainsi dans l’escarcelle des Habsbourg ; d’autant qu’en 1482, la mort d’une chute de cheval de Marie donne la régence des états du Nord à son époux qui deviendra Empereur des Romains sous le nom de Maximilien 1er en 1508.

En 1407, avait commencé la Guerre des Armagnacs et des Bourguignons (Voir Tome 1 : Événements Majeur) par l’assassinat, sur ordre de son cousin Jean-Sans-Peur, Duc de Bourgogne, du Duc Louis d’Orléans qui gouvernait à la place de son frère le roi Charles VI devenu fou. Jean et Louis étant tous deux petits-fils de Jean le Bon. Le dauphin, le futur Charles VII, réunissait autour de lui les conservateurs, favorables à un pouvoir centralisé, qui furent appelés les Armagnacs du nom de leur chef de file Bernard VII, Comte d'Armagnac. Les libéraux, la guerre étant autant économique que politique, partisans des libertés économiques, se rangeant derrière le Duc de Bourgogne.


Le Duc de Berry, oncle du roi, coalisent les duchés de Bretagne, d'Orléans et le Comté d'Armagnac pour défendre les intérêts du feu Duc d'Orléans et ceux du dauphin. De rudes batailles s’engagent entre les parties qui verront Paris successivement envahi par un camp puis par l’autre et la population massacrée. En 1419, Jean-Sans –Peur est assassiné à son tour en 1419 lors d’une entrevue avec le dauphin. Succédant à son père, Philippe III le Bon de Bourgogne, rallie l'Angleterre avec le soutien de la reine Isabeau de Bavière, épouse de Charles VI.

En 1420, dans le contexte de la Guerre de Cents Ans pour la

succession au trône de France, toujours en litige depuis 1338, le Traité de Troyes entre (officiellement) le Roi Charles VI et le roi d'Angleterre Henri V prévoit qu'à la mort du roi de France, Henri V ou son successeur accèdera au trône de France, évinçant ainsi le dauphin, le futur Charles VII, qui roi sans terre (du nord) se réfugiera à Bourges après le désastre d’Azincourt.

En 1435, par l’entremise de Charles 1er , duc de Bourbon, beau-frère de Philippe Le Bon, le Charles VII et Philippe de Bourgogne trouvère un accord par le premier Traité d’Arras qui mit fin à la guerre entre Armagnacs et Bourguignons : Le roi dut concéder à Charles VII les villes importantes de Picardie et le Comté de Macon et de plus, humiliation, dû demandé pardon de l’assassinat de Jean-Sans-Peur en contre partie de quoi Philippe renonçait à toute vengeance.

En 1482, le second Traité d’Arras fut au contraire favorable au roi Louis XI (1423-1483) qui a succédé à son père en 1461. Les États Bourguignons sont alors démantelés. Donc, à Louis XI, la Bourgogne ‘française’, à Marie de Bourgogne et Maximilien, le Comté de Bourgogne (Franche-Comté) et la Bourgogne du Nord (Pays-Bas et Belgique-Luxembourg) dont héritera avec l’Espagne et l’Empire, Charles-Quint.


La Révolte de la Bohème

La Moravie était depuis le XIIème siècle rattachée à la Bohême. C’est en Bohême du Sud que prit naissance le mouvement hussite initié par Jan Hus (1369-1415). Le mouvement se scinda rapidement en d’eux, les utraquistes qui pratiquaient la communion sous les deux espèces, et les taborites qui prêchaient déjà la communauté de biens, l’abolition de tous les privilèges, le refus de l’autorité de Rome, l’anabaptisme (M.Gandillac), mais aussi, de par les tristes expériences antérieures, la non-violence[11].


Jan Huss s’était rendu au concile de Constance en 1414 avec l’autorisation du roi de Germanie, Sigismond 1er[12] pour défendre ses postions et pour l’occasion celles du ‘dissenter’ l’anglais Wyclif (†1384). Mais le roi se rétracta et alors que le pape Jean XXIII venait lui-même d’être démis par la concile, Huss fut arrêté, condamné et mené au bûcher l’année suivante.

Dans le prolongement de la condamnation de Huss, avant la fin du concile, le pape Martin V promulgua une bulle contre les Hussites. Il s’en suivit une répression qui consista en une série de croisades qui s’étalèrent de la fin du concile au début du suivant, celui de Bâle en 1431. Au total, cinq campagnes seront menées par Sigismond et Rome contre les révoltés de Bohême. Les hussites bien organisés offrirent une forte résistance militaire qui leurs permit quelques victoires. Le conflit dura près de 25 ans.

  •  1419 : Défenestration à Prague des notables catholiques :
  •  Le Prêtre Jan Zclivsky prône la révolte des petits et prend d’assaut l’hôtel de ville de la capitale du Royaume de Bohème (qui englobait la Bohème et la Moravie).  Les édiles municipaux sont jetés par les fenêtres.
  • 1422 : Bataille du Mont Tábor en Bohême du Sud et victoire de Kutná Hora. Des fanatiques parcourent la Bohême, la moitié de l’Allemagne et la Hongrie où ils sèment la terreur.
  •  1431 : Victoires hussites à Tachov (1427) puis à Domažlice.
  • ·1434 : Les évêques schismatiques du concile de Bâle proposent alors d'accepter des aménagements à la doctrine officielle de l’église pour répondre aux Quatre Articles de Prague défendus par l'évêque de Tábor qui guide la révolte. Les Hussites obtiendront notamment le liberté du prédicat et la communion sous les deux espèces.
  • · En mai, les taborites, comme on les appelle en référence à la ville que les hussites ont construit en 1420, Tábor, sont défaits. Cette bataille, en fait, amorce la négociation entre catholiques et hussites modérés.
  • · En 1458, Georges de Poděbrady, hussite modéré, est élu roi de Bohême (http://www.voyage-prague.com/boheme/histoire-jean-huss.html)

Si le mouvement hussite était uni dans la bataille, il ne formait pas moins deux courants : Les Utraquistes et les Taborites. En 1436, les utraquistes se rallient aux catholiques tout en gardant le privilège de la communion sous les deux espèces. Les Taborites, anabaptistes, portés à la vie communautaire et au partage des biens, se retirent du monde pour instaurer un mode de vie qu’adopteront nombre de sectes comme celle de leurs contemporains, les Huttérites, et plus tardivement les sectes rurales des Amish et des Mormons (voir Réforme).

En 1457, se formera une nouvelle Église, l’Unité des Frères selon la Loi du Christ, que l’on désigne aussi comme les Frères Tchèques. Ceux-ci rompent avec les utraquistes et Rome et élisent leur clergé. Ils se rapprocheront d’abord des luthériens puis des calvinistes. Les Frères Moraves du XVIIIème siècle en sont issus. (Voir Réforme Protestante/Huttérites et Hussites /Hussites de Moravie et Âge Classique/Religion/Allemagne/Piétisme).


Les Guerres d’Italie 1494-1559

A la Renaissance, la péninsule n’est pas une entité politique mais un morcellement de cités-états, de duchés, de royaumes (Naples, Sicile), d’états pontificaux. La population est nombreuse et prospère. Des cités-états comme Venise, des duchés comme celui d’Urbino (côtes adriatique), de Ferrare, de Florence, gouvernés par de puissantes familles sont opulentes. Ce sont des centres d’où rayonne la Renaissance artistique, musicale, littéraire et philosophique. Une Italie, loin d’être unifiée, ne pouvait que susciter la convoitise des rois de France face auxquels s’opposera en 1519 l’empereur germanique et roi d’Espagne, Charles-Quint, donnant au conflit une dimension européenne. L’ambition de Charles de Habsbourg s’étendant non seulement au Milanais mais aussi à la Bourgogne « française » qui sera tour à tour annexée par l’un et l’autre camp, mais aussi par les Suisses. Papes, ducs, rois d’Angleterre et Suisses venant au gré des circonstances s’allier à l’un ou à l’autre. L’arrière-plan et réelle visée des uns et des autres n’est autre que géostratégique: affirmer sa domination sur l’Europe. Cette visée pan européenne sera une constante de l’histoire européenne va les guerres napoléoniennes et le Troisième Reich. Les onze guerres menées par la France dans la péninsule vont s’étendre sur plus d’un demi-siècle et occuper les règnes successifs de Charles VIII, Louis XII, François 1er et Henri II.


Au plan militaire comme à l’occasion de toutes guerres, l’armement des troupes va évoluer. Si au début des guerres, sous Charles VIII et Louis XII, la charge de cavalerie reste le point fort des armées comme ce l’est encore à la Bataille de Guinegatte (Pas-de-Calais) en 1514 où la chevalerie française est défaite par les Anglais de Thomas Wolsey, les chose vont changer quand l’artillerie française s’imposera à la Bataille de Marignan en septembre 1515. L’infanterie dotée d’arquebuse va remplacée la cavalerie.

Au plan culture, bien évidemment, les pénétrations successives dans la péninsule des forces étrangères, de leur rois et princes, auront permis à ses foyers artistiques et culturels de faire connaître leurs artistes et poètes si innovants et productifs qui, depuis déjà un siècle sur leur terre d’origine, révolutionnaient et les arts et la pensée. Les Provinces du Nord ont joué aussi leur rôle dès le XVIème siècle, notamment par les échanges avec le Sud, dans l’entrée de l’Europe dans les Temps Modernes.


Première Guerre de Charles VIII 1494-1497

Le premier à entrer en Italie avec ses troupes a été le fils de Louis XI, Charles VIII (1470-1483-1498) au début de l’année 1494. Ferdinand 1er de Naples (Ferrante d’Aragon), fils bâtard d’Alphonse V d’Aragon était roi de Naples depuis 1458. Charles VIII s’en arroge le titre car le roi de Naples ayant précédé les rois aragonais était le Bon Roi René (1409-1480). En 1481, le duché d'Anjou avait été rattaché à la France de Louis XI. Charles pouvait prétendre à la couronne de la Sicile Péninsulaire (Naples) en arguant de sa descendance et de son droit sur l’Anjou donc sur Naples. Accumulant les victoires, accueilli à Florence en sauveur par Savonarole, et après avoir pillé Rome et asservi le pape Alexandre VI, un Borgia, le roi entre en triomphateur dans Naples en 1495 mettant en fuite le roi Ferdinand II qui venait tout juste de monter sur le trône après le très bref règne de son père en fuite, Alphonse II de Naples (d’Aragon).

Charles VIII laisse une vice-roi sur place, le duc de Montpensier, et s’en retourne non sans devoir livrer une bataille à Fornoue (Province de Parme), au cours de laquelle malgré une infériorité en nombre, les français faisant montre de la fameuse furia francese mettent l’ennemi en déroute. Mais le roi et le peu de troupes qui lui reste vont devoir porter secours au Duc d’Orléans qui a voulu s’emparer de Novare (Piedmont) et qui se trouve assiégé par le Duc de Milan, Jean Galéas Sforza. Par le traité de Verceil en 1495, les troupes françaises de Novare peuvent se retirer mais ainsi laisse le champ livre au Duc de Milan. Quant au Duc de Montpensier, il se trouve assiégé par les troupes de Ferdinand II fraichement débarqué. Il capitule. La première guerre d’Italie est une traite aventure qui aura coûté fort cher à la France.

Charles VIII, le dernier des Valois direct, meurt tristement après s’être cogner la tête à un linteau de son Château d’Amboise.


Deuxième Guerre de Louis XII 1499-1500

Fils du poète Charles d’Orléans (1393-1465-Voir Tome 1/Poésie), neveu de Louis XI, surnommé ‘Le Père du Peuple’ aux états généraux de 1506, Louis XII (1468-1515), est le premier à monter sur le trône de la branche cadette Valois-Orléans. Roi en 1498, il prend la relève de la guerre en Italie dès 1499. Il a passé des accords avec Venise, Henry VII d’Angleterre et le roi consort[13] de Castille Philippe le Beau d’Habsbourg. Vénitiens et Français entrent dans le Duché de Milan en 1499 et Louis XII se fait couronner Duc de Milan. La France va rêgner sur le Milanais jusqu’en 1513. Ludovic Sforza dit le More (1452-1508), grand mécène (voir Arts) a choisi de se replier pour revenir l’année suivante et tenter de reprendre son duché. Il sera fait prisonnier par le chef de guerre Louis de la Trémoille à la seconde bataille de Novare en 1513. Emmené en captivité en France, il y meurt en 1508.


Troisième Guerre 1501-1504

En 1501, fort de son succès dans le Milanais, Louis XII vise à nouveau le Royaume de Naples. Il a signé un accord avec Ferdinand II d’Aragon dit le Catholique[14] (1402-1516). Ils se partagent le Royaume. Naples revient au roi de France auprès de qui le roi déchu Frédéric 1er, qui avait succédé à son neveu Ferdinand II, prend refuge. Frédéric, qui concède au roi le Royaume de Naples en contre partie des revenus du Maine, mourra en 1508 au Château de Plessis-Lez-Tors, près de Tours, où est mort Louis XI († 1483) et Charles VIII († 1498). La France perdra Naples en 1504 après une succession de défaites contre les troupes des rois catholiques qui n’ont pas accepté l’occupation par les français de certaines régions.


Quatrième Guerre 1508-1513

La quatrième Guerre d’Italie débute avec le Traité de Cambrai signé en 1508. Officiellement, ce traité regroupait les puissances européennes contre les Ottomans. Officieusement contre Venise. En 1509, les troupes coalisées envahissent la Lombardie. Celles du pape Jules II occupent la Romagne. Venise résiste et reprend des villes comme Padoue. Le pape finit par se mettre de la Sérénissime pour chasser les troupes françaises jugées par lui trop puissantes. Venise reconquiert ses terres. Venise détient le quasi monopole du commerce maritime de la Méditerranée et possède Chypre et les îles de la mer Égée.

En 1511 Louis XII convoque le Concile de Pise. Le pape convoque le concile de Latran et excommunie les participants au concile de Pise. Une Sainte Ligue se constitue réunissant la papauté, Venise, l’Espagne, l’Angleterre contre la France. Les troupes françaises battent les troupes de la Ligue en 1512 à la Bataille de Ravenne. Mais les armées d’Espagne et du pape aidées des suisses reprennent le dessus. Les Français sont chassés de Lombardie et c’est à nouveau un Sforza, Maximilien (1493-1530) qui retrouve la couronne ducale du Milanais. 

En 1513, toujours sous le commandement de la Trémoille et le condottière Jacques de la Trivulce, les troupes françaises prennent le Milanais qui le reperdent quelques mois plus tard à la seconde Bataille de Novare (voir 2ème Guerre). Face à la menace que représente le débarquement des troupes d’Henry VIII à Calais, auquel s’est allié l’Empereur Maximilien 1er, les troupes françaises regagnent la France.

La chevalerie, commandée notamment par Monsieur de La Palice, est battue par les Anglais commandés par le futur Lord Chancelier (1514) Thomas Wolsey à la Bataille de Guinegatte (Pas-de-Calais) lors de la journée dites ironiquement des Éperons pour moquer la cavalerie française qui joua plus de ses éperons pour se sortir du « bourbier » dans lequel elle était que de ses armes. Le chevalier Bayard (1476-1524) y est fait prisonnier. Au Sud, le Duc d’Albe de Castille prend au roi de Navarre Jean d’Albret, ancêtre de Henri IV, la Navarre Sud transpyrénéenne qui restera définitivement rattachée à l’Espagne. De leur côté, les Suisses s’emparent de Dijon. Louis de la Trémoille les payent pour quitter la Bourgogne et s’engage à ne plus avoir de vues sur l’Italie. Louis XII se fait fort de ne pas signer ce Traité de Dijon. Deux ans plus tard, ce sera Marignan.


Cinquième Guerre de François 1er 1515-1516

Neveu de Louis XII, premier roi de la branche Angoulême (cadette) de la branche Valois d’Orléans, François 1er monte sur le trône en janvier 1515, un an après avoir épousé sa cousine, Claude de France (Valois d’Orléans).

En septembre, il a déjà passé des accords avec Henri VIII et le futur Charles-Quint, Prince des Pays-Bas Bourguignons, afin de repartir à la reconquête du Duché de Milan tenu par les Suisses. Ces derniers seront battus à la célébrissime bataille de Marignan (Plaine du Pô). « Cette bataille se solde par 16.000 morts, ce qui fait d’elle la plus meurtrière depuis l’Antiquité. » (https://www.herodote.net /1494_1559-synthese-304.php).

 Le pape reconnaît en septembre 1515, au Traité de Viterbe, François 1er Duc de Milan.


Sixième Guerre 1521-1525

La rivalité entre le plus puissant monarque de la Renaissance et le roi de France, sans doute le roi le plus emblématique, jalonnera leurs règnes. L’élection de Charles d’Habsbourg à l’Empire en 1519 ne fera que l’aggraver après sa montée sur le trône d’Espagne en 1516.

En 1521, François 1er mène deux fronts. Allié à Henri II de Navarre[15], il attaque la Navarre espagnole, celle prise aux d’Albret en 1512 par le roi catholique Ferdinand II, et aux Pays-Bas espagnols. Une coalition se forme contre les français rassemblant le nouvel empereur Henri VIII et le pape Léon X en plein démêlé avec une Réforme débutante mais déjà ‘’prometteuse’’. Les 95 Thèses de Luther ont été placardées sur la porte de l’église de Wittenberg quatre ans plus tôt.

Charles-Quint a non seulement aussi des vues sur la riche Italie, mais aussi sur la Bourgogne. Au Nord, Bayard résiste courageusement aux troupes impériales de Philippe de Nassau. En Italie, par contre, la bataille de La Bicoque (devenu nom commun), près de Milan en 1522, voit la défaite des troupes françaises face aux armées de l’empereur et du pape.

 En 1523, le Connétable Charles de Bourbon[16] fait alliance contre son roi avec l’empereur. Le Chevalier Pierre Terrail Bayard[17], « sans peur et sans reproche », qui s’illustra à la Bataille de Guineguatte (1513, voir 4ème Guerre) et qui sur le champ de Marignan adouba le roi lui-même, mourra en 1524 à la Bataille de Romagnano (Piémont) en protégeant l’arrière des troupes françaises pourchassées par les mercenaires du Connétable. A la Bataille de Pavie, en 1525, La Trémoille et La Palice trouvent la mort. François 1er est fait prisonnier. Par le Traité de Madrid de 1526, il recouvre la liberté mais la France doit ‘’lâcher’’ la Bourgogne, la Flandre et l’Artois et toutes prétentions sur l’Italie. Son beau-frère Henri d’Albret, mariée à sa sœur ainée, Marguerite d’Angoulême, doit renoncer à la Navarre Outre-Pyrénées. Au prétexte d’une santé par trop fragile (feinte ?) lors de son emprisonnement en Espagne (Valence puis Madrid), François 1er dès son retour en France fait dénoncer le traité par le Parlement de Paris.


Septième Guerre 1526-1529

Alors que Léon X avait cherché le soutien de l’empereur face

aux réformateurs, le pape Clément VII (Jules de Médicis) craignant la trop grande puissance de l’empereur se rapproche, lui, du roi français tandis que celui-ci se tourne vers Venise. L’Angleterre et le Duché de Milan viennent s’adjoindre à la coalition pour former en cette même année 1526 la Ligue de Cognac (ville natale du roi) contre l’empereur Charles-Quint.

La septième guerre dite Guerre de la Ligue de Cognac peut commencer mais la situation est trouble. D’un côté les troupes impériales sont mal en point et tout autant mal payées. Le Connétable de Bourbon qui les commandent les assurent qu’elles pourront se payer sur le saccage des villes. Alors que Soliman le Magnifique (1494-1520-1566) vient de battre les Hongrois, le pape espère pouvoir négocier avec l’empereur au vu de la menace que le Sultan représente. Mais en 1527, le Connétable ordonne la prise de Rome. Il est tué au cours de l’assaut. Ses troupes saccagent Rome et arrivent à prendre d’assaut le Château-St Ange où le pape et la curie se sont réfugiés. Le pape est condamné à verser une rançon de 70000 ducats de Venise, soit 70000 fois 3,45g d’or soit plus de 240kg d’or.

Après le sac de la ville de Saint Pierre, les troupes impériales se dirigent l’année suivante sur Naples que les Français entre temps ont tenté d’occuper. Ils subissent un double revers, celui des lansquenets allemands et celui de la défection du condottière Génois Andrea Doria. D’abord amiral au service de François 1er, Doria avait battu la flotte de Charles-Quint en 1524. En 1528, il se met au service de l’empereur, François 1er ayant fait défaut à ses engagements favorables à la ville de Gène.

En mai 1529, le roi et l’empereur signent la Paix de Cambrai. Si François 1er ne récupère pas la Flandres et l’Artois et abandonne ses ambitions Italiennes, il récupère la Bourgogne. Ses fils François III, duc de Bretagne (†1536) et Henri, futur roi, qu’il a eu avec Claude de France, Duchesse de Bretagne (†152), sont libérés après avoir été retenus en otages après la défaite de Pavie. François se voit contraint d’épouser en 1530 comme cela avait été déjà stipulé dans le Traité de Madrid, la sœur de l’empereur, Éléonore de Habsbourg (†1558)[18].


Huitième Guerre 1535 – 1538

La Huitième Guerre sera placée sous le signe de la Réforme. Les Princes allemands du Nord se sont rebellés contre l’empereur en constituant en 1531 la Ligue de Smalkalde dont les troupes finiront par être écrasées à Mühlberg en 1547. Il est à rappeler qu’en 1534, eut lieu L’Affaire des Placards qui d’un François 1er jusqu’alors plutôt conciliant envers les calvinistes entama une répression que ne fit qu’aggraver son fils (Voir Réforme/ France/Affaires des Placards).

Pourtant, François 1er se fera fort de s’allier aux protestants germaniques contre l’empereur (voir Réforme/Allemagne). Il n’hésitera pas non plus à passer des accords avec les Ottomans qui sont montés jusqu’aux portes de la Pologne. Tandis que Charles Quint soutient le pape Paul III qui finira malgré les vives tensions entre l’empereur, François 1er et les Princes Allemands par ouvrir en 1545 le Concile de Trente, le concile de la Contre-Réforme.

Armées française et armée impériale s’affronte en Provence et en Picardie. En 1538 sera signé la paix de Nice sans qu’elle apporte quelque résolution ni profit aux belligérants.


Neuvième Guerre 1542-1546

En 1540, l’empereur octroie le Milanais à son fils Philippe, futur roi d’Espagne. Aussitôt François 1er déploie ses troupes. Le Duc d’Orléans les dirigent sur les Pays-Bas, le dauphin, le futur Henri II, alors âgé de 31 ans, vers le Comté du Roussillon situé à cheval sur les Pyrénées Orientales. Le chef de guerre, mémorialiste, vice-roi du Piémont et grand-oncle du poète Joachim, Guillaume du Bellay, les dirige sur le Milanais. Deux ans plus tard, l’ensemble des troupes françaises est battu par les troupes impériales qui ont trouvé un soutien en la personne d’Henry VIII. Les Écossais de Jacques V Stuart (ou Stewart), qui a passé accord avec le roi de France, sont battus à la bataille de Solway Moss en 1542 lors de leur tentative d’invasion de l’Angleterre.

Une série de bataille va engager Français alliés aux Turcs contre Espagnols et Anglais. Après leur échec de la prise de Nice bien que soutenus par la flotte musulmane, la Bataille de Cérisoles verra au Piémont la victoire des français sur les impériaux. Suite à son alliance avec l’empereur en 1543, Henry VIII fait débarquer ses troupes à Calais et vise Boulogne. Charles Quint fait avancer ses troupes des provinces du Nord vers Paris. Sans succès ni pour les uns ni pour les autres. En 1544 est signé la Trêve de Crépy-en-Lannois. Roi et empereur, tous deux ruinés, doivent renoncer à leur ambitions territoriales : François 1er rend la Flandres et l’Artois; Charles-Quint rend la Bourgogne. Quant au Milanais, prévu pour être la dot de Charles, troisième fils de François 1er avec Anne d’Autriche, nièce de l’empereur, il restera aux mains de Philippe (II) d’Espagne, le mariage n’ayant pu avoir lieu à cause de la mort de Charles en 1545. Dans leur ensemble, aucunes clauses de la trêve ne seront respectées.

La guerre commencée deux ans plus tôt avec les anglais se poursuit jusqu’au traité d’Ardres en 1546 qui fait à Henry VIII rendre le Bolonais à la France, mais en contre partie du versement de 140000 écus d’or (1écu soleil= 3,45gr, soit 480kg d’or) . Calais restera anglaise jusqu’en 1558 après une occupation de deux siècles, depuis 1346 au début de la Guerre de Cent (voir Tome 1, Guerre de Cent ans/ Les Six bourgeois de Calais)


Dixième Guerre d’Henri II 1552-1556

A la mort de son père en 1547, Henri II va poursuivre son action politique et guerrière au plan européen contre l’empereur et intensifier sa lutte contre les calvinistes. Pour autant, il va s’allier aux princes allemands du Nord et garder le soutien du pape Paul III Farnèse et de Soliman le Magnifique (1494-1566). Charles-Quint (†1558) est très diminué par la goutte. Sa santé va l’obliger à confier à son fils Philippe (II) d’abord le duché de Milan dès 1540 avant que celui-ci ne soit roi de Naples et de Sicile en 1553 -année où il épouse Marie-Tudor (†1558)- puis prince des Pays-Bas en 1555, roi d’Espagne en 1556. Par contre, l’empereur n’abandonnera pas la couronne impériale bien qu’il ait chargé son frère Ferdinand 1er d’en assurer la charge. Ce dernier ne sera empereur du Saint Empire sous le nom de Ferdinand 1er († 1558) qu’à la mort de son frère ainé en 1555.

Le nouveau souverain pontife, Jules III († 1555), veut s’allier à l’empereur mais la réaction d’Henri II, la pression des troupes des deux principaux et puissants protecteurs de Luther, les princes protestants, Johann-Frédéric 1er (1503-1554), Grand Électeur de Saxe, et de Philippe Ier (1504-1587), Landgrave de Hesse, est telle que le pape fait marche arrière et doit même suspendre le Concile de Trente.

En 1552, Henri II prend possession des fameux trois évêchés de Metz, Toul et Verdun avec l’aval des princes allemands. L’accord est signé au Traité de Chambord la même année. Charles-Quint va tenter de les récupérer tandis que la République de Sienne parvient à chasser ses troupes et fait appel à la France. La Guerre de Sienne va s’étaler sur trois années. En 1555 la ville est reprise par les espagnols qu’ils remettent au duché de Florence, future capitale du Grand Duché de Toscane (Cosme 1er de Médicis,1569[19]). Pendant ce temps, des villes du Nord comme Dinant, Bruxelles, Renty sont l’objet de sièges des uns ou des autres.

En 1556 est signée la Trèves de Vaucelles par laquelle la France garde les trois évêchés, la Savoie et la Corse[20].


Onzième Guerre d’Italie 1557-1558

Paul IV[21], pape depuis un an, fortement anti-impérialiste (il a excommunié Philippe II et son père) veut que le Royaume de Naples revienne aux Français qui viennent en 1557 à sa rescousse avec l’armée du Duc François de Guise, mais sans succès. Un an plus tard, le duc et ses troupes s’en retournent en France et le pape se réconcilie avec le roi d’Espagne, alors Philippe II, qui s’empresse d’assiéger St Quentin (Picardie). L’amiral de Coligny – assassiné lors du massacre de la St Barthélémy a pu entrer dan la ville mais ne parvient pas à la défendre. Le Connétable Anne de Montmorency[22], qui tente de lui porter secours est vaincu à la décisive Bataille de Saint Quentin. Il sera fait prisonnier par les Espagnols et la ville tombera.

François de Guise que le roi a rappelé d’Italie prend Calais aux anglais en 1558. Si, à l’extérieur, la situation tourne à l’avantage de la France, à l’intérieur du royaume, les tensions sont de plus en plus vives entre catholiques et huguenots. Le mouvement calviniste, malgré la sévère répression d’Henri II (Voir Réforme/ France), monte en puissance et voit de hauts nobles se rallier à lui dont, la sœur-même du roi, Marguerite de France[23] (†1574), Antoine de Navarre (Bourdon-Vendôme), roi de Navarre, père du futur Henri IV et le Prince de Condé (Bourbon) qui sera à la tête des protestant lors des premières Guerres de Religion. Henri II est victime lui-même d’une tentative d’assassinat en cette année 1557 par un surnommé Caboche, écolier de Meaux qui se jette sur lui une épée à la main, criant « Dieu m’a commandé que je tue[24] ». 

A cela s’ajoute la faillite du Grand Parti de Lyon, emprunt de guerre lancé par Henri II en 1555. Le roi se voit contraint de réunir en 1558, les États Généraux (représentants de la Noblesse, du Clergé et élus du Tiers-État) pour remédier à la crise.

A l’extérieur, Henri II trouve un allié involontaire contre la poussée du protestantisme en la personne de Philippe II. Son épouse Marie Tudor, Marie la Catholique, devenue reine d’Angleterre à la mort de son père Henri VIII, quatre ans plus tôt, et qui imposa brièvement le catholicisme en son royaume, meurt laissant le trône à l’anglicane Élisabeth 1ère. Celle-ci d’ailleurs, dans un esprit d’unité ménagera la chèvre et le chou. (voir Réforme/ Anglicanisme).

Les conditions sont réunies pour que soit signée La Paix de Cateau-Cambrésis. Mais cette paix aux frontières, livre les catholiques et protestants français à se faire la guerre.


Traité de Cateau-Cambrésis

Les deux Traités de Cateau-Cambrésis 1559 vont mettre

  • d’une part fin à la guerre entre l’Angleterre et la France. Calais qu’un an plus tôt le Duc François de Guise avait repris aux anglais alors en leur possession depuis le début de la Guerre de Cent Ans, en 1346, reste définitivement française. Henri II ne doit pas moins verser 500000 écus à la nouvelle reine d’Angleterre, Élisabeth 1ère. St Quentin et d’autres villes de la Somme sont rendues aux Français. Un an plus tôt, Henri II avait déclarée sa belle-fille, épouse de son fils François II, reine d’Angleterre de par sa grand-mère Marguerite Tudor, sœur d’Henry VIII. Mais Élisabeth, seconde fille de ce dernier, a pris le pouvoir la même année 1558, à la mort, de sa demi-sœur, Marie 1ère Tudor.
  • et d’autre part fin à la guerre entre la France et l’Espagne qui aura duré une quarantaine d’année, entre François 1er et Charles-Quint et leurs fils Henri II qui mourra tragiquement quelques mois plus tard et Philippe II. C’est-à-dire de la 5ème à la 11ème Guerre d’Italie. Guerres qu’avaient déjà entreprises pour leur visée sur le Royaume de Naples, Charles VII et Louis XII.


Le traité avec l’Espagne a été voulu et préparé par Anne de Montmorency alors prisonnier des Espagnols depuis un an, espérant la fin de ces guerres désastreuses et sa propre libération. Si Henri II doit abandonner toutes prétentions sur l’Italie (Royaume de Naples et Duché de Milan) et la Savoie (le Piémont), il conserve les trois évêchés de Metz, Toul et Verdun

Pour sceller cet accord, il est convenu que Henri II donne en mariage sa sœur Marguerite de Valois (de France, de Savoie † 1574, à ne pas confondre avec sa nièce la Reine Margot (†1615), épouse du futur Henri IV)[25], à son grand-cousin le duc de Savoie Emmanuel-Philibert, et sa fille Élisabeth à Philippe II. Une fête est organisée en vue de la préparation des célébrations. Un grand tournoi, le Tournoi des Tournelles, est donné dans l’actuelle rue St Paul à Paris, au cours duquel Henri II, qui porte les couleurs (noir et blanc) de sa maîtresse Diane de Poitiers[26] sera mortellement blessé à l’œil par le Comte de Mongomery qui devra prendre la fuite. Le roi est amené quelques pas plus loin en sa demeure sise sur l’actuelle Place des Vosges. Les soins qu’Ambroise Paré a tenté de lui prodiguait pour calmer la douleur auront été vains. Il meurt 10 jours plus tard dans une atroce agonie. Il a 40 ans comme son épouse Catherine de Médicis ; Diane en a 60 mais restée toujours belle par le grand soin qu’elle porte à son corps et à son visage, paraît plus jeune que son royal amant perclus de rhumatismes et édenté[27]. Les unions prévues n’en eurent pas moins lieu.

Si ces traités sortaient la France de guerres infructueuses et ruineuses, ils laissaient, hormis la Sérénissime, les mains libres à l’Espagne pour à la fois affermir sa domination sur une Italie bien loin encore d’être unifiée, et à la fois de s’allier la papauté dans lutte contre le protestantisme.


La Guerre des Communautés de Castille

Sous le nom des Comunidades de Castille ont désigne la révolte des communautés de Castille dont les plus importantes sont Tolède, Burgos, Salamanque et Ségovie. Ce soulèvement commence en 1520 lorsque Charles-Quint, empereur depuis un an, quitte la péninsule ibérique pour la Germanie après avoir nommé comme Vice-Roi Adrien d'Utrecht, son précepteur, futur pape sous le Adrien VI en 1522 pour moins de deux ans. Ses origines germaniques autant que son origine sociale modeste et son entourage flamand le font détester de la cour.


Les comuneros vont d’abord former la Santa Junta (Sainte Ligue) à Ávila (entre Madrid et Valladolid au nord). Ils vont ensuite se regrouper à Tordesillas (près de Valladolid) et former un (prétendu) gouvernement. Ils espèrent l’appui de la reine Jeanne La Folle, mère de Charles-Quint, que son mari, Philippe le Beau d’Habsbourg, a faite enfermer dans la forteresse et où son fils la maintient. La noblesse, elle aussi, forme bloc. L’armée va déloger de la ville à la fin de l’année 1520, les révoltés qui après cette première bataille - il y en aura trois- se replient sur Valladolid. Quelque six mois plus tard, second bataille, dont ils sortent vainqueur avec la prise de la forteresse de Torrelobatón, toujours dans la province de Valladolid. Mais ils seront définitivement vaincus un an plus tard, non loin de là, à la troisième et dernière bataille de Villalar au cours de laquelle un millier de comuneros seront tués. Leurs chefs sont exécutés. Tolède tiendra encore un an avant de tomber. Le bilan sera lourd du côté des révoltés. Les accrochages entre les trois batailles auront aussi été sanglants.

De courte durée fut cette guerre civile mais d’une grand importance dans l’histoire de l’Espagne moderne, et d’une retombée non négligeable sur celle de l’Europe. La noblesse ne fut pas gagnante qui perdit de son influence sur un pouvoir royal tendant à l’absolutisme.


« Les villes insurgées sont soumises au paiement d'importantes indemnisations, qui entraînent la ruine des villes manufacturières comme Ségovie, face au triomphe des marchands exportateurs de Burgos, et affaiblit une grande partie de l'industrie du royaume, déjà fragilisée par l'absence de politique protectionniste ».
(http://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/Guerre%20des%20Communaut%C3%A9s%20de%20Castille/fr-fr/)

« Le sort de cette révolution s’est joué en octobre 1520 quand la Junta a perdu Burgos : la bourgeoisie marchande, la seule qui existait en Castille, n’a pas cru en cette révolution … Les Comunidades sont une révolution moderne, mais c’est une révolution prématurée : elle cherche à donner le pouvoir politique à une bourgeoisie encore faible ou qui, là où elle existe, préfère l’alliance avec l’aristocratie et la tutelle de la monarchie ».

(Joseph Pérez, Les Comunidades De Castille et leurs Interprétations, Cahiers du Monde Hispanique 1982/38, https://www.persee.fr/doc/carav_0008-0152_1982_num_38_1_1598).


Les Guerres de Religions en France

De 1562 à 1598 se déroulera, en France, une guerre religieuse qui s’échelonnera en plusieurs conflits sanglants opposant catholiques à leurs antagonistes majoritairement calvinistes qui s’appelleront désormais huguenots[28]

Il s’agit en fait d’une seule et même guerre dans laquelle s’affrontent les deux confessions, mais les historiens la divisent en autant d’épisodes qui la jalonnent. Ainsi huit guerres de religions : 62-63, 67-68 et 68-70, 72-73,74-76, 77, 79-80, 85-98 ; chacune s’achevant sur une suspension momentanée que conclut un édit ou une paix qui ne seront pas respectés. C’est dans cette seconde moitié du siècle que les protestants français, devenus majoritairement calvinistes, seront désormais appelés huguenots.

Ces guerres auront vu s’opposer des chefs militaires tels que :

  • du côté des protestants : les Ducs de Bourbon-Condé : le père Louis 1er et le fils Henri 1er de Bourbon et le cousin de ce dernier, le futur Henri IV qui inaugurera la branche royale des Bourbons, ainsi que l’Amiral de Coligny qui après avoir échappé la veille à un attentant sera le premier assassiné de la fatidique nuit.
  • du côté des catholiques, outre les Guises dont Henri 1er dit le Balafré (†1588) et les Montmorency, le Duc d’Aumale, Antoine de Bourbon, père d’Henri IV et Lieutenant Général, et encore Louis de Montpensier (Bourbon-Vendôme), Léonor d’Orléans, Duc de Longueville,


La Nuit de La Saint Barthélémy

Alors que Henri III de Navarre, futur Henri IV, chef de file des Huguenots, se marie le 18 août avec la Reine Margot, sœur du roi de France, Charles IX, la Nuit de la St Barthélémy survient quatre jours plus tard. Avec l'assassinat du Duc François de Guise, chef des catholiques quen 1563, cet épisode reste inscrit dans la mémoire collective comme le point culminant des Guerres de Religions. Ce massacre des protestants, perpétré dans la nuit du 23 au 24 août, est à l’initiative des chefs catholiques à la tête desquels se trouve le Duc Henri 1er de Guise. Ils veulent en finir avec les huguenots en supprimant purement et simplement leurs chefs. Ce complot contre les chefs de file protestants tourne dans une capitale sous extrême tension au massacre des protestants. La population parisienne, qui a été armée pour contrevenir à toute sédition, les milices et les différents corps de garde vont participer jusque dans les jours qui suivent à une tuerie qui verra quelque 3000 réformés, venus fêter le mariage, assassinés sur la seule place de Paris. Le nombre des victimes sur l’ensemble de la France est incertain, entre 10000 et 30000. Les huguenots furent non seulement occis mais aussi mutilés, énucléés. La justification d’un tel carnage était justifié par le fait que c’était le diable qui agissait en eux, seul Satan pouvait les avoir pousser à adopter une telle (fausse) religion. Le pouvoir royal va se faire encore plus intransigeant envers les Huguenots : interdiction du culte, annulation de tous leurs droits acquis par les édits précédents.

Le Connétable Ann de Montmorency trouvera la mort lors de la seconde bataille qui vit s’affronter à St Denis (près de Paris) les protestants menés le Prince de Condé et l’Amiral Coligny[29], et les catholiques menés par le connétable. Blessé au visage, il continue le combat et reçoit alors une balle de mousquet mortelle dans le dos. Ambroise Paré tentera en vain de le sauver.


L’Union des Provinces du Sud

L’interprétation par les historiens d’un épisode de cette guerre, la constitution de l’Union des Provinces du Sud, reste controversée. Certains historiens voient en cette structure établie par des huguenots en 1573 à Millau (Aveyron) une tentative de la création d’un état autonome en scission avec le royaume ; d’autres n’y voient qu’une organisation locale de réformés dans le souci d’une réelle autonomie des provinces, sans scission avec le pouvoir royal mais détenant des droits comme celui de constituer des assemblées décisionnaires en matière de justice et de taxes au niveau local et régional.


Les Sièges de La Rochelle

La ville de La Rochelle, une des plus importantes places fortes du protestantisme, avait déjà connu en tant que port important plusieurs sièges durant le Moyen-Âge. Celui de 1573 sera un des moments cruciaux de la 4ème guerre. La ville sera à nouveau assiégée en 1621-22. Ce siège connu sous le nom de ‘Blocus de La Rochelle’ est considéré comme la première révolte des protestants après l’Édit de Nantes de 1598. Un dernier siège aura lieu en 1626-27 sous le commandement direct de Richelieu, siège qui aura pour conséquence la capitulation définitive de la ville. Un tableau célèbre où l’on voit Richelieu en cape rouge au milieu des fortifications du port a immortalisé ce siège.


L’Édit de Nantes
Le Contexte

Le dimanche 25 juillet 1593, Henri IV, intronisé quatre ans plus tôt, entra dans le « giron de l’Église catholique, apostolique et romaine » en déclarant devant les prélats qui l’attendaient à l’entrée de la Basilique Saint Denis, « le vouloir et le désirer sincèrement ». L’abjuration, sincère ou pas, fut acquise pour tous. Henri IV devait d’un côté soumettre la Sainte Ligue et de l’autre convaincre les huguenots récalcitrants de sa ‘bonne’ foi. Le royaume devait retrouver l’unité et le roi devait être le roi de la paix. Les huguenots vont revendiquer leurs droits. Pendant trois, ils vont tenir des assemblées dans différentes villes avec lesquelles le Conseil du roi entretiendra des relations suivies, tout en soufflant le chaud et le froid.

Par ailleurs, le Duc de Mercœur restait le dernier des chefs ligueurs tenait toujours la Bretagne (intégrée à la France en 1532) dont notamment Nantes qui a toujours été une place forte de la ligue. Il rend les armes en 1598 alors que son alliée, l’Espagne de Philippe II, épuisée par les conflits sans succès avec Pays-Bas, opte pour la paix par le Traité de Vervins qui rend à la France nombre de places-fortes.

L’Édit de Nantes

Le 2 mai 1598, l’Édit de Nantes qui comprend 92 articles publics, 52 tenus secrets jusqu’à l’enregistrement au Parlement et 2 brevets, est enregistré par le Parlement de Paris. Les points essentiels en sont

  • la liberté de conscience,
  • la liberté de culte mais ramenée à une pratique locale et privée - les protestants de Paris étant exclus de ce droit-
  • l’égalité des droits juridiques, civiques et dans l’exercice des charges et fonctions publiques,
  • · la reconnaissance d’une organisation militaire protestante occupant des places de sûreté indépendantes constituant, de fait, ce que l’on appelé « un état dans l’état ». Nantes, Montpellier, Nîmes, Mantes font partie de la centaine de ces places sous la gouvernance des huguenots.

Malgré un accueil contrasté, réservé, cet édit marque une avancée vers la tolérance. Il est intitulé exactement :

« Édit de Nantes en faveur de ceux de la religion prétendue réformée, signe la fin d’une lutte intestine qui aura duré plus 30 ans et que tout le monde voulait voir finir. Le premier article stipule que « la mémoire de toutes choses passées d'une part et d'autre, depuis le commencement du mois de mars 1585 jusqu'à notre avènement à la couronne et durant les autres troubles précédents et à leur occasion, demeurera éteinte et assoupie, comme de chose non advenue».

La Révocation

En 1682, le Roi Soleil s’installe définitivement au Château de Versailles dont les travaux sont en voie d’achèvement. Il est à un tournant de son règne. Un an plus tard, il épouse secrètement Madame de Maintenon dont l’influence religieuse sur la personne royale est patente. En 1685, soit deux ans après ce mariage, Louis XIV révoque par l’Édit Fontainebleau, l’Édit de Nantes.

« Avec l'Édit de Fontainebleau, le roi interdit la pratique du culte protestant, ordonne la démolition des temples et des écoles, oblige à baptiser dans la foi catholique tous les enfants à naître, ordonne aux pasteurs de quitter la France mais interdit cependant aux simples fidèles d'en faire autant, sous peine de galères. » (Richard Fremder https://www.herodote.net/18_octobre_1685-evenement-16851018.php)

Pour le monarque absolu et pour les noms restés illustres qui l’entourent, il ne saurait continuer d’exister dans une France « fille ainée de la Chrétienté », une religion à part, autre que la catholique que la Contre-Réforme a mené à sa pleine expression.

L’Édit de Fontainebleau entérine la répression des huguenots qui subissaient depuis 1681, les dragonnades qui se poursuivront au-delà de 1685 : Pour obliger les protestants à la conversion, des corps de dragons viennent habiter dans certaines villes particulièrement favorables au protestantisme. Les dragons s’installent en maître chez les protestants et sans se contenter d’être nourris et logés, ils dépensent l’argent de leur « hôte », vendent leur biens, maltraitent leurs femmes et leurs enfants. La méthode s’est avérée très efficace. La révocation aura entrainé l'exil de 100 000 à 20 000 huguenots. Cet exil est appelé par les historiens ''Le Grand Refuge".


De l’Affaire des Placards au Siège de La Rochelle

En 1534, éclate l’Affaire des Placards : Des calvinistes affichent dans différents lieux de France, jusque sur la porte de la chambre du roi, à Amboise, des placards écrits par un disciple du suisse réformé Zwingli, Antoine Marcourt, et imprimés à Zurich. Jusque là, plutôt conciliant avec eux, plus ou moins sous l’influence de sa sœur, Marguerite, qui fera de la Navarre une place forte du calvinisme, François 1er , se voyant cette fois-ci humilié et considérant cet acte comme une atteinte au droit divin du roi, va commencer une répression que ne fera qu’accentuer son fils Henri II. Les tensions entre les deux parties iront crescendo et le Colloque de Poissy en 1561 organisé par la régente Catherine de Médicis - son mari Henri II est mort deux ans plus tôt- pour tenter d’apaiser la situation aboutira à un échec. La révocation de l’Édit de Nantes par l’Édit de Fontainebleau en 1682 par Louis XIV, promulguera l’interdiction du culte calviniste et la destruction des lieux de culte.

La répression des Huguenots donnera lieu à de nouveaux affrontements. La Rochelle, place forte des huguenots sera plusieurs fois assiégée. Le siège le plus connu est celui du ‘Blocus de La Rochelle’ en 1621-22. Il est considéré comme la première révolte des protestants après l’Édit de Nantes de 1598. Le dernier siège 1627-28  a été rendu célèbre par le tableau peint en 1881 par Henri-Paul Motte montrant  le Cardinal Richelieu sur la digue défensive qu’il a faite construire pour bloquer l'entrée de  la flotte britannique dans le port.



La Révolte des Gueux-Guerre de 80 Ans

Au début des années 1560 commence à s’élever dans toutes les classes de la populations des Pays-Bas espagnols (Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Flandres) un mécontentement général contre la politique intransigeante de Philippe II qu’incarne le Cardinal Grandvelle. Mécontentement qui touche aussi bien le petit clergé qui voit ses prérogatives réduites de par l’inquisition, que la population notamment calviniste et que les nobles. Guillaume 1er d’Orange-Nassau (1533-1584)[30], fidèle jusqu’alors à Charles Quint, stathouder des Provinces du Nord (Pays-Bas actuels) demande la convocation des états-généraux, ce à quoi se refuse le cardinal. 

La rébellion se propage dès 1561 en Flandres, Artois et dans le Hainaut. Les sectaires (calvinistes) sont particulièrement actifs. Deux d’entre eux, condamnés au bûcher, sont délivrés par la force à Valenciennes. En 1564, les prisons sont forcées à Bruxelles. Guillaume abandonne ses fonctions. En 1566, catholiques et calvinistes, unis, présentent à la régente Marguerite de Parme (d’Autriche), fille naturelle de Charles-Quint, un texte appelé Compromis des Nobles qui conteste la politique menée par les représentants du roi. Ils sont traités par le conseiller de la régente de « gueux ». Ils vont fièrement revendiquer cette dénomination.


Août 1566, le pillage des églises d’Armentières (Flandres) par les sectaires marque le véritable commencement de la Révolte des Gueux. Les pillages se répandent sur plus de 400 églises. Les troupes du Duc d’Albe vont exercer une répression féroce sur les révoltés qui sont tués ou exécutés par centaines.

En mars 1567, c’est Valenciennes qui subit la répression des troupes royales menées par Philippe de Noircarmes, gouverneur du Hainaut. En 1568, le Comte d’Egmont, catholique, ami et collaborateur de Guillaume, fervent adversaire de la politique de Philippe II, est décapité à Bruxelles.

En 1579, Guillaume proclame par l’Union d’Utrecht, l’autonomie des Provinces-Unies[31], sept provinces du Nord sur les dix sept provinces qui constituaient la Belgique ou Pays-Bas Espagnols, sous domination espagnole. Sont ainsi constituées les Provinces-Unies dont l’indépendance de fait sera entérinée en 1648 au Traité de Westphalie


La Révolte des Gueux va se prolonger en la Guerre de Quatre Vingt Ans (1568-1648) jusqu’à ce Traité de Westphalie qui proclamera officiellement une indépendance des Pays-Bas (provinces du nord) déjà de fait, tandis que la Belgique (provinces du sud) sera maintenue sous dominations espagnole puis autrichienne jusqu’à la révolution de 1789.

Deux batailles préparèrent à cette indépendance. En 1596, la France d’Henri IV s’allia à l’Angleterre d’Élisabeth 1ère par le Traité de Greenwich, alors que l’Angleterre est toujours en guerre contre l’Espagne. Traité auquel se joindront les provinces du Nord. Et en 1595, le Prince et Stathouder Maurice de Nassau (1567-1625) qui dirige les troupes hollandaises et anglaises composées de cuirassiers (chevalerie lourdement équipée), remporte l’importante victoire de Turnhout en Belgique sur une armée espagnole mise en déroute. Importante bataille au plan d’une nouvelle tactique de combat et au plan psychologique sur l’implantation dans les esprits d’une reconnaissance européenne de l’autonomie des Pays-Bas.


L’Invincible Armada 1588

Le très catholique Philippe II d’Espagne décide d’envahir une Angleterre qui a développé une flotte marchande qui concurrence sérieusement le commerce maritime espagnol (Voir John Drake). En 1558, une flotte espagnole de 130 navires, appelée la Très Heureuse Armada (du moins à l’origine) est armée avec quelques 30000 hommes à leur bord. Alors qu’elle a jeté l’ancre devant les côtes françaises de la Manche, à Gravelines, en pleine nuit la flotte anglaise, qui compte, elle, 197 navires mais seulement 15000 soldats, lance à la dérive des brûlots, de petites embarcations enflammées et pleines d’explosifs. La flotte espagnole est obligée de fuir et d’ainsi se disperser. Alonso Pérez de Guzmán el Bueno y Zúñiga, 7ème duc de Médina Sidonia qui n’a aucune expérience militaire et encore moins navale, ne pourra jamais regrouper ses navires sous le feu nourris des canons anglais. Le Duc de Parme qui devait lui porter renfort pour le débarquement sur les côtes de la Blanche Albion, fait défaut. Quelques 112 navires arrivent à prendre la fuite par le Nord. Nombreux s’échoueront sur les côtes d’Écosse et d’Irlande et les équipages massacrés par les populations locales. Peu seront ceux qui retrouveront la terre d’Espagne.


Sur Les Mers et Au-Delà 

Les Grandes Découvertes

Les Grands Voyages que l’on appelle généralement les Grandes Découvertes seront motivés par deux raisons essentielles. D’abord, la découverte de nouvelles sources aurifères sur les côtes africaines, que les mines soient exploitées ou non par les habitants des régions. Depuis le XIVème siècle, les ressources en or européennes sont épuisées et l’on sait déjà que certaines zones de l’Afrique en possèdent. Les premières explorations maritimes portugaises se porteront vers les côtes ouest du continent africain. Ensuite, sur la base entre autres des récits des pécheurs anglais partis à la recherche de nouvelles pêcheries, les explorateurs chercheront ce fameux passage à l’ouest pour tenter d’atteindre la Chine et l’Inde. C. Colomb débarquant à Saint Domingue sera persuadé d’être en Asie.


La recherche de nouvelles voies maritimes commerciales comme la recherche de l’or, de l’argent, de minéraux précieux vont entrainer obligatoirement l’implantation de comptoirs sur les côtes. Comptoir qu’il faudra fortifier pour se défendre des attaques des indigènes avec lesquels on traite et tracte quand même. Après Colomb, progressivement, toujours sur l’ordre obligatoire et préalable -appelé capitulation[32] - des rois d’Espagne, Charles-Quint et Philippe II, les conquistadors, vont s’enfoncer dans les terres des îles et la Tierafirme (Terre-Ferme) pour les conquérir en même temps que des populations seront expédiées pour coloniser ces terres nouvellement conquises. Après le massacre des indiens suivra la Traite des Noirs pour les remplacer. Découvertes et colonisation iront toujours de pair. La France ne manifesta que très tardivement au XVIIème siècle sont véritable désir de coloniser le Canada souhaitant plus à l’origine établir des comptoirs comme à Terre-Neuve, Québec et Montréal.


Toutes les expéditions qu’elles soient d’exploration ou de colonisation, qui n’étaient entreprises que sur ordre royal, faisaient l’objet d’âpres négociations entre le roi et le Capitaine Général commandant la flotte et les opérations à terre. Dans de rares cas, le Capitaine commandant la flotte et le chef de l’expédition à terre pouvaient ne pas être la même personne, l’un étant requis pour ses connaissance maritimes, l’autre, militaires. Un fraction des trésors pillés revenait au capitaine général et il se voyait attribuer une portions des terres découvertes et le titre qui va avec ; parfois il recevait en sus un titre de noblesse. Un Giovanni Caboto ou un Christoph Colomb partaient tout autant à l’aventure pour faire fortune que pour la gloire.

Il est à noter qu’aucun état de la péninsule italique ne lança d’expéditions, commerciale ou d’exploration. La Sérénissime, très riche, avait la suprématie du commerce en Méditerranée. Les grands marins italiens qui laissèrent leur nom dans l’histoire de la marine comme Christophe Colomb, Giovanni Caboto ou Giovanni da Verrazanno travaillèrent pour le compte de pays étrangers, Espagne, Angleterre, France.


Le Portugal

Les Portugais seront les premiers à s’engager à la fin du Bas Moyen-âge dans les explorations maritimes. Le fils du roi du Portugal Jean le Grand (1357-1385-1433) et grand maître des Chevaliers de l’Ordre du Christ (ordre succédant aux Hospitaliers, Voir Tome 1/Les Croisades), Henri-le-Navigateur (1396-1460) sera le premier roi à prendre l’initiative de ces grandes explorations. Soucieux de s’adjoindre de nouvelles terres auxquelles fait obstacle la présence musulmane en Afrique du Nord, il organise une première expédition mise au point par des savants et des cartographes qu’il a réuni autour de lui. L’amélioration apportée à la caravelle, un bateau rapide de moyen tonnage, à trois ou quatre mâts, construit depuis le XIIIème siècle, va permettre d’entreprendre l’aventure vers le tant recherché continent indien.

En 1419, c’est tout d’abord l’île de Madère, au large du Maroc, qui est découverte. Puis, ce sont les côtes africaines qui font être visitées. De précieux renseignements seront recueillis sur l’intérieur du continent. Différents caps vont être passés jusqu’à ce qu’en 1444, l’explorateur Dinis Dias atteigne un cap verdoyant qu’il nommera Cap Vert. Il pénètre ensuite au Sénégal. Il sera le premier, sur ordre d’Henri-le-Navigateur, à mettre en place le trafic d’esclaves sur les côtes africaines, soit pour les vendre soit pour les faire travailler sur les terres des nouvelles possessions portugaises[33]. En 1456, l’italien António Noli, au service du roi du Portugal, Alphonse V, découvre, lui, l’archipel et futur état du Cap Vert (Wikipédia/Cap Vert). Ce n’est qu’en 1487/88, que le portugais Bartolomeo Dias franchira le Cap de Bonne Espérance. En 1498, le portugais Vasco de Gama accoste à Calicut dans le Kerala (extrême sud du sous-continent indien).


L’Espagne

Christoph Colomb

Le découvreur des Indes Occidentales, Christoph Colomb (1451-1506), est natif de la région de Gênes. Après des débuts non certifiés dans la marine marchande et diverses expéditions non plus attestées, il s’installe chez son jeune frère Bartolomeo, cartographe à Lisbonne. Il se marie.

C’est à partir de 1484, par l’étude des cartes, qu’il commence à mettre au point son projet d’atteindre les Indes par la Chine et le Japon. Le projet sera rejeté par le roi du Portugal. Après plusieurs tentative auprès de la reine de Castille, ce n’est qu’en 1492 - année où s’achève la Reconquista espagnole par l’abdication du dernier émir nasride du Royaume de Grenade- que le projet est accepté par les Rois Catholiques, Isabelle de Castille et Ferdinand II d’Aragon « qui lui octroient notamment le titre de noblesse héréditaire d' « Amiral de la Mer Océane », les titres de Vice-Roi et de Gouverneur général des territoires qu'il pourrait découvrir (la couronne d'Espagne lui accordant à cet effet des armoiries) un dixième des richesses qu'il en retirerait et un huitième du profit de son expédition.» (https://fr.wikipedia.org/wiki/Christophe_Colomb)

Les trois navires composant la flotte de Colomb, la Pinta, la Niña, et la Santa Maria vont accoster sur les rivages de l’Île de Cuba. Colomb repartira trois autres fois pour les iles des Caraïbes. Son quatrième et dernier voyage (1504-05) le mènera en Jamaïque. Il meurt à Valladolid (presqu’ile du Yucatán) croyant toujours avoir atteint « les Indes Occidentales » (les Indes Orientales désignaient à l’époque les Philippines) qui seront appelées Amériques[34] car le florentin Amerigo Vespucci travaillant en Espagne pour la Banque Médicis, et qui avait financé des expéditions vers la Guyane, avait été le premier à suggérer que les terres découvertes par Colomb était un « nouveau monde ».

L’image que l’on a généralement de Christoph Colomb dont rares sont les villes qui n’ont pas une place ou une avenue à son nom, ne semble pas cadrer avec le ‘vrai’ Colomb, génocidaire des indiens Arawaks, coupeurs de mains des Haïtiens, offrant en cadeau à ses hommes des jeunes filles de 9 à10 ans ou encore « coupeur des jambes des enfants pour tester les lames ». Certains de ces faits étant rapportés par Bartoloméo de Las Casas[35].

La fameuse Controverse de Valladolid en 1550 et l’action de Bartolomé de Las Casas rendront leur dignité aux peuples colonisés.

Il faudra attendre le XVIIIème siècle pour que les grands voyages scientifiques dans le pacifique soient menés par les « Marins des Lumières »[36] : Bougainville, Cook et La Pérouse.


Jean de Mandeville

Colomb a lu, annoté et emporté lors de son premier voyage, l’ouvrage du cardinal cosmographe et historien Pierre d’Ailly (1351-1420), Imago Mundi, écrit en 1410 mais imprimé en 1478 (ou 1493 ?). Imago Mundi est un livre de cosmographie qui fut particulièrement étudié par les marins en quête d’explorations. Il apporte des nouveautés dans la représentation du globe. Colomb lut aussi Le Livre des Merveilles du Monde (1356) de Jean de Mandeville. Selon l’article de Wikipédia qui lui est consacré, Jean de Mandeville (Jean de Bourgogne) serait né à Liège et mort dans la même ville en 1372. Dans sa présentation de l’ouvrage de Christiane Deluz, Jean de Mandeville, Le Livre des merveilles du monde, édition critique (Paris, Éditions du CNRS, 2000 (Coll. Sources d'Histoire Médiévale, 31), Nathalie Bouloux écrit sous l’autorité de l’auteur que

« Jean de Mandeville lui-même échappe aux historiens : plusieurs identités ont été proposées depuis le XIXème siècle sans que rien de décisif ne puisse aujourd'hui clore cette question, au reste de peu d'intérêt : l'éditrice fait avec raison confiance aux dires même de l'auteur qui se présente dans le prologue comme un chevalier anglais, parti de Saint-Alban pour faire un pèlerinage en Terre sainte, venu finir ses jours à Liège. En ce qui concerne Le Livre des Merveilles du Monde, selon cette édition, l’établissement du texte est aussi complexe que l’identité de son auteur : 250 manuscrits dont on retient 3 versions à partir desquelles l’auteur émet une hypothèse : « écrit en 1356 à Liège, le texte serait passé en Angleterre aux environs de 1375. Sur le continent, il a été traduit rapidement en parler anglo-normand d'où serait née la version continentale. » (https://journals.openedition.org/medievales/956).

Voir également Tome1/ Littérature/Chronique/Wallonie/ Jean de Mandeville : Le récit de Marco de 1298, Le Devisement du Monde, sera plus connu à partir de 1410 sous le titre Le Livre des Merveilles, titre pris à celui de Mandeville, les éditeurs ayant sans doute compris que ce titre, plus attrayant, convenait mieux au succès qu’obtenait le livre de Polo. Le Livre des Merveilles prendra, lui, à partir du XVIIème siècle le titre anodin de Voyages.


Alonso de Ojeda et Juan de la Cosa

Alonso de Ojeda (ou Hojeda, 1466/70-1515) est issu d’une famille modeste de Cuenca (Castille). Grâce à la protection d’un évêque, il accompagne Colomb dans son second voyage (1493-96) au cours duquel il gagnera l’estime de ce dernier après quelques missions contre les indigènes.

En 1499, il décide de retourner à St Domingue accompagné selon certaines sources, du florentin Amerigo Vespucci (1454-1512)[37]. Certainement accompagné de Juan de la Cosa qui faisait partie de la première expédition de Colomb pour avoir été le propriétaire de la "Santa María", et de la deuxième expédition. Au retour de l’expédition avec Ojeda, il publiera sa Carta-mapamundi, la première cartographie du nouveau continent où l’on distingue bien la côte du Venezuela, l’embouchure de l’Orénoque, les Caraïbes et jusqu’à Terre-Neuve. Il effectuera au total six voyages avec chaque fois des responsabilités plus importantes, capitaine puis Capitaine Général (de la flotte).


Ce premier voyage d’Ojeda l’aura mené sur les traces de Colomb jusqu’au Venezuela. En 1501, pour un nouveau voyage au Venezuela il se verra confié la charge de gouverneur de la région de Coquivacoa (Nord-ouest)[38]. De son quatrième voyage, celui de 1500, il ramènera quantité d’or de la côte de la Nouvelle Grenade (Colombie). Dans son dernier voyage, en 1510, il accompagnera une fois encore Ojeda, mais il n’en reviendra pas, tué d’une flèche empoisonnée dan une expédition à Cartagena de Indias (Colombie) où Ojeda a décidé de débarquer.

En 1508, l’importante assemblée de Burgos décide la colonisation de la tierafirme (terre ferme), qui est divisée en deux gouvernements : La Castille d'Or (Gouvernorat de Veragua) qui couvre l’extrême ouest de la côte colombienne et la côte d’Amérique Centrale jusqu’à Pananma. Et la Nouvelle Andalousie[39] y Urabá qui correspond à la côte colombienne et les Caraïbe. Alonso de Ojeda à qui rn est confiée la gouvernance s’embarque pour explorer ses terres avec 300 hommes.

 En 1510, il s’avance vers l’ouest jusqu’a d'Urabá pour établir la place forte de San Sébastian. C’est au cours de cette expédition qu’attaqué par les indiens, Juan de Cosa trouve la mort. Ojeda est lui-même gravement blessé à la jambe. Le gouverneur de la Castille d’Or envoie un navire commandé par l’Alacade Mayor (sorte de juge-maire), Martín Fernández de Enciso, pour lui porter secours. Mais, l’expédition arrivera 50 jours plus tard au moment où le futur découvreur du Pérou, Francisco Pizarro, alors lieutenant inconnu d’Ojeda, qui a reçu de lui le commandement de San Sébastian s’apprête à quitter les lieux et qu’Ojeda s’est embarqué entre temps sur un vaisseau qui est en fait un navire de pirates qui le débarquera à Cuba et non à St Domingue.


Ce bateau ayant fait naufrage, ses occupants ont du traverser l’ile d’ouest en est jusqu’à l’actuel Santiago de Cuba. Ojeda demande l’aide du gouverneur de la Jamaïque qui envoie un navire. Les pirates sont faits prisonniers et exécutés. Ojeda est ramené à St Domingue. Il n’aura pas les moyens financiers pour porter secours à ceux qui sont restés sur place à San Sébastian. Il meurt sur l’ile cinq ans plus tard[40].

C’est lui qui aura donné son nom au Venezuela (la Petite Venise).

« Ojeda est le premier à inaugurer ce qu’on appelle les "voyages mineurs" ou "voyages andalous" » (http://www.americas-fr.com/histoire/ojeda.html).


Magellan

Fernão de Magalhães (1480-1521), natif du Portugal, épouse la fille du portugais Diego Barbosa, alors alcade (juge) de l’arsenal de Séville et se met à son service. Le port fluvial de la capitale andalouse, stratégiquement bien situé et qui avait le monopole du trafic maritime avec les Indes Espagnoles était une métropole importante et cosmopolite où affluaient des gens du monde entier encouragés par le commerce américain. À partir du milieu du XVIe siècle, Séville deviendra l'un des principaux foyers de l'humanisme espagnol. La Casa de Contratación (la Chambre de Commerce) de Style Renaissance, fondée en 1503 dans l’Alcazar royal comme Chambre des Audiences des Indes était gérée par les pilotes majeurs. Elle contrôlait le commerce avec le Nouveau Monde. Le florentin Amerigo Vespucci (1454-1512) y est pilote majeur depuis 1508 quand, en 1518, nommé capitaine de la flotte et gouverneur des terres à venir par Charles 1er de Habsbourg, arrivé de sa Flandre natale deux ans plus tôt, Magellan va organiser le premier voyage autour du monde.


A l’été de 1519, une flotte de cinq navires quitte le port de Séville. En 1520, celle-ci s’engage dans un passage aux eaux dangereuses, longés de nombreux fjords, entre l’extrême sud d’un continent inconnu et un archipel d’où s’élève des fumées et auquel sera donné le nom de Terre de Feu. Passé ce détroit qui portera son nom, Magellan entre dans une mer aux eaux calmes qu’il nommera Pacifique. Il découvrira des îles comme les Mariannes, îles aux paysages enchanteurs mais parfois peuplées d’indigènes pilleurs comme sur Las Islas de los Ladrones (les îles des Voleurs). Touché par une flèche empoisonnée sur une île des Philippines, qu’il a découvertes, il meurt en 1521. L’expédition, se poursuit et aborde les Iles Moluques à l’est de l’Indonésie. Le capitaine de la Victoria, Juan Sebastián Elcano (1476-1526) qui a pris les commandes de la flotte à la mort de Magellan sera en fait le premier à avoir accompli après de nombreuses péripéties le premier le tour du monde en ramenant sur la côte de Cadix à l’automne de l’année1522 le très petit nombre de marins qui aura survécu.


La France

Giovanni da Verrazzano

Giovanni da Verrazzano (1485-1525), né à Florence, explorera pour le compte de la France la côte est des futurs États-Unis, de la Floride[41] à l’Île de Cap-Breton, alors qu’il est parti pour trouver un passage vers la Chine.

Il arrive en France en 1506, après avoir séjourné en Égypte. Mais ce n’est qu’en 1523 qu’il obtient de François 1er l’autorisation de commander une expédition qui le mènera en Caroline du Nord d’où il longera la côte jusqu’à Terre-Neuve ; C’est la première expédition officielle d’exploration maritime française avant celle de Jacques Cartier vers le St Laurent en 1534.

Il ne reviendra pas de son second voyage en 1528, tué par les indigènes des Caraïbes.

C’est lui qui parlera pour la première fois de la Nouvelle France pour désigner les terres explorées par lui de la côte de la Caroline jusqu’à Terre-Neuve. Le terme désignera après J. Cartier les terres du Grand Fleuve.


Alphonse de Saintonge

Les origines d’Alfonse de Saintonge sont controversées. Il est généralement donné (Wikipédia) comme originaire de la Saintonge (Départements des Charentes) avec pour principal port La Rochelle. Mais Y. Renouard le donne comme portugais avec le nom de João Afonso :

« A partir de 1870, par chauvinisme, certains, dont le grand archiviste rochelais Méchinet de Richmond, ont voulu lui affubler le nom de Jean Fonteneau. Il aurait été alors natif du bien nommé village de Saintonge sur la commune de Ste-Même –les-Carrières près de Jarnac. Ce « Fonteneau » aurait ensuite pris le nom de sa femme Valentine Alfonse [portugaise] pour une raison incomprise de tous, car l’usage voudrait que cela soit le contraire [42]».

Ses dates sont incertaines, il serait né en 1482 ou 84 et mort devant La Rochelle en 1544 ou 49.

Pour avoir sillonné dès l’adolescence l’Atlantique d’est en ouest à bord de navires portugais, il acquit une très grande expérience de marin et devint capitaine d’une flotte qu’il arma lui-même. Sa parfaite connaissance des routes maritimes, lui valut d’être nommé « capitaine pilote du roy François 1er ». Il pilotera alors les expéditions du corsaire français Jean-François de Roberval. Il explorera les mers du Groenland et du Labrador et cherchera un passage vers l’Océan Arctique. En 1545, il publie une Cosmographie dans laquelle il situe les iles australes qu’il dit avoir vues ; mais il décrit aussi l’estuaire de la rivière de Bourdeau (Garonne). Certains pensent « qu’il s’agit d’un plagiat de la « Suma de Geographia » (1519) de l’espagnol Fernandez de Encisco. » (Y. Renouard)

En 1544 (ou 49 ?), il s’empare d’une douzaine de navires espagnols. Il est poursuivi depuis la côte portugaise jusqu’au Port de la Rochelle par le corsaire Pedro Menéndez de Avilés. Selon les versions, le corsaire espagnol l’aurait tué de sa main, ou bien son navire aurait été coulé par le fond et Fonteneau aurait trouvé là la mort.

On lui doit l’invention de la ‘’Jeannette’’, « petite voile qui se place au sommet du grand mât pour faciliter la conduite des navires ».[43]


Jacques Cartier

La malouin Jacques Cartier (1491-1557) est certainement le plus connu des explorateurs maritimes français. Né et mort à St Malo, Cartier est le premier explorateur du golfe Saint-Laurent en 1534 et découvreur du fleuve Saint-Laurent en 1535[44]. On ne sait rien de lui avant ses 40 ans passés. Il aurait fait partie des expéditions de l’explorateur italien Giovanni da Verrazzano, l’accompagnant sans doute dans sa remontée de la côte de Floride à Terre-neuve puisqu’il reprendra en 1534 l’expédition là où le Florentin l’avait laissée dix ans plus tôt. Ceci reste une supposition que ne partage pas tous les biographes de Cartier. Mais l’on sait qu’il connaissait le Brésil et Terre-Neuve puisque c’est l’argument qu’invoque en 1532, Jean le Veneur, évêque de Brest auprès de François 1er pour que Cartier dirige une expédition vers le Nouveau Monde, pour selon l’ordre de 1534 du roi « descouvrir certaines ysles et pays où l’on dit qu’il se doibt trouver grant quantité d’or et autres riches choses ».

 Il va pénétrer dans des zones maritimes inconnues au-delà du Labradro et des côtes de Terre-Neuve qu’il nommera Canada du mot iroquois Kanata qui signifie village[45]. Il découvre l’archipel des Îles de la Madeleine, à l’entrée du Golfe de St Laurent. Il pénètre dans le golfe espérant en vain trouver un passage vers l’Asie, mais rencontre un peuple jusqu’alors inconnus, les Iroquois. Il avait précédemment rencontré les Micmacs (groupe des Algonquins). Compte tenu des conditions atmosphérique et ne pensant pas trouver une passage, Cartier revient sur Terre-Neuve puis à St Malo d’où il est parti quatre mois plus tôt avec seulement deux navires et une soixantaine d’hommes.


Au printemps de l’année suivante, en 1535, il repart avec trois navires et plus de cent hommes. Cinquante jours plus tard, passé le golfe, il arrive dans une baie qu’il appelle Saint Laurent. Deux guides amérindiens lui montrent « le chemin et commencement du grand fleuve de Hochelaga et chemin de Canada ». Cartier a trouvé le passage qu’il cherchait. Il pénètre et explore le fleuve. Il arrivera en barque à la « capitale » iroquoise d’Hochelaga. Revenu à sa base, Stadaconé (actuelle région du Québec), son équipage est ravagé par le scorbut. Mais, un des guides lui révèle « le secret de la tisane d’annedda (cèdre blanc) ». L’équipage est rapidement rétabli.

Cartier, écrivain-ethnographe-géographe, décrira les us et coutumes des indigènes qu’il a côtoyés aussi bien que l’irrigation fluviale de la région. Après quatorze mois d’exploration durant lesquels il aura découvert un fleuve pénétrant loin dans les terres, un nouveau passage dans le golfe, de nouveaux peuples, de nouvelles ressources naturelles, il ramène de l’or et une groupe d’Iroquois qui mourront tous sauf une fillette. 


En 1540, Cartier reçoit un nouvel ordre de mission mais un an plus tard, il se voit obligé d’être associé au corsaire François de La Rocque de Roberval dont il ne sera que le second, capitaine en charge de la navigation ; le corsaire sera, lui, chargé d’une expédition, cette fois-ci coloniale. Il part pour son troisième voyage en 1541 avec une flotte de cinq navires et 1500 hommes. Après avoir consolidé ses positions arrière par la construction de deux forts, et laisser deux enfants pour s’instruire de la langue indigène, il retourne à Hochelaga (future ville de Québec). Les relations amicales avec les iroquois qui n’étaient que de façade se dégradent et, de plus, le scorbut semble être réapparu. En 1541, le malouin décide de retourner vers Terre-Neuve où il rencontre Roberval qui l’a enfin rejoint, mais le ‘lâche’ aussitôt pour entrer en France. Son récit reste obscur sur cet épisode. Roberval ne rentrera qu’en 1543 et Cartier ne se vit plus jamais confié de missions car il n’avait pas obtempéré à l’ordre de Roberval de retourner avec lui à Stadaconé, prenant au contraire le large de nuit avec ses hommes[46].


En 1545,il se retire sur ses terres de Limoëlou à Saint Malo (et non Limilou quartier de Québec, ancien village de Stadoconé) où il aurait reçu Rabelais. Parait le Brief Récit de son second voyage, sans nom d’auteur. Le récit de la première expédition est publié en italien en 1565, en anglais en 1580 et en français qu’en 1598. Comme pour la relation du second voyage, le manuscrit n’a pas non plus été retrouvé. La paternité des récits n’ait donc pas avérée. Les biographes avancent des noms mais sans qu’aucun ne fasse l’unanimité. Quoiqu’il en soit Cartier n’en serait pas l’auteur, ses carnets de bord ayant probablement servi de base à une relation littéraire écrite par un autre. Il meurt en 1557 de la peste qui sévit à St Malo. Lui qui pensait avoir ramené d’un de ses voyages une fortune, ne ramena dans ses deux tonneaux qu’il croyait être remplis d’or que du quartz sans valeur[47].


La personnalité de Cartier est mal connue. Richement marié à la fille du connétable de St Malo, Catherine de Granges (†1575), il n’en aura pas d’enfants. Il reste le découvreur du Canada mais le Canada du XVIème siècle, celui d’avant la découverte des territoires bien plus avancés dans le continent et qui formeront en 1840 le Canada-Uni, qui s’agrandira jusqu’en 1867. Des explorateurs comme le portugais João Vaz Corte-Real (1420-1496) aurait dès le XVème siècle découvert et cartographié bien avant lui ce qu’on appellera la Nouvelle Écosse, péninsule atlantique au sud du golfe du St Laurent, attenante au Brunswick et à Terre-Neuve, située au nord du Golf[48]. La découverte du Canada actuel est attribuée maintenant à Jean Cabot.


L’Angleterre

Les marins de Bristol furent des premiers à s’aventurer au large des côtes à la recherche d’abondantes zones de pêches sur de gros navires de 60 tonnes (généralement, ils étaient entre 20 et 50), armés par les marchands de Bristol (côte Est). C’est pourquoi l’italien Giovanni Caboto, installé en Espagne, ayant sans doute eu vent de ses explorations anglaises se rendit en Angleterre pour proposer à Henry VII une expédition non plus découvrir de nouvelles zones de pêche mais le fameux et mythique passage vers la Chine. 


Giovanni Caboto

Gionanni Caboto (Jean Cabot, Zuan Chabotto, Juan Cabotto, John Koboto †1498) fut naturalisé vénitien en 1476 mais l’on ignore sa date et son lieu de naissance. Une origine génoise commune à C. Colomb, lui est parfois attribuée. Sa mère aurait été vénitienne selon les archives de la ville où l’on sait qu’il séjourna avant 1461[49]. On le trouve à Valence (Espagne) entre 1490 et 1493. En 1495, il est en Angleterre avec ses trois fils et l’année suivante, il obtient une lettre patente du roi Henri VII pour entreprendre une exploration maritime avec cinq navires dans les mers est, nord et ouest, autrement dit hors des zones des découvertes espagnoles. Après plusieurs départs avortés, c’est en 1497 qu’à bord d’un seul navire et une vingtaine d’hommes, il part de Bristol d’où avant lui des marins étaient partis à l’ouest à la recherche de la légendaire île du Brasil, riche de zones poissonneuses.

Il va longer les côtes du Labrador ou, on ne sait, celles de Terre-Neuve, si ce n’est celles plus au sud de l’île du Cap Breton touchant la Nouvelle Écosse qu’il décrira comme une zone de pêcherie particulièrement importantes et qu’il nommera « "New Founde Isle", déjà connue des portugais sous le nom de "Terra dos Bacalhais" ou "Terra dos Baccalaos" (Terre des Morues), sans y établir de colonie[50] ». Il amplifiera la richesse des quelques parties de terre où il aura abordait et persuadera son monde qu’il avait atteint l’Asie, Chine ou Japon.


En 1498, il repart pour un troisième voyage, cette fois-ci avec ses cinq bateaux en partie armés par le roi en partie par les marchands de Bristol. Il n’y aura aucune relation de ce voyage. Cabot a du sombrer avec son bateau.

« On pense cependant - bien que les preuves, tant positives que négatives, sont faibles et fragmentaires - qu'au moins un des autres navires termina le voyage. En effet, en 1501, l’équipage portugais de l’un des navires des frères Miguel et Gaspar Corte Real, obtint d’indigènes, probablement sur la côte de Terre-Neuve, un "fragment d’une épée dorée", vraisemblablement de fabrication italienne, et deux pendants d’oreilles vénitiens en argent. Or ces objets ne pouvaient parvenir que d'expéditions précédentes, les marins de Bristol en 1494, celles de Cabot en 1497 (mais il ne vit aucun signe de vie), puis en 1498, cette dernière expédition semble la source la plus probable de ces objets[51] ».    (http://www.medarus.org/NM/NMPersonnages/NM_10_05_Biog_Others/nm_10_05_jean_cabot.htm)

Cabot aura été le premier à aborder ce que Cartier appellera le Canada et permit à l’Angleterre de mettre un pied sur le continent du Nouveau Monde.


Les Corsaires

La piraterie a existé de tous temps. Jules César a lui-même été capturé par des pirates de Cilicie (Anatolie du Sud). Le pirate agit pour son propre compte, sans foi ni loi. S’il est capturé, on le pend haut et court. « Haut pour qu’on le voit, court pour économiser la corde[52]».

Le corsaire (en anglais privateer) parcourt les mers, prend d’abordage et pille les navires ennemis à son roi pour lequel il agit de par la lettre de course ou lettre de marque remis des mains royales. Lettre par laquelle s’il est capturé, il est fait prisonnier de guerre et non pendu.[53]


Francis Drake

Andrew Barton (1452-1511) et Thomas Cavendish (1555-1592) furent de fameux corsaires anglais de la Renaissance,mais leplus célèbre reste William Drake (1540 -1596). Sir William Drake sera le deuxième à effectuer une circumnavigation de la terre après le capitaine de la flotte de Magellan, J.C. Elcano. Jusqu’en 1580, il va mener une carrière de corsaire, sillonnant l’Atlantique et longeant les côtes du Pacifique pour arraisonner les galions espagnols et s’emparer de leur cargaison. Il ira jusqu’à entreprendre la traversée du plus vaste océan du globe et passer le détroit de Magellan pour regagner l’Angleterre.

Fait chevalier en 1581, il va mener une carrière politique et entrer au Parlement. En 1585, au début de la guerre anglo-espagnole, il reçoit de la reine l’ordre selon lequel « privateers were at liberty to attack Spanish shipping ». Il reprend la mer, s’empare de St Domingue, aborde en Colombie et en Floride alors espagnole. Ce sera une des causes de la tentative de l’invasion de l’Angleterre par Philippe II d’Espagne avec l’Invincible Armada en 1588.


Il sera commandant en second de la flotte de navires de guerre et de navires marchands qui affrontera et vaincra en 1588, la marine de guerre (armada) espagnole ironiquement dite invincible. Il tente ensuite sans succès pour le compte du prétendant au trône Antoine du Portugal, petit-fils illégitime du Roi Manuel 1er, la reconquête  du Portugal dont s’est emparé, Philippe II, fils de Charles-Quint et d’Isabelle du Portugal, et donc par sa mère aussi petit-fils de Manuel 1er de Portugal. Drake remporte quelques victoires en Colombie. Puis, devant le port de Panama, à l’affut des galions espagnols, il meurt de dysenterie.

Le corsaire James Erisey, natif de la Cornouaille, qui fut son compagnon, fut nommé à plusieurs reprises capitaine d’un des navires de sa flotte et participa avec lui en 1588 à la décisive bataille navale qui empêcha l’invasion de l’Angleterre. 

A noter aussi, qu’au XVIème siècle, un groupe de révoltés originaires des Pays-Bas, ‘’les Gueux de mer’’ s'étaient réfugiés en Angleterre pour fuir la politique de répression religieuse du roi Philippe II [d’Espagne].On les appelait ainsi en référence à la Révolte des Gueux [voir Événements Majeurs]. Aidés par la flotte anglaise, les Gueux de mer permirent à Guillaume d’Orange dit le Taciturne (1544-1584) de remporter certains succès militaires décisifs contre les Espagnols. » (Wikipédia). 


Pedro Menéndez de Avilés

Pedro Menéndez de Avilés (1519-1574), conquistador autant que corsaire, est issue d’une famille de petits nobles des Asturies. A l’âge de 14 ans, son père mort, il s’échappe des parents à qui sa mère l’a confié et s’engage dans la flotte qui pourchasse les pirates français approchant de trop près la côte espagnole. Cinq ans plus tard, après être revenu sur terre et avoir marié une enfant de 10 ans, il reprend la mer sur un navire qu’il a lui-même armé et pourchasse les français. Sa réputation s’amplifie au fil de ses prises. Il devient corsaire lorsque Charles-Quint le charge officiellement de poursuivre ses opérations dans le golfe ibérique.

En 1552, il est capturé par des pirates français à qui il rachète sa liberté et son navire pour 1098 pesos d’or qu’il doit emprunter.

Il est capitaine du navire qui amène en 1554 Philippe II en Angleterre pour son mariage avec Marie 1ère Tudor († 1558). D’abord capitaine en charge d’un vaisseau de la Flotte des Indes, il est nommé ensuite Capitaine de la Flotte des Indes.


En 1565, Philippe II lui donne mission de s’attaquer à tous navires et colons qui tenteraient d’aborder et de s’installer sur les côtes de l’Inde Espagnole. Il arrive la même année en Floride et détruit le comptoir français de Fort Caroline (Jacksonville) tenu par des huguenots envoyés par le chef protestant, l’Amiral de Coligny –la France est en pleine Guerre des Religions (1562-1588). Menéndez installe 65 km plus au sud ce qui est considéré comme la première ville américaine, Saint Augustin, nom donné en l’honneur de l’évêque d’Hippone dont la fête était le jour où il accosta en Floride. Il tracte avec les indigènes qui occupent la majeure partie de la Floride, les Casuals. Il explore les côtes de ce qui deviendra la Géorgie. Il tente difficilement de maintenir la paix avec les tribus de Floride, implante des missions qui n’ont aucun succès, bâtit des fortifications comme sur l’île de Parris, près de Beaufort, en Caroline du Sud. Gouverneur de Floride, il installe sa capitale à Santa Elena. Il y fait venir sa femme, des agriculteurs et des artisans.


Nommé gouverneur de Cuba en 1568, il s’occupe de renforcer les navires escortes de la Flotte des Indes. En 1572, il rentre en Espagne. En février 1574, Philippe II le nomme Capitaine Général de l’armada qui est en train de se constituer dans le port de Santander (Galicie) en vue d’envahir l’Angleterre et de ‘’nettoyer’ les côtes de Flandres. Mais, neuf jours plus tard, il meurt d’une indigestion[54]. Le duc Médina Sidonia, non formé au métier des armes et piètre marin, prendra les commandes de l’Invincible Armada avec le résulta que l’on sait.


François Le Clerc

François Le Clerc (ou Francis †1563), originaire du Cotentin (Normandie) est le premier corsaire à avoir eu une jambe en bois d’où son surnom, ‘’Jambe de Bois ‘’ et le premier à recevoir du roi Henri II une la lettre de marque qui, de pirate, le fait corsaire en 1551.

En 1552, il débarque à Porto Santo (île de l'archipel de Madère) avec 150 arquebusiers. En 1553, ses deux fidèles lieutenants à ses côtés, Robert Blondel et Jacques de Sorès, à la tête d’un corps expéditionnaire composé de six Galions, huit Caravelles et quatre pataches à bord desquels sont montés 800 marins, il va écumer les mers des Antilles et des Caraïbes et ravager leurs ports, notamment San Germán de Porto Rico et Santiago des Cuba d’où il repart avec un trésor de 80000 pesos. Le premier à s’installer dans l’ile de Sainte Lucie, au sud de la Martinique, il en fait son repère et pourchasse de là les navires espagnols et pillent les ports, ramenant « armes, munitions et y compris une plante médicinale aux vertus aphrodisiaques [la salsepareille][55]». Et revenant vers les côtes normandes, il pille au passage Las Palmas (Canaries).


En 1562, les huguenots havrais se soulèvent, pillent les églises et s’emparent de la vile avec le soutien des troupes anglaises que leur a envoyé Élisabeth 1ère. Le connétable Anne de Montmorency reprendra la ville un an plus tard, mais Leclerc qui est normand et huguenot prend fait et cause pour les villes de Normandie révoltées et s’empare de navires de la flotte française qu’il revend avec leur cargaison aux anglais. Le corsaire et ses compagnons demandèrent à la reine une juste récompense, qu’elle rejeta fermement. L’intrépide Leclerc repart alors pour les Açores à la poursuite pour une dernière fois des galions espagnols chargés d’or. Il meurt en 1563, probablement au cours d’un abordage.

Le manoir de la Crasvillerie, qu’il fit construire avec tour et échauguette à Réville sa ville natale, sert actuellement de lieu de vacance touristique.


Jean Fleury

« Jean Fleury ou Florin (†1527), naviguant pour l'armateur dieppois Jean Ango, est connu pour avoir volé en 1522 le somptueux trésor de Guatimozin, dernier empereur aztèque que Cortès envoyait du Mexique, entassé dans deux caravelles. Ce trésor comprenait également le rapport de Cortès sur sa conquête, et surtout les cartes des pilotes espagnols, ce qui permit de futures expéditions dans la mer des Antilles. Ce fut la première attaque connue de piraterie contre les espagnols et cela encouragea les corsaires français, les gueux de la mer hollandaise et les chiens de mer anglais à attaquer les bateaux espagnols dans les caraïbes Il fut pendu par l’Espagne à Tolède en 1527. On attribue parfois sa mort à Verrazanno. Version réfutée par Propsero Peragallo en 1897-

1900». (http://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/JeanFleuryouFlorin)/fr-fr/)


Les Hollandais

Au XVIème siècle, les Pays-Bas n’auront cesse d’agrandir leur flotte marchande. A partir de 1579, date à laquelle Guillaume 1er d’Orange proclame par l’Union d’Utrecht, l’autonomie des Provinces-Unies[56], le commerce maritime va s’amplifier et les Gueux de la Mer (allusion à la Guerre des Gueux qui amena au soulèvement et à l’autonomie des Provinces du Nord) vont commencer à piller les navires espagnols et français d’abord sur les côtes est de l’Atlantique puis sur la côte ouest.

« Bien que leur commerce soit le plus florissant d’Europe, les Hollandais ont besoin d’une grande quantité de sel de bonne qualité pour accommoder le produit de leur pêche. L’Espagne, son unique fournisseur, impose un embargo sur ce produit de première nécessité. Les Hollandais sont alors attirés vers le Nouveau Monde par le sel de la péninsule Araya. Chaque année, plus de 800 navires viennent y faire le plein, offrant au passage leur protection aux trafiquants français et anglais.[57] »

Dans le premier quart du XVIIème siècle, la Compagnie des Indes Occidentales hollandaise dominera les commerces maritimes dans le Caraïbes.


La Conquête du Nouveau Monde

Les Indes Occidentales et La Nouvelle Espagne

Les Conquistadores

La première phase de la conquête du Nouveau Monde va commencer en 1492 avec le débarquement de Christoph Colomb aux Bahamas et à Cuba et s’achèvera en 1530 à l’arrivée de nouveaux explorateurs et aventuriers. Lorsque Colomb débarque aux Bahamas, il est accueilli chaleureusement par les Lucayens qui, avec les Tainos, appartenant tous deux à la famille amazonienne des Arawaks, peuplaient la mer des Caraïbes. Ils le dirigèrent sur Cuba et Saint-Domingue-Haïti (Hispaniola) où furent installées les premières colonies. Les maladies apportaient par les Espagnols jumelées à l’esclavage et à leur massacre par les conquistadors à la recherchent de l’or firent que la population autochtone disparut en quelques décennies. Cette disparition rapide des populations indigènes sera une des causes principales de la ‘’Traite des Noirs ‘’ et de leur esclavage sur les plantations en 1513, esclavage qui s’étendra à la Jamaïque, Cuba, Puerto Rico et l’Amérique Centrale.

En 1503, les Rois Catholiques instaurent ‘’l'encomienda’’ dans les nouvelles terres qui sont réparties entre colons : Les colons regroupent et se répartissent entre eux les autochtones, et les obligent au travail forcé. L’esclavage, proprement dit, sera un régime réservé au Noirs venus d’Afriques.


En 1519, Hernán Cortés débarque sur les côtes du Mexique et découvre l’empire Aztèque dont il emportera l’or ne laissant derrière lui que des ruines. Francisco Pizarro fera de même avec l’empire Inca. Il emportera, lui, les ressources considérables des mines du Mexique et du Pérou.

A partir de 1530, les pirates et corsaires (voir Corsaires) aussi bien anglais que français mais aussi hollandais vont commencer à harceler les galions espagnols chargés d’or, d’argent, de bois et de minéraux précieux. Des pirates vont faire des ilots des Caraïbes non occupés par les conquistadores leur repère comme le pirate et corsaire français François Le Clerc à Sainte Lucie. Tout au long du XVIIème siècle, Espagnols, Anglais, Hollandais et Français se mèneront une guerre permanente par corsaires et flibustiers (pirates de la côte américaine) interposés pour maintenir et développer leur commerce et l’importation des matières premières. Parmi elles, le tabac dont les graines furent connues par Colomb dès son premier voyage et qui commencèrent à être importées en 1520. La plante cultivée sera utilisée comme antimigraineuse.

 

Hernán Cortés

Fernando Cortés de Monroy Pizarro Altamirano (Hernán Cortés ou Cortez, 1485-1547), issu d’une famille de petit noble de Medellin sur la route de Cadix commence par faire brièvement des études à la célèbre université de Salamanque avant de s’engager dans la carrière des armes à laquelle son tempérament intrépide et aventureux convient mieux. En 1504, il arrive à Hispaniola (Haïti, anciennement St Domingue) où terres et indigènes lui sont attribués.

En 1511, après une vie haïtienne plutôt agitée entre arrestations, vie amoureuse et répression des révoltes indiennes, il arrive à Cuba où il est tout de suite en rivalité avec le gouverneur aux côtés duquel il vient de conquérir totalement l’île. Il commence à faire fortune et finance sa première expédition vers la Terre-Ferme (tieraferma) dont l’or a commencé à affluer.


En 1517, le gouverneur de Cuba envoie une première expédition dans le Yucatán, presqu’ile où les Maya venus s’y replier pour des raisons inconnues y disparurent tout aussi mystérieusement. Le conquistador Francisco Hernández de Córdoba qui dirige l’expédition n’y survivra pas. L’année suivante, Juan de Grijalva pénètre dans le Yucatán, découvre la rivière Tabasco et prend possession du territoire qu’il nomme Nouvelle-Espagne.

Francisco de Montejo qui était aux côtés de Cortès lors du débarquement au Mexique et avec qui il fondera Veracruz tentera en vain en 1527-28 de conquérir l’ensemble de la presqu’ile. Il n’y parviendra qu’en 1542 et fondera la ville de Mérida, marquant ainsi la conquête définitive du Yucatán.

En 1519, Cortès reçoit pour mission de seulement seconder Grijalva et de s’en tenir à une mission d’exploration, le roi n’ayant pas donné l’ordre de colonisation. L’expédition comprend « 11 navires, 508 soldats, 10 canons de bronze et surtout 16 chevaux » (Encyclopédie Larousse/ Cortés).


« Mais Cortés interprète différemment les ordres. Une nouvelle personnalité se réveille en lui. Il se montre beaucoup plus ambitieux. Devenu Capitaine Général de l'Armée, il s'habille de vêtements luxueux, parés de plumes, de médailles et de chaînes en or… Cortés ne va pas aller faire du commerce pour Velazquez mais faire triompher la Croix…Cette expédition n'est déjà plus une mission de secours à Grijalba, mais une véritable campagne de colonisation du Mexique. Les plus fidèles du Gouverneur se rangent aux ordres de Cortés. L'armée est constituée des hommes les plus audacieux qui s'illustreront ensuite dans les futures conquêtes : Pedro de Alvarado, Conquistador du Guatemala, et ses frères; Alonso de Avila, Juan de Escalante, Cristobal de Olid, Conquistador du Honduras ; Gonzalo de Sandoval, Francisco de las Casas, Hernandez Puerto Carrero et Francisco de Montejo, Conquistador du Yucatán ». (http://www.americas-fr.com/histoire/cortes.html)

Cortés aborde dans le golfe du Mexique à Tabasco dont il s’empare rapidement et trouve une maitresse qui deviendra sa conseillère et son interprète. Puis, il longe la côte vers le nord et fonde Véracruz. Il va alors s’avancer dans le pays aztèque où ses hommes impressionnent la population par leurs chevaux jusqu’alors inconnus, par leurs lourdes armures et l’inquiètent car une prophétie annonçait la venue d’hommes blancs et barbus qui les asserviraient.

Sans difficultés de par son artillerie et sa connaissance de la tactique militaire, la troupe du conquistador soumet plusieurs villes sur la toute de Tenochtitlán, capitale de l'Empire, tout en poursuivant sa stratégie habituelle d’exacerber les rivalités et monter les populations les unes contre les autres. Tenochtitlán va être conquise après un siège de 75 jours. L’empereur Moctézuma II voit en Cortés un dieu vivant et en son action l’accomplissement de la prophétie du Dieu Quetzalcóatl. Il abandonne sa couronne à Charles-Quint.


En 1520, le gouverneur de Cuba envoie 900 hommes pour s’emparer de Cortés, sujet rebelle mais sans doute surement trop puissant. Cortés sort vainqueur de l’affrontement mais la population indigène en a profitée pour se soulever. Cortés subit une sévère défaite, perdant la moitié de ses hommes et son butin. Il se replie et revient à l’assaut de Tenochtitlán qui est difficilement reconquise et saccagée.

En 1522, l’empereur espagnol le nomme « gouverneur et capitaine général des terres conquises. ». Il va asseoir son pouvoir et organiser la Nueva España (Nouvelle Espagne) comme il la désigne lui-même à son tout. Il fait de Mexico sa capitale. La Nouvelle-Espagne s’étendra à l’Arizona, le Nouveau-Mexique et à la Floride, définitivement conquise en 1580, qui s’ajoutent au Guatemala, Saint Domingue et Cuba. Le Mexique déclarera son indépendance en 1813.

En 1528, il entre en Espagne où il reçoit honneurs, titres et vastes terres aux Mexique. Il se marie avec la fille d’un grand d’Espagne. Il revient au Mexique deux ans plus tard. Il entreprend de développer son immense domaine (mine, manufacture de vers à soie) avant de repartir en expédition dans la Basse-Californie. Il entre en Espagne en 1540. En disgrâce, on lui confie une mission sur Alger dont il s’en sort à la nage. Cortés finira ses jours comme une gloire passé et mourra de dysenterie. Pizarro, qui, en 1534, a conquis le Pérou, au sens propre comme au sens figuré, a pris sa place dans les faveurs royales et du peuple espagnol. L’or arrive par tonnes en Espagne.


Francisco Pizarro

Francisco Pizarro (1475-1541) est issu d’une modeste famille originaire de l’Estrémadure (s-o Espagne). Son père était un hidalgo (noble sans terres) qui s’était engagé dans l’armée et avait participé aux différentes guerres espagnoles avec le titre de capitaine. Son fils, sans avoir fait d’études, suivra la même carrière militaire, participant aux Guerres d’Italie, mais en simple soldat, avant de faire partie en 1502 de la suite de Nicolás de Ovando nommé gouverneur d'Hispaniola (St Domingue).

En 1510, il est un des lieutenants de Alonso de Ojeda (voir Les Grandes Découvertes/Espagne) qui, partant chercher secours, lui laisse le commandement du fort de San Sébastian à Urabá (extrême ouest de la côte colombienne). C’est là qu’il va rencontrer Núñez de Balboa qui s’est embarqué clandestinement sur le navire de Fernández de Enciso, gouverneur de la Castille d’Or (Gouvernorat de Veragua), qui a pris la mer pour porter secours à Odeja, gouverneur de la Nouvelle Andalousie.

Quand de Enciso arrive avec de Balboa qui a finalement était trouvé et accepté, Pizarro, selon les ordres de Ojeda est sur le point de quitter San Sébastian après 50 jours d’attente des secours. La région reste toujours dangereuse. Juan de la Costa y a trouvé la mort et Ojeda, blessé s’est embarqué sur un navire de pirates pour aller chercher de l’aide à St Domingue.


Núñez de Balboa qui connaît la région pour y être déjà venu, convainc son monde de partir s’installer plus au nord-ouest, de l’autre côté du Golfe d'Urabá dans la région de Darién censée être plus accueillante. Mais ils doivent affronter de farouches et vaillant indiens qu’ils n’arrivent à battre que difficilement. En cette année de 1510 est fondée Santa María la Antigua del Darién, la première colonie espagnole d’Amérique du Sud. Le conquistador Rodrigo de Bastidas en 1502 et Colomb en 1503 (4ème voyage) étaient déjà parvenus jusque là. Bastidas avait troqué de l’or avec les indigènes et la région colombo-panaméenne réputée pour sa richesse avait été nommée la Castille d’Or.

En 1513, avec toujours Pizarro à ses côtés, Balboa explorant l’isthme de Panama, va découvrir la « Mar del Sur » que Magellan (1480-1521) nommera en 1520 le Pacifique pour la tranquillité de ses eaux. Pizarro va vivoter sur quelques terres qui lui ont été concédées avec les indiens qui y sont rattachés non en esclavage mais en travail forcé.

Mais toujours en quête d’aventures et de conquête, il s’associe en 1524 avec un conquistador du nom de Diego de Almagro pour racheter le navire d’un autre conquistador, Pascual de Andagoya, et longeait les côtes sud de l’isthme et de la Colombie pour atteindre à ce richissime empire dont ce dernier leur a parlé. Pascual de Andagoya est arrivé en 1513 avec Pedrarias Dávila nommé gouverneur de la Castille d’Or (Panama).


Après plusieurs tentatives, l’hostilité des indiens et le refus du nouveau gouverneur de poursuivre l’expédition, Pizarro, en 1526, s’est bien engagé le long de la côte sud colombienne. Il lui faudra attendre encore deux ans pour recevoir des renforts et arriver au port de Tumbes dans le golfe de Guayaquil, au sud de l’actuel Équateur. Le port, puissamment fortifié, est tenu par un peuple inconnu, accueillant, qui offre or, bijoux et tissus précieux. Pizarro, devant le refus du gouverneur de Panama, part en Espagne où il obtient non sans l’aide de Cortès qui revenant lui-même du Mexique vient de recevoir honneurs, gloire et titres, l’accord de Charles-Quint de la conquête du Pirú. En 1531, Pizarro repart avec trois navires, 180 hommes, des chevaux et ses frères, Hernando, Gonzalo et Juan. 


A son arrivée, le peuple inca est en pleine guerre civile pour cause de succession sur le trône, et Pizarro, suivant les leçons de son aîné Cortés, provoquera troubles et discordes entre les deux parties adverses, celle de Cuzco et celle de Quito. L’armée de Atahualpa, l’héritier vainqueur (Quito) est fort nombreuse.

« Une rencontre entre Pizarro et Atahualpa[58] est organisée le lendemain, sur la place principale de Cajamarca. Les Espagnols se massent dans les bâtiments qui la bordent. Atahualpa arrive vers le soir, et un dominicain, Vicente de Valverde, vient lui réciter la réquisition qui, suivant le formalisme de la Conquête, doit servir d'ultimatum aux hérétiques. Puis, il tend une bible à l'Inca qui laisse tomber le Saint Livre. Valverde revient alors vers Pizarro : il tient son sacrilège et exige l'attaque. Les cavaliers s'élancent contre l'entourage, désarmé, du souverain : c'est une tuerie frénétique. Pizarro doit empêcher lui-même que l'Inca ne soit poignardé. La panique se porte dans l'armée d'Atahualpa : six mille ou sept mille Indiens sont massacrés par les cavaliers espagnols».


En 1533, Atahualpa qui a du fournir une énorme quantité d’or et d’argent, est finalement étranglé. Et Pizarro va entreprendre sa « longue marche » vers la capitale Cuzco, au long de laquelle les attaques des Incas sont nombreuses. Mais, il va recevoir le soutien du frère rival d’Atahualpa, Manco Cápac II que Pizarro va habilement faire nommer Sapa Inca (premier ou supérieur inca). Ce qui n’empêchera pas que Cuzco soit pillée et les temples vidés de leurs trésors. Néanmoins, la résistance indigène à la tête de laquelle se trouve le Grand Inca lui-même, Manco Cápac II, s’organise. Sebastián de Belalcázar, lieutenant de Pizarro va s’emparer du royaume d’Atahualpa dont la capitale est Quito, et Hernando Pizarro va pouvoir préserver Cuzco. Celui-ci va rentrer en Espagne ramener le colossal butin pris aux Incas. Il obtient un immense territoire. Il en est de même pour Diego de Almagro qui a été aux côtés de Pizarro dès le départ de l’expédition. Il reçoit, lui, le tire de Gouverneur de la Nouvelle Tolède, immense territoire créé pour lui. En 1538, de retour d’une expédition au Chili, il va s’opposer à Hernando pour la possession de Cuzco. Ce qui entrainera un affrontement entre Almagristes et Pizarristes à l’issu duquel Almagro sera étranglé.

« Francisco Pizarro, pourvu du titre de marquis, va désormais s'attacher à l'organisation de son empire : il attire les immigrants, crée l'élevage de bovins et de moutons ainsi que la culture des céréales. Il fonde des villes et s'attache particulièrement au développement de Lima : c'est là, dans son palais, qu'il sera assassiné par une petite troupe dont l'action est inspirée par le propre fils d'Almagro (26 juin 1541). » (Encyclopédie Larousse, réf. citée)


de Las Casas et la Controverse de Valladolid

Bartolomé de las Casas

Bartolomé de las Casas (1484-1566) est issu d’une modeste famille de conversos (juifs convertis, voir Réforme/Espagne). Son père et son oncle ont fait partie du second voyage de Colomb (1493-96). En 1502, il fait partie de la suite de Nicolás de Ovando nommé gouverneur d'Hispaniola (St Domingue) et lui est confiée une encomienda[59] au rapport de 100000 castellanos soit 100000 x 4,5 gr d’or équivalant à 450kg d’or/an.

En 1512, il revient d’Espagne où il a été ordonné prêtre dominicain, et le vice-roi des Indes, le fils de Colomb, Diego Colón le nomme aumônier à Cuba. Il reçoit une nouvelle encomienda. Il assiste pour la première fois à des massacres d’indiens qui refusent de se convertir (si tant est soit-il qu’ils comprennent vraiment de quoi il s’agit compte tenu de la différence de culture).

De Las Casas va commencer à dénoncer le sort réservé aux indigènes qui selon ce qu’il écrit sont passés d’une population de 1 100 000 en 1492 à 16 000 en 1516. Populations décimées par le triste sort qui leur sont réservé mais aussi et sans doute en grande partie du fait de la contamination microbienne, l’apport des maladies par les européens ayant entrainé de véritables hécatombes parmi les autochtones non immunisés. Les indiens connaissaient les plantes pour guérir ‘’leurs ‘’ maladies endémiques, tels les Iroquois qui indiquèrent à J. Cartier le cèdre blanc pour lutter contre le scorbut. 

de Las Casas va trouver dans son action un soutien - assez surprenant quand on sait le sort qu’il a réservé aux juifs et au musulmans - en la personne du Cardinal Cisneros alors régent d’Espagne, sans doute sensible à l’argument avancé par le prêtre, à savoir que la main d’œuvre doit être préservée et mieux traitée dans l’intérêt même des colons.

« Il rédige un plan de réformes intitulé le Mémoire des Quatorze Remèdes où il prône :

  • la fin des encomiendas,
  • la réglementation du travail,
  • la fin des travaux forcés,
  • l'envoi de fermiers espagnols avec leurs familles pour exploiter en commun des terres avec les indigènes,
  • la destitution des administrateurs en place,
  • de combiner évangélisation et colonisation,
  • de prendre des Noirs comme esclaves pour compenser la mortalité des indigènes (Las Casas prendra conscience de son erreur lorsqu'il connaîtra les conditions de la guerre menée en Afrique. Il prendra alors la défense des Noirs aussi bien que des Indios et se repentira jusqu'à la fin de ses jours de cette erreur ».  (Wikipédia/ article).


Chargé d’une commission d’enquête au titre de « procureur et protecteur universel de tous les Indiens des Indes », il devra rentrer en Espagne pour se justifier, accusé qu’il est de desservir la cause des colons[60].

Avec l’accord de Charles-Quint, de Las Casas fera au Venezuela plusieurs tentatives de colonisation pacifique, accompagné de franciscains, de dominicains et de colons. Mais toutes ses tentatives avorteront soit à cause des attaques indigènes soient que les colons eux-mêmes n’auront fait que profiter de lui. En 1522, il revient sur Hispaniola pour se consacrer pendant dix ans à une vie de moine régulier.

Il rédige De Unico Modo dans lequel il affirme que les indiens sont des hommes comme les autres et de ce fait ne peuvent être non seulement privés de leurs droits mais sont à même de recevoir la foi, mais non sous la menace du feu et de l’épée comme le faisait ses prédécesseurs mais par la prédication ; et les prédicateurs doivent leur servir d’exemple comme le Christ l’a été pour eux. Son séjour au Nicaragua de 1534 à 1540 le mettra une fois encore devant son impuissance à s’opposer aux massacres des indigènes ou à leur envoi aux travaux forcés dan les mines du Pérou. Et ce malgré la bulle papale de 1537, Sublimis Deus, qui interdit l’esclavage des Indiens et de tout autre peuple qui sera découvert.


Cette bulle va dans le sens des nouvelles théories de l’École de Salamanque dont le chef de file est l’imminent juriste Francisco de Vitoria (1493/96-1546)[61] que de Las Casas va rencontrer une fois qu’il sera retourné en Espagne en 1540. Les conceptions humanistes que développe cette école sur les droits naturels et égaux des hommes s’opposent forcément aux intérêts économiques basés sur le travail forcé des indigènes.

Dès 1539, de Las Casas entreprit la rédaction de La Brevísima relación de la destrucción de las Indias (Très brève relation de la destruction des Indes) qu’il poursuivra jusqu’à sa publication en 1552. Il y dénonce une colonisation qui, présentée sous un angle chronologique, ne cessant de s’étendre, ne cesse de provoquer des désastres humains de plus en plus importants. Au « bon sauvage », de Las Casas, qui pourrait faire penser à un Bernardin de Saint Pierre avant l’heure, s’opposent les sanguinaires conquistadors. Il émet des solutions pour une colonisation pacifique tout autant que rentable. Charles-Quint, qui en lut une version en 1542, décide de réviser le Conseil des Indes (l’administration des Indes Orientales et Occidentales). De nouvelles lois sont promulguées qui se résument à :

  • la liberté naturelle des Indiens et obligation de la remise en liberté des esclaves ;
  •  la liberté du travail, la limitation des charges et interdiction des pêcheries de perles ;
  • la liberté de résidence et la libre propriété des biens, avec punition de ceux qui seront violents ou agressifs envers les Indiens ;
  •  l’abolition du système des encomiendas. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Bartolomé_de_las_Casas#Le_retour_CA0_l'action).


Les réactions furent violentes chez les colons de la Nouvelle Espagne et les lois durent être abrogées quatre ans plus tard. Les réactions hostiles vinrent aussi des défenseurs de la cause indienne comme Toribio de Benavente dit Motolinia (le Pauvre, †1565) qui, auteur en 1558 d’une Histoire des Indiens de la Nouvelle-Espagne, jugea de Las Casas irréaliste. L’ouvrage, publié pour la première fois en 1558, n’en connut pas mois de nombreuses traductions en Europe.

En 1544, de Las Casas accepte la charge d’évêque au Mexique dans le Chiapas (extrême sud-ouest) où les nouvelles lois n’ont pas été mises en application. Face à une population hostile et de laquelle il échappe à la mort, il doit rentrer en Espagne trois ans plus tard définitivement. Il entre au couvent de Valladolid. C’est en cette ville qu’en 1551 aura lieu la fameuse controverse avec Juan Ginés de Sepúlveda qui aura été, entre autres, traducteur d’Aristote et précepteur du futur Philippe II. Le successeur de Charles Quint aura une tout autre attitude que son père envers le défenseur de la cause indienne et les indiens eux-mêmes.


de Las Casas s’installe à Séville pour former et s’occuper de l’envoi de missionnaires en Nouvelle-Espagne. En 1553, il écrit une Histoire des Indes avec laquelle il veut montrer que la raison première de la colonisation était la christianisation des indigènes. Mais bien que s’appuyant sur les plus anciennes archives de la colonisation, de Las Casas reste fidèle à lui-même dans ses partis-pris et ses amplifications. L’ouvrage ne sera pas publié à la demande même de son auteur de crainte de sanction. Parue en 1875, sa publication sera suivie au début du XXème siècle de son œuvre sur la vie et les mœurs des indiens, Apologética Historia Sumaria.

de Las Casas, toujours évêque, retiré dans son couvent, sans plus aucune influence sur le pouvoir, va continuer le combat de sa vie jusqu’à la fin. Par lettres, écrits envois de missionnaires. Dans l’un de ses derniers ouvrage, De Thesauris, il fustige les colons pilleurs des trésors du Pérou et du Mexique, les massacres qui se perpétuent toujours, ne reconnaît à aucun roi le droit à la colonisation. En 1566, il meurt à l’âge de 81 ans après avoir rejoint Madrid dont Philippe II vient de faire la capitale du royaume cinq an plus tôt.


La Controverse de Valladolid

En 1550, au mois d’août s’ouvre à Valladolid, capitale du royaume[62], une controverse décidée par Charles-Quint. La controverse va se tenir en deux sessions ; mais elle avait déjà commencé par ouvrages interposés entre ses participants les plus éminents, de Las Casas et les membres de l’École de Salamanque (voir Humanisme/Espagne) dont le dominicain Dominigo Soto et Melchor Cano d’un côté et, de l’autre, Juan Ginés de Sepúlveda[63]. Entre les deux cessions -la seconde se tiendra quelque six mois plus tard- des échanges de lettres vont alimenter le débat. C’est d’ailleurs cette polémique qui a amené le roi à prendre la décision d’une seconde confrontation directe des parties. L’empereur, de santé fragile, a commencé à se reposer sur son fils Ferdinand, d’abord le plaçant à ses côtés, puis à la tête des Flandres avant qu’il ne le fasse roi de Naples, préparant ainsi son retrait de la scène internationale et sans doute de ce bas-monde. Il renâcle à poursuivre une colonisation qui, si elle enrichit et sur-enrichit l’Espagne depuis un demi-siècle, a provoqué le massacre d’un nombre incalculable d’indigènes. Sans que cela puisse être vérifié, de Las Casas avança le chiffre de plus de 1000000 de victimes.

Charles-Quint met en suspens la conquête de nouveaux territoires et demande à ces différentes personnalités qui se sont impliquées dans la question de la colonisation de débattre. Mais de quoi ?

« Contrairement à une légende tenace, il ne s'agit en aucune façon de décider si les Indiens (ou Amérindiens) ont une âme. La question a été tranchée par l'affirmative dès les premiers voyages de Christophe Colomb, la reine Isabelle de Castille, elle-même, en ayant jugé ainsi et réclamé que les Indiens soient traités en hommes libres ….Le pape Paul III, lui-même, allait renouveler ces injonctions dans la bulle Sublimus Deus du 2 juin 1537 :

« Nous considérons les Indiens comme de vrais êtres humains, capables de recevoir la foi chrétienne (...) et nous exigeons qu'ils ne soient pas privés de leur liberté. » (Marie Desclaux, Hérotode/La Controverse de Valladolid).

Ni de débattre non plus sur le bien fondé de la conquête du Nouveau Monde[64], mais sur la manière dont elle doit être menée. Ce qui soulève la question de la place que doivent occuper les populations indiennes. Doit-on continuer à obliger les indigènes aux travaux forcés (l’esclavage viendra avec les noirs) ? Sont-ils capables d’entendre la parole de l’évangile et de se laisser convertir ? Et comme de toute façon, ils doivent être convertis, doivent-ils l’être par la prédication et l’exemple donné par les missionnaires ou par « la lame et le feu » ?


On a donné à cette disputation le nom de Polémique des naturels ou des Justes titres. A savoir qu’elle opposait

  • d’un côté, les partisans du respect de la vie et de l’intégrité physique des indigènes au nom du droit naturel, selon l’École de Salamanque qui prônait une colonisation pacifique et non meurtrière, évangélisation par la parole et l’exemple, avec pour chef de file de Las Casas ;
  • et de l’autre côté, les tenants d’une colonisation sans complexe avec pour chef de file, Juan Ginés de Sepúlveda[65] qui en bon aristotélicien, comme d’ailleurs les membres de l’École de Salamanque, s’appuyait sur la notion de droit naturel créée par le Stagirite, mais en en tirant une conclusion à l’opposé de celles des salmantins : les indigènes sont des êtres inférieurs…par nature[66]. Il est donc du devoir de tout bon chrétien de les convertir de gré ou de force, plutôt de force, et il faut d’abord et avant tout mettre un terme à leurs mœurs barbares qui leur fait pratiquer des sacrifices humains et le cannibalisme.

La controverse n’aboutit sur rien de concret. L’on doit néanmoins à Domingo de Soto (1494-1560), qui s’était penché sur les questions relatives au Nouveau Monde et sur les conditions de vie des indigènes, le texte protocolaire de la controverse. Les nouvelles lois décidées par l’empereur en 1542 avaient eu un effet désastreux sur les colons et furent annulées, à l’instar des lois de Burgos que le dominicain Antonio de Montesinos avait pu faire promulguer en 1512 par les Rois Catholiques :

«Les indigènes devaient bénéficier de jours de repos, être nourris et logés, être mieux protégés (interdiction de faire travailler les femmes enceintes, interdiction de battre un Amérindien), recevoir une instruction religieuse et un salaire. »


Ces lois devaient protéger les indiens du travail forcé, et leur garantir d’être humainement traités. La controverse ne modifia en rien l’attitude des encomenderos, propriétaires des encomendias, ni celle des conquistadors. Et ce que l’on put reprocher à de Las Casas, qui n’arriva pas à faire supprimer le système de l’encomienda, fut que la défense des indiens l’amena à faire appel aux Africains pour suppléer à la main d’œuvre manquante des indiens par trop massacrés. Cette main d’œuvre importée sera, elle, l’objet d’une traite et de l’esclavage et non plus comme pour les indigènes de travaux forcés.

Cette controverse est restée célèbre parce qu’elle a ouvert publiquement, officiellement, la question d’une colonisation dont le XVIème siècle n’en fut que le début. L’esclavage allant se poursuivre pendant des siècles dans Nueva España et l’Amérique du Nord.

 L’histoire donna raison et à l’esclavagiste malgré lui de Las Casas et à l’esclavagiste patenté Sepúlveda. Sans pour autant être une conséquence de la controverse, on peut considérer qu’au cours de la colonisation espagnole eurent lieu :

  • La création d’universités et enseignement en les langues indigènes ;
  • L’intégration de divinités païennes dans la pratique religieuse, créant un syncrétisme local (toujours actuel) ;
  • ·L’intégration des autochtones convertis dans la vie sociale qui eut pour conséquence un métissage de la population.


Manuscrits Mayas

Par ailleurs, des missionnaires étudièrent sérieusement les us et coutumes des peuples des Amériques Centrale et du Sud, tel le dominicain Fray Toribio de Motolinía qui dans son Historia de los Indios de la Nueva España consacre une part relativement importante de sa chronique à l’évangélisation des indiens, à leurs croyances et à leur mode de vie. Les premiers évangélisateurs sont Diaz, Olmedo, Melgajero et Altamirano, tous franciscains. Les Dominicains arrivèrent plus tard. L’on doit au franciscain Bernardino de Sahagún (†1590) d’avoir recueilli en douze livres des textes en langue aztèqque, le nahuatl, sous le titre d'Histoire Générale des Choses de la Nouvelle-Espagne connue sous le nom de Codex de Florence.


Cortès envoya des manuscrits aztèques en Espagne, et des corsaires français se sont emparés d’un bateau espagnol qui transportait aussi des manuscrits qui ont terminé à la cour de France. Plusieurs manuscrits mayas, mixtèques ou aztèques ont bien été expédiés en Espagne ou ont fini en France et en Italie. Les mayas étaient le seul peuple de la Nouvelle-Espagne à posséder une écriture et avoir consigné dans des livres cosmogonie, croyances et chroniques. Bien que ces livres seront systématiquement brulés, certains ont pu être sauvegardés et traduits comme le Popol-Vuh (Le Livre du Conseil), transcription écrite aux alentours de 1550, de la tradition orale, et traduit au XVIIIème siècle par le prêtre Francisco Ximénez († 1729)[67].

« On ne connaît, jusqu'à présent, que trois codex, c'est-à-dire trois manuscrits pictographiques attribués aux Mayas et nommés en fonction de la ville où ils sont conservés : le codex de Dresde, celui de Madrid et celui de Paris. Ils auraient été rapportés du Mexique vers 1528 par le conquistador espagnol Hernán Cortés, sur les bateaux qui contenaient autant des livres que des hommes, des femmes, des animaux, de l'or et de l'argent, remis à la cour de Charles-Quint à Anvers ou peut-être même au pape ».


Les Dominicains arriveront bien plus tard, trop pour sauver des manuscrits.

Une source importante de la connaissance des indiens ont été les deux ouvrages de l’historien de Indes Occidentales qui séjourna à plusieurs reprise à Hispaniola, Gonzalo Fernández de Oviedo y Valdés (1478-1557) : La General y natural historia de las Indias et Las Quinquagenas de la nobleza de España.


Le Canada

Si l’explorateur italien Cabot avait déjà découvert Terre-Neuve en 1494, c’est l’explorateur français Jacques Cartier qui va découvrir et explorer le Golfe du St Laurent et remonté jusqu’à Hochelaga (future ville de Québec). Et en 1534, sur les nouvelles terres du Saint Laurent, dénommées après Giovanni da Verrazzano et Jacques Cartier, la Nouvelle France, est établie une vice-royauté qui perdurera jusqu’en 1763. En 1627, alors qu’elle n’avait implanté jusque là que des comptoirs, la France entreprit vraiment son œuvre de colonisation. Richelieu crée la Compagnie des Cent-Associés et instaure la loi française et le régime seigneurial. Sous Louis XIV furent envoyées les Filles du Roi, généralement sorties des auspices pour les marier aux colons et développer la population.


En 1763, France, vaincue, sera obligée d’abandonner ses territoires canadiens et la Louisiane pour ne plus conserver que ceux des Antilles et Saint Pierre-et-Miquelon. La France de Louis XV est doublement vaincue. Elle perd sur le continent américain la Guerre de la Conquête (1754-1763) : L’Angleterre va parvenir à coloniser les terres continentales de l’empire français en opposant aux troupes régulières françaises, aux colons et à certaines tribus indiennes, son armée à laquelle se rallient les Iroquois et les milices américaines. Elle perd également La Guerre de Sept Ans (1756-1763) qui, conséquence en quelque sorte de la première guerre, voit s’affronter sur le continent la France, l’Espagne, l’Autriche et la Russie à la Prusse de Frédéric II qui vise la Silésie, et à l’Angleterre, qui déjà en Inde, poursuit des ambitions coloniales qu’elle mènera à bien. Le Canada sous dominations anglaise devient La Province de Québec.


Jean-François de La Rocque de Roberval

Jean-François de La Rocque de Roberval (ca.1495-1560), dit l'Élu de Poix, natif de Carcassonne et dont le père était gouverneur, sera Lieutenant-Général du Canada (celui de Cartier) de 1541 à 1543.

De par sa famille plus ou moins éloignée dont il héritera, et de par les biens de la riche troisième épouse de son père de laquelle il tire le nom de Sieur de Roberval, de La Rocque jouira des bénéfices de terres et seigneuries qui se répartissent dans le Carcaçonnais, la région rémoise et le Pays du Valois à l’est de Paris où se trouvaient les terres des Roberval.

Adolescent, il entre dans les armées et il est placé dans l’État-Major de Robert de La Mark-Fleurange, maréchal de France, chef militaire des armées de François Ier.. Il se distingue au cours de la huitième Guerres d’Italie (1535-38).

En 1538, Roberval a reconstitué avec le fils du maréchal tué en 1535, son régiment d’armée décimé en 1537, car il a eu vent des projets d’expédition canadienne que François 1er va se décider à mettre en place en 1540.

« Le souverain français décide d’augmenter la taille de l’expédition originelle et de vider, par la même occasion, ses prisons surchargées. Cette première colonie française comporte donc des colons, des artisans et des soldats pour protéger l’établissement des autochtones ou des Espagnols et encadrer les prisonniers condamnés aux travaux forcés. Jacques Cartier ne pouvant mener à bien tous les aspects de cette mission, l’on confie son organisation à un lieutenant-général choisi parmi les officiers militaires du roi. Le choix se porte sur La Rocque de Roberval »(https://www.encyclopediecanadienne.ca/fr/article/ jean-francois-de-la-rocque-de-roberval/. Socle de labiographie.


Roberval, retenu par une éventuelle reprise des hostilités avec l’Espagne, donnera l’ordre à J. Cartier de prendre les devants et de préparer l’installation. Cartier fera là son troisième et dernier voyage au Canada. Roberval arrive un an plus tard en 1541 et ne fait que croiser à Terre-Neuve Cartier qui a décidé de retourner en France. Il installe la colonie en pays iroquois, là où Cartier avait installé son camp de base, à Stadaconé (Québec), et fortifie la place. Sur les traces de Cartier, Roberval va remonter jusqu’à Hochelaga (Montréal) où l’explorateur s’était rendu lors de son deuxième voyage en 1535.

Le climat délétère avec les iroquois, qui a amené à des massacres de part et d’autre et qui avait incité Cartier à s’en aller, se prolonge. En 1543, Roberval est rappelé en France à cause de la guerre qui a recommencé contre l’Espagne en Italie (Neuvième Guerre d’Italie). Paris est menacé au Nord par les anglais. de La Rocque a mission de fortifier la place forte de Senlis non loin de ses terres de Roberval. Il met toute la population et les colons revenus avec lui à l’ouvrage. Il participe à la bataille navale par laquelle une flotte de vaisseaux va défaire l’étau anglais. De même, il va participer en tant que membre de l’état-major à tous les conflits jusqu’au Traité de Cateau-Cambrésis (voir fin des Guerres d’Italie, 1558).

 Le Sieur de Roberval trouve mystérieusement la mort en 1560 « dans un lieu inconnu, mais probablement à l’occasion de l’enterrement d’un collègue au cimetière des Saint-Innocent à Paris ». était criblé de dettes mais protégé par le roi… sans doute qu’à un certain point.


Notes
[1]
L’année précédente, Henri III avait convié le chef de la Ligue, le Duc Henri de Guise en son château de Blois. Le Duc confiant, pensant à une négociation, n’était venu qu’avec une faible escorte. Aussitôt entré dans la chambre du roi, il est trucidé de plusieurs coups d’épée de la garde rapprochée du roi.

[2] Pour la petite histoire, Henri II meurt en 1559 à 40 ans dans une atroce agonie des suites de son œil crevé au cours du célèbre tournoi organisé pour les deux mariages d’Élisabeth de France, fille du roi et de Philippe II d’Espagne, veuf un an plus tôt de Marie 1er Tudor et de Marguerite de France, sœur du roi avec le Duc de Savoie. Marie Stuart demanda par la suite à celle qui fut la favorite du roi pendant12 ans, Diane de Poitiers, de lui remettre les bijoux que le royal amant lui avait offerts. Diane ne put que s’exécuter.

[3] En 1504, à la mort de sa mère, Isabelle de Castille, Jeanne-la –Folle devient officiellement régente de la Castille, et en 1516,à la mort de son père Ferdinand, reine d’Aragon. Dès 1506, à la mort de son époux, Philippe le Beau, fils de l’empereur Maximilien 1er, Jeanne aurait commencé à manifester des signes de schizophrénie. Mais il est probable qu’elle a pu être retenue enfermée par son mari avant qu’il ne meure. C’est ‘’prisonnière’’ qu’elle sera ramenée de Burgos à Grenade où celui-ci devait être inhumé, pour être enfermée à la forteresse de Tordessillas jusqu’à la fin de ses jours en 1555. Malgré des moments de lucidité, c’est le cardinal Cisneros (Voir Contre-Réforme/Espagne) qui assumera la régence jusqu’en 1516. (cf K. Hillebrand Une énigme de l’histoire - La captivité de Jeanne la Folle d’après des documents nouveaux Revue des Deux Mondes T.81, 1869 ). Son fils, Charles-Quint, la maintiendra enfermée, ne la visitant quasiment jamais.

[4] L’empire Ottoman ne fait pas partie de l’Europe mais ses incursions, ses possessions territoriales en Europe, son constant souci de s’étendre, le rôle politique, parfois déterminant qu’il joua dans la politique européenne de par ses alliances avec divers souverains, qu’un bref panorama de fait ce qu’il entreprit dans le deuxième siècle des Temps Moderne est apparu incontournable. L’empire ottoman doit son nom au souverain Othmam (Osman, 1258-1386), premier émir de la dynastie ottomane qui supplantera l’empire Seldjoukide (1077-1307) en Anatolie.

[5] Sur Venise et les Guerres Vénéto-Ottomanes voir Joëlle Dalègre, Venise, en Crète, Inalco Presse 2019 ou résumé https://books.openedition.org/

pressesinalco/19389

[6]Voir Jean Chélini, Histoire de l’Occident Chrétien Médiéval, Hachette 19921 Pg 554 et suiv. : « si les Grecs s’étaient rendus, ce n’était point par lassitude mais parce qu’ils étaient convaincus et Bessarion au premier chef ». Il est vrai que si Bessarion, ami du Cusain, s’opposa farouchement au début des négociations à la reconnaissance du Symbole de Nicée (le crédo romain, 1er concile de Nicée 325), il se laissa convaincre sur l’ensemble des points de divergence. (Sur le schisme orient-occident de 1054 dont la question du filioque et du Symbole furent deux des causes majeures, voir Faits Majeurs du Bas Moyen-Âge/Schisme Orient-Occident).

[7] Jules II qui confia en 1505 à Bramante la reprise des travaux de la Basilique St Pierre, en même temps qu’il commandait à Michel-Ange son tombeau où allait se trouver le célèbre Moïse Cornu (voir Arts/Michel-Ange).

[8] Richard II est le fils du fils ainé de Édouard III, Édouard e Woodwtock plus connu à cause la couleur de son armure sous le surnom du Prince Noir.

[9] L'écu au soleil ou écu sol, créée par Louis XI. L'écu sol avait un poids de 3,45 grammes et valait 28 sols (sous) et 4 deniers. Au prix actuel de l’or, un écu vaudrait environ 135€. 75000 écus vaudraient quelque chose comme 10 200000€.

[10] On considère que la Confédération Suisse, qui n’est pas une fédération, nait à partir du pacte signé entre Rodolphe 1er de Habsbourg qui vient de racheter les droits sur Lucerne et les trois cantons originaux Uri, Schwytz et Unterland. Cette confédération va s’étendre à 8 puis 13 cantons.

[11] Sources principales http://www.universalis.fr/encyclopedie/freres-moraves/ - http://www.museeprotestant.org/notice/le-protestantisme-en-republique-tcheque/ et http://libertedecroyance.blogspot.fr/2009/10/lunite-des-freres-moraves.html

[12] Le roi de Bohème était Venceslas 1er de Luxembourg dit l’Ivrogne. Ivrogne invétéré, il fut dans l’incapacité de gouverner ; destitué en 1419, Sigismond 1er lui succéda sur le trône de Bohème en 1419 et sera empereur du St Empire en 1433, le trône impérial étant resté vacant depuis la mort de Charles IV en 1378.

[13] Qui agit de concert avec celui ou celle qui a le pouvoir décisionnaire.

[14] A ne pas confondre avec Ferdinand II d’Aragon né et mort à Naples (1469-1496) qui ne fut roi qu’un an.

[15] Henri II de d’Albret devient roi de la Navarre en deçà des Pyrénées à la mort de sa mère Catherine de Foix. En 1527, il se marie avec la sœur de François 1er, Marguerite d’Angoulême (Marguerite de France et d’Alençon) qui jouera un rôle important dans la Réforme. De leur union naitra la très convaincue calviniste, Jeanne d’Albret qui, mariée à Antoine de Bourbon, aura pour fils Henri III Bourbon-d’Albret, roi de Navarre à la mort de sa mère en 1572 et roi de France en 1589 sous le nom d’ Henri IV. Marguerite d’ Angoulême jouera un rôle déterminant dans l’avancée des thèses calvinistes. Elle recevra à sa cour d’un grand rayonnement culturel, aussi bien Guillaume Budé que Clément Marot ou qu’encore Calvin. Ne pas confondre Marguerite d’Angoulême ou de Navarre avec la reine Margot, Marguerite de France (1553-1615), fille d’Henri II, reine de Navarre et reine de France de par son mariage en 1572 avec Henri III de Navarre, futur Henri IV.

[16] Entre 1523 et 1525, un conflit oppose François 1er à son petit-cousin Charles III Duc et Connétable de Bourbon, pour la succession des territoires du Duché de Bourbon (le Bourbonnais, capitale Moulins) sur lesquels la mère du roi, Louise de Savoie à des prétentions en tant que petite-fille de Charles 1er de Bourbon, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc aux côtés de Gilles de Rais de sinistre mémoire.

[17] Symphorien Champier (1471-1539), médecin lyonnais, humaniste, sera le premier chroniqueur de Pierre Terrail (voir Humanisme/France/ S.Champier).

[18] Éléonore de Habsbourg (1498-1558), sœur de Charles-Quint, fille de Jeanne la Folle (fille de Ferdinand II et de Isabelle de Castille) et de Philipe le Beau (fils de Maximilien 1er) prince des Pays-Bas, et par son mariage, roi de Castille et de León. Après avoir été reine consort du Portugal, Éléonore sera reine de France, sans descendance, de 1530 jusqu’à la mort du roi en 1547.

[19] Voir Humanisme/ Italie

[20] La Corse venait de se libérer des génois avec l’aide de la France et des Turcs. La tête de Maure comme blason de la Corse ne date que du milieu du 18ème siècle.

[21] Voir Contre-Réforme/Ordres Nouveaux//Théatins

[22] Trois seigneurs, le duc de Guise, le duc d'Aumale et le demi-frère du roi Henri II, Grand Prieur de France furent chargés d'organiser l'assassinat de l'amiral chez lui, au 144 rue de Béthisy [entre Rivoli et Pont-neuf]. Coligny fut achevé dans son lit, à coups de dague, par Charles Danowitz dit Besme, capitaine originaire de Bohême. Son corps fut jeté par la fenêtre, éviscéré, émasculé et décapité dans la cour, toujours par Besme. Le corps ou du moins ce qu’il en restait, fut ensuite porté jusqu'à la Seine, avant d'être traîné dans les rues par des enfants, puis pendu au gibet de Montfaucon, lieu des exécutions ordinaires, où il fut exhibé, pendu par les pieds.

(https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaspard_II_de Coligny)

Le Duc Anne de Montmorency (1493-1567), puissant du royaume et son rival Bayard (1475-1524) furent les premiers chefs des armées de François 1er. Anne eut pour autre rival, sous Henri II, le Duc François de Guise (1519-1563), qui, chef de la Ligue (catholique) lors des Guerres de Religions sera abattu lors de la première des Guerres de Religions par un huguenot à la Bataille de St Denis.

[23] Ne pas confondre avec Marguerite de France (1553-1615), la Reine Margot, la fille d’Henri II et non la sœur, mariée au futur Henri IV en 1572.

[24] Denis Crouzet, Les Guerres de Dieu, Édit Champ Vallon 1990.

[25] Marguerite a pour grand-mère paternelle, Louise de Savoie, régente du royaume lors de la captivité de son fils François 1er ; fine diplomate, elle fut à l’initiative d’une alliance avec Soliman le Magnifique. Quant à Emmanuel -Philibert, il est le cousin germain du père de Marguerite, François 1er, son père, Charles II (ou III), étant le frère de Louise.

[26] Le peintre François Clouet, le rénovateur de la peinture française célèbrera sa beauté en faisant d’elle un portrait en buste nu resté célèbre (1571). Âgée de plus de vingt ans que son royal amant, elle ne deviendra sa maitresse qu’après l’avoir maternée comme elle a materné ses frères et sa sœur, et qu’il ait épousé Catherine de Médicis (1533). Henri II lui offrira le château de Chenonceau à la fameuse galerie et dont les fêtes dénudées sont restées de galante mémoire.

[27] Une prothèse dentaire faite d’os taillés reliés par un fil d’or lui faisait office de dentition.

[28] C’est de Genève que viendra le calvinisme mais aussi le terme de ‘Huguenot’ pour désigner les calvinistes français. Le mot est la contraction de ‘Eidgenossen’ (en allemand confédérés) et de Hugues. Ce nom est donné à l’origine aux confédérés, qui, sous la conduite de Hugues de Besançon, avaient signé le serment contre la domination savoyarde. Le mot se propagea en France dans les années 30 de façon péjorative. Mais ce n’est que sous les Guerres de Religions dans la seconde moitié du siècle, que le terme se généralisa et que les calvinistes français finirent par l’adopter.

[29] Gaspar de Coligny sera le premier assassiné du massacre de la St Barthélémy (voir note 10 et Réforme/France)

[30] Ne pas confondre ce Guillaume 1er d’Orange-Nassau dit le Taciturne avec Guillaume III d’Orange-Nassau (1650-1702), stathouder des Pays-Bas (1672) qui deviendra roi d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande à partir de 1679.

[31] En 1581, les Provinces-Unies vont s’établir en une république. Va commencer pour elle son ‘’siècle d’or’ qui verra naître la première puissance capitalise, un commerce maritime particulièrement prospère, une période des arts et des lettres particulièrement florissante sous le signe de la tolérance. Déjà à la Renaissance, Amsterdam aura été un des principaux centres d’Édition où des auteurs célèbres et moins célèbres viendront faire publier leurs œuvres souvent pour des raisons de liberté d’expression.

[32] La capitulation est l’ordre donné par le roi aux explorateurs et conquistadors de poursuivre plus avant leurs explorations et leurs conquêtes des territoires, sans quoi, ceux-ci ne s’autorisaient pas à le faire. La capitulation comprend également sur les terres conquises l’instauration des lois et la nomination d’alcades (juges), et l’établissement d’une administration, donc la nomination de gouverneurs, généralement les chefs de l’expédition, avec tous les pouvoirs que cela inclut et la possession de territoires souvent immenses.

[33] L’esclavage est une pratique qui remonte à des temps immémoriaux. Au Moyen-âge, l’Église ne condamne pas l’esclavage. Le Pape l’autorise au roi du Portugal pour l’Afrique. Mais « l’organisation sociale chrétienne composée de frères ne peut se concilier avec l’esclavage, que remplace peu à peu le servage, dépendance personnelle et héréditaire… dans ces conditions, le vieux mot latin ‘servus’ finit par perdre son antique sens d' “esclave“ pour désigner celui qui est lié à la terre ou à un seigneur par des obligations relativement limitées : le serf. C'est alors qu'apparaît, dans le latin médiéval (Xème siècle), le mot ‘sclavus’, qui donnera, au 13ème siècle, le terme ‘esclave’, et qui est une autre forme de ‘slavus“, rappelant que les populations slaves des Balkans fournissaient, au Moyen Âge, l'essentiel des masses serviles en Occident ».

(http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/esclavage/49330)

[34] Nom donné en 1507 par les cartographes Lorrains Martin Waldseemüller et Mathias Ringmann. Cf article détaillé sur les Grandes Découvertes :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Grandes_d%C3%A9couvertes#Exp.C3.A9ditions_chinoise

[35] Cf : Phillymag.com, Washington Post, University of North Carolina, L'holocauste américain: Christophe Colomb et la conquête du Nouveau Monde: démythifier une légende. Rapporté par

http://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/la-verite-sur-christophe-colomb-147690.

[36] Julia Ferloni, Marins des Lumières dans le Pacifique Édit. de Conti 2007

[37] Amerigo Vespucci aurait bien fait une expédition maritime dont il serait revenu en 1502 si l’on en croit ce qu’il écrit cette année-là dans une lettre où il dit avoir exploré la côte atlantique du 32ième au 50ième parallèle, autrement dit, la côte est de l’Amérique du Nord, et non le Venezuela bien sûr plus au sud entre le 5ème et le 10ème. Ce qui rend peu probable sa participation au premier voyage d’Ojeda bien que toutes les sources le répètent.

Le nom d’Amérique sera donné en son honneur en 1507 pour avoir pressenti qu’il s’agissait-là d’un nouveau continent et non la face orientale des Indes. Colomb pensait que Cuba était en Asie.

[38] Site Cosmovision : « En 1501, Ojeda et Vespucci [??] repartirent de Cadix et abordèrent dans le golfe d'Uraba. Ojeda fut emprisonné par ses matelots et enfermé à Yaquimo. » [??]

[39] La Castille d’Or s’étendait de la côte ouest de la Colombie (golfe d'Urabá) à la côte nord du Panama. « La Nouvelle Andalousie est une province espagnole pendant le XVIe siècle. Elle comprenait alors ce qui est maintenant l'est du Venezuela, l'ouest de la Guyane et le nord du Brésil ». (wikipedia/article)

[40]Pour cette partie de la fin de vie de Ojeda voir

http://grannynudepics.com/pornpics/horny-mature-ungentlemanly-fuck.html https://www.biografiasyvidas.com/biografia/o/ojeda.htm.

[41] En 1564, les Français voulurent établir un comptoir, Fort Caroline (Jacksonville actuelle, Nord Floride) mais il fut aussitôt attaqué et détruit. Pedro Menéndez de Avilés établit à la place le comptoir de Saint Augustine considéré comme la première ville des États-Unis construite par les Européens.

[42]http://saintgeorgesdedidonnehier.blogs.sudouest.fr/archive/2014/06/18/1545-jehan-allofonsce-1023202.html. Et de poursuivre: « C’est grâce à un document édité par l’association « Ste-Même Patrimoine » qui reprend une conférence faite par le québécois Christian Morissonneau, que ce Portugais peut retrouver les rives de son Algarve natale et ainsi quitter ceux de la Charente du magnifique port de Saintonge. Il est natif sans doute du Cap St-Vincent [extrême de la côte portugaise], le sud qu'il décrit abondamment dans ses « Voyages ».

[43]https://www.sudouest.fr/2017/11/23/qui-etait-jean-fonteneau-dit-alfonse-de-saintonge-3972406-1538.php)

[44] Socle de la documentation : Marcel Trudel, Dictionnaire Biographique du Canada,

http://www.biographi.ca/fr/bio/cartier_jacques_1491_1557_1F.html

[45] http://www.netmarine.net/bat/batral/jcartier/celebre.html.

[46]https://www.encyclopediecanadienne.ca/fr/article/jean-francois-de-la-rocque-de-roberval/

[47] http://www.drbronsontours.com/Menendez.htm.

[48] En fait, Corte-Real et ses deux fils auraient accompagné le corsaire allemand Didrik Pining ( vers 1430 - 1491) dans son expédition de 1470. Cette expédition de celui qui fut un temps gouverneur d’Islande fait l’objet de recherches récentes et donne lieu à de nombreuses controverses. M. Trudel affirme que Corte-Real a certainement visité la Nouvelle-Écosse ; les historiens se penchent sur la question de savoir s’il a bien découvert l’Amérique vingt ans avant Colomb.

[49] Le Dictionnaire Biographique du Canada le donne pour vénitien: « Sébastien Cabot était vénitien de naissance et il est mentionné comme tel, tant dans un document anglais de 1505 que dans les déclarations qu’il fit lui-même en Espagne à Pietro Martire avant 1515 et à l’ambassadeur de Venise en 1522. »

[50]http://www.medarus.org/NM/NMPersonnages/NM_10_05_Biog_Others/nm_10_05_jean_cabot.htm

[51] Ibidem

[52] Pour les définitions de corsaire, flibustier, pirate voir http://www.pirates-corsaires.com/definitions.htm

[53] Une anecdote raconte que le corsaire français Surcouf (1773-1827), fait prisonnier par les Anglais, se fit interpellé par un officier de sa majesté qui lui dit : « Vous Français, vous vous battez pour de l’argent. Nous, Anglais, nous nous battons pour l’honneur ! » Et le célèbre corsaire, connu pour son sens de la répartie, lui répondit : « Chacun se bat pour ce qui lui manque. »

[54] http://www.drbronsontours.com/Menendez.htm. Une biographie complète de Pedro Menéndez de Avilés, une des rares sinon la seule a donner la cause de sa mort.

[55]https://www.geneahistoire-normandie.fr/patrimoine-et-culture/personnages-illustres/corsaires-pirates/35-francois-le-clerc-corsaire-sous-henri-ii

[56] En 1581, les Provinces-Unies vont s’établir en une république et va commencer pour elle son ‘’siècle d’or’ qui verra naître la première puissance capitalise, un commerce maritime particulièrement prospère, une période des arts et des lettres particulièrement florissante sous le signe de la tolérance. Déjà à La Renaissance, Amsterdam aura été un des principaux centres d’Édition où d’auteurs célèbres et moins célèbres y viendront faire publier leurs œuvres souvent pour des raisons de liberté d’expressions.

[57]http://www.pathfinder-fr.org/Wiki/Parties/P104 La conquetednouveaumonde.ashx

[58]http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Francisco_Pizarro/138360, socle de la biographie.

[59] Encomienda en espagnol signifie confier. Une terre et les indigènes qui y habitent ou qui y sont regroupés est confiée donc non attribuée à un colon méritant, le roi restant propriétaire du sol,

[60] De las Casas ne s’opposa pas vraiment comme l’indiquent certaines sources à Juan de Quevedo, premier évêque en 1514 de Santa María la Antigua del Darién, la première colonie espagnole d’Amérique du Sud. L’évêque qui défendit justement la cause des indiens dans son diocèse fut accusé à tort par de Las cas qui dut reconnaître son erreur.

(https://www.catholic.org/encyclopedia/view.php?id=2613 et http://dbe.rah.es/biografias/14309/juan-de quevedo).

[61] Francisco de Vitoria et l’École de Salamanque, sur les traces de St Thomas d’Aquin, introduisent les notions de droits de la nature et des droits naturels de l’homme en opposition à une conception théologique de la nature et de l’homme. A ces nouvelles notions dans le droit fil de la pensée humaniste vont être liées une nouvelle économie basée sur la liberté d’échange et de circulation, sur le droit à l’enrichissement voire au prêt avec intérêt alors interdit depuis le deuxième Concile de Latran (12èmes.). Nouvelle conception de l’économie par les catholiques qui rejoint celles des protestants et des luthériens du Nord de l’Europe. Voir Introduction Générale/Courants de la pensée).

[62] Madrid deviendra la capitale en 1561 par décision de Ferdinand II qui a succédé officiellement à son père en 1555. Comme en France, jusque là, la capitale était là où le roi séjournait. Et Charles-Quint fut un empereur particulièrement itinérant. Son épouse et cousine Isabelle de Portugal, assumait la Régence en son absence du royaume. Valladolid qui était une ville secondaire au plan culturel et économique était la capitale administrative où « la cour y faisait des séjours longs et répétés jusqu'à Philippe II. »  (https://www.universalis.fr/encyclopedie/valladolid/)

[63] En 1544, Sepúlveda avait écrit Democrates secundus, sive De justis causis belli apud indium. Et il parvint à faire interdire la publication de son adversaire. Certaines sources indiquent qu’il avait écrit cet ouvrage pour contrecarrer les Trente Propositions Juridiques de de Las Casas. Mais, il semblerait bien que ce soit le contraire puisque les propositions ont été publiées en 1551, après la controverse et en conclusion pour leur auteur. Certains sources indiquent une publication en 1547. Par contre Sepúlveda a pu avoir connaissance de la Très Brève Relation sur la Destruction des Indes que de Las Casas avait commencé à écrire dès 1539 et qui fut publiée en 1552.

[64] Nombre de sources au sujet de la Controverse de Valladolid mentionne que la position de de Las Casas ne put être acceptée car elle invalidait la légitimité de la colonisation. Or de Las Casas ne sait, semble-t-il, pas opposé à la colonisation du moins à l’époque avancé de la controverse. Dans ses « Mémoire des Quatorze Remèdes », il cherche un moyen terme entre une colonisation qui lui paraît inévitable et une digne condition de vie des indiens.

[65] Ginés de Sepúlveda (1490-1573), aristotélicien, redoutable débatteur, farouche opposant aux luthériens, chroniqueur du roi, a été le précepteur du jeune Philippe (II). Il est l’auteur de De rebus hispanorum gestis ad Novum Orbem Mexicumque (Histoire de la conquête du Nouveau Monde).

[66] Aristote fut le premier philosophe a justifier l’esclavage.

[67] Source d’informations sur les manuscrits aztèques, Eric Taladoire, Professeur Émérite d'archéologie précolombienne (correspondance personnelle). Citation extraite de ses Trois Codex Mayas, Balland, 2012.




LA CRISE DE LA CONSCIENCE CHRÉTIENNE

Introduction - Les Conciles


INTRODUCTION

Au tout début du Quattrocento, les érudits grecs commencent à arriver à Florence pour enseigner la langue et la philosophie de Platon plus que celle d’Aristote dont la pensée a connu le succès que l’on sait au Moyen-Âge ; les premiers humanistes se mettent à étudier dans le texte et traduisent les auteurs antiques. Tandis que dans le domaine artistique se manifestent les premiers signes d’un retour à l’Antiquité. L’Église, elle,  croyant sortir des tourments du Grands Schisme avec l’élection consensuelle du pape Martin V entre en fait dans une longue période de crise qui va d’abord se traduire par une forte rivalité entre le pape et ses évêques qui, conciles après conciles, opposent à son autorité  le droit  conciliaire. Cala va se poursuivre au XVIème siècle, dans le contexte général d’une refonte des mœurs ecclésiastiques, en une crise bien plus fondamentale, celle de la Réforme.  La chrétienté va alors se scinder en deux : d’un côté l’Église romaine qui va continuer à se vouloir universelle autrement dit œcuménique, catholique, et d’un autre côté, les protestants luthériens, calvinistes, anglicans, anabaptistes radicaux, évangélistes qui vont constituer de nouvelles Églises, Congrégations et communautés rurales.


L’humanisme chrétien du XVIème siècle va amplement participer à cette remise en cause l’ecclésiologie traditionnelle du rôle de l’Église dans la recherche et l’obtention du salut. Ébranlement de l’autorité papale au travers des conciles, éviction du rôle de l’Église et de son clergé dans le salut par les protestants, relecture critique de la Bible par les humanistes, trois facteurs qui, conjugués, ne purent qu’entrainer un total bouleversement des mentalités avec pour premières conséquences au plan socio-politique des guerres internationales et civiles au cours desquelles la part du spirituel et du temporel sera difficile à démêler. Du « renforcement des particularismes nationaux, des progrès de l’esprit laïque, des modifications du sentiment religieux, du malaise des âmes devant l’impuissance de la papauté à promouvoir la réforme, les inquiétudes et les angoisses d’avant l’époque grégorienne renaissaient accrues de la déception et le échecs » (J. Chélini Op, Cit.).


En l’An Mil, le Bas Moyen-âge s’était ouvert avec la Réforme Grégorienne (Voir Tome 1/ Philosophie et Spiritualité/L’an Mil) menée par l’intransigeant Grégoire VII (1015/20-1085) qui avait soulevé la Question des Investitures pour s’opposer au pouvoir discrétionnaire des rois et empereurs qui nommaient les évêques. Il avait fait appel aux peuples par-dessus leurs épaules. S’ouvrait pour la chrétienté occidentale une ère nouvelle au cours de laquelle ses chefs religieux revendiqueront le droit d’intervenir politiquement et se mêleront, parfois à leur détriment, de politique. Par sa prise en main en ce même An Mil du mouvement de La Paix de Dieu à l’origine d’initiative populaire, l’Église montre qu’elle n’a pas l’intention de céder un pouce sur le contrôle des populations et qu’elle se doit de jouer un rôle indispensable dans la conduite des affaires temporelles.


En cette fin d’époque médiévale, la boucle semblait bouclée et les prétentions de l’Église semblaient se refermer à cause non tant des pouvoirs seigneuriaux qu’à cause à la fois de sa décadence morale et du discrédit jeté sur elle, de sa profonde déstabilisation en son sein même par les évêques et à cause aussi des élites intellectuelles et religieuses portées à de nouvelles conceptions de l’homme et de la foi. Qu’elles fussent qualifiées de réformatrices ou d’humanistes, les unes comme les autres n’avaient jamais eu à l’origine l’intention d’une quelconque rupture d’avec le pouvoir papal centralisateur mais les idées nouvelles qu’elles diffusaient véhiculaient un tel esprit de renouveau, tout à la fois dans l’axe chrétien d’une relecture critique et directe de la bible que dans l’éveil d’un besoin indépendance de l’homme vis-à-vis de l’Église, qu’à l’entrée de la Renaissance, s’ouvrit pour reprendre le titre de l’ouvrage de l’historien Paul Hazard, traitant du Siècle des Lumières, une « crise de la conscience européenne ». Si l’une apporta avec la Révolution Française, l’esprit républicain et laïc, celle-ci fit entrer par la foi, le sang et la beauté, l’Europe dans les Temps Modernes.


LES CONCILES

Le Grand Schisme

En 1308/09, après une longue errance dans le Comtat, propriété de la papauté située en bordure du Rhône, le pape Clément V qui, déjà à l’époque de son élection en 1305 n’avait pur revenir à Rome à cause de la guerre civile, avait fini par installé le Saint Siège en la ville d’Avignon que Clément VI (†1352) achètera à la reine Jeanne de Naples en 1348. Dès 1372, le pape Grégoire XI, 7ème pape avignonnais,  avait pris la décision de rétablir le Saint Siège à Rome mais n’avait quitté Avignon en 1377. La Ville Éternelle étant devenue incontrôlable, en proie à des soulèvements permanents, il avait rapidement dû se réfugier dans sa résidence d'été d'Agnani[1], et quand même pu revenir à Rome  pour y mourir.


Le Grand Schisme se déclare l’année suivante en 1378 à la mort de Grégoire XI. Pour l'élection d'un nouveau pape, les cardinaux italiens et français s'affrontent. Les Italiens élisent un italien, Bartolemeo Prignano (1318-1389) qui prendra le nom Urbain VI. Les Français ne le reconnaissent en invoquant le climat d'insurrection qui règne sur Rome mais qui en fait ne veulent pas perdre leurs privilèges avignonnais. Ils élisent aussitôt un antipape, un Français, Robert de Genève (1246-1394) qui prenant le nom de Clément VII[2]. Cet antipape s'installe en Avignon. Les alliances et oppositions de la Guerre de Cent Ans se retrouvent peu ou prou dan ce schisme. L’antipape français a le soutien du roi de France Charles V (T1380), de l'Espagne (Royaume de Castille), de la Reine Jeanne de Naples, de l'Écosse. Tandis que le pape romain a le soutien de l'empereur Charles IV[3], de l'Angleterre, de la Hongrie, des états pontificaux qui n'ont jamais accepté d'être administrés par des Français nommés par un lointain pape en Avignon. D'un côté comme de l'autre, des condottières tels le puissant Bernardo Visconti de Milan, antipape, ou l'anglais John Hawkwood, papiste.

Le passage du Moyen-âge à la Renaissance va donc se faire au plan religieux au travers de ce Grand Schisme d'Occident qui s’étend de 1378 à 1417 sur fond de Guerre de Cent Ans (voir Événements Majeurs Tome 1). Grand schisme au sein duquel deux conciles vont avoir lieu qui verront évidemment l’intervention des pouvoirs temporels.


Premier Concile de Pise

 Élu pape à Rome en 1406, Grégoire XII convoque en1408 un concile en vue d’une résolution du grand schisme qui dure déjà depuis trente ans. Le Concile de Pise débute l’année suivante. Les évêques, toujours fort du droit conciliaire, démettent le pape de Rome, Urbain VI, et l’antipape d’Avignon, Clément VII, pour élire un pape ‘à eux’, Alexandre V, qui à son tour n’est pas reconnu par les deux papes. A la mort d’Alexandre V, en 1410, le concile sans se démettre élit un nouveau pape, Jean XXIII. Ce qui ne faisait pas moins de trois papes à la tête de la Chrétienté Occidentale : Jean XXIII soutenu par l’Europe du Nord dont la France, et de l’Est ; Benoit XIII, l’antipape enfui d’Avignon, soutenu par l’Espagne et le Royaume de Naples ; et Grégoire XII soutenu par certains évêchés et duchés d’Allemagne.

Avec l’appui de Sigismond 1er, Jean XXIII parvient à convoquer un concile pour la résolution finale du schisme.


Le Concile de Constance

Dès l’ouverture du concile, en novembre 1414, toujours en vue de résoudre le grand schisme, les évêques démettent Jean XXIII.

Jean Charlier de Gerson (1363-1429), l’un des derniers grands scolastiques et l’un des premiers humanistes, théologien, chancelier de l‘Université de Paris (voir Tome 1/ XIVème siècle) s’était efforcé de résoudre le conflit entre les deux papes, celui d'Avignon et celui de Rome en exprimant sa position dès 1396 dans son ouvrage Du Schisme et de la Papauté. Après avoir favorisé toutes formes de conciliation, il finira par se résoudre à convenir de la nécessité d'un concile face à la ferme position du roi Charles VI (1368-1380-1422) qui, en opposition à Boniface IX, pape de 1389 à 1404, apporte son soutien aux antipapes d'Avignon, Clément VII (pape de 1378 à 1394), puis Benoît XIII (et non Benoit VIII mort en 1320), pape de 1394 à 1417. La volonté royale, toute politique, est de soustraite son peuple à l’emprise papale. En réaction, le pape excommunie le souverain. Auparavant, Charles V, son père, s'était déjà opposé à Urbain VI, pape de 1377 à 1389, soutenu par les Anglais.

 

Si à cause de l’intervention des pouvoirs temporels, le schisme aura duré quelque quarante années, c’est grâce à  Sigismond 1er, roi de Germanie, qui a mis tout son poids dans la balance que le concile peut être convoqué ; concile qui n’aurait pu se faire non plus sans la volonté d’Henri V d’Angleterre qui, lui, a imposé que soit élu un nouveau pape. Le Concile de Constance commencé en 1414 s’étalera sur quatre ans en plusieurs sessions pour s’achever en 1417.

Gerson y participe intensément. Les évêques usant d'un droit qui avait toujours été très peu usité et que le concile de Pise avait mis à l’honneur, le conciliarisme, proclament l'autorité du concile supérieure à celle des papes[4], évincent les papes en place et élisent un seul et nouveau pape, Martin V. Il ressort du concile le décret Frequens qui institue, non un organe permanent de gouvernement, mais une assemblée périodique de contrôle des évêques sur le pape et la Curie. Décision qui amènera quelque quinze ans plus tard, la convocation du Concile de Bâle.


Au cours de ce concile, sont déclarés hérétiques, et entre autres de par l'action de Gerson, toujours prompt à combattre l'hérétique, les deux précurseurs de la Réforme Protestante, l’anglais John Wyclif  (1330-1384) et le fondateur de l'Église hussite, le tchèque Jan Huss.

En 1415, alors qu’il participe au concile en défendant et ses thèses et celles de Wyclif, Huss sera arrêté et mené au bûcher Condamnation qui aura de lourdes conséquences. Au plan politique, le peuple tchèque se soulèvera et s’engagera dans une guerre contre l’empereur et roi de Bohème, Sigismond 1er, qui durera 18 ans. Au plan religieux, le mouvement hussite, comme premier fort mouvement réformateur avec les partisans de John Wyclif en Angleterre, sera un des ferments de la Réforme protestante. (voir Réforme/ anabaptismes/ Hussites et Hutérites et Crise de la Conscience Chrétienne/La Révolte de Bohème).


Gerson proposa sans succès que soit également condamnée la mystique Sainte Brigitte de Suède (1302-1373), fondatrice de l'Ordre du Saint Sauveur.[5]

A l’issu du concile, le pape élu avec l’assentiment de toutes les parties, sous le nom de Martin V (Oddone Colonna 1368-1431) aura un rôle important entre autres dans le domaine des arts puisqu’il sera le premier des papes à faire venir à la cour pontificale de grands artistes tel Gentile da Fabriano, marquant ainsi, au même moment, avec les artistes florentins le départ de la Première Renaissance.


Le Schisme de Bâle   

Au concile de Constance, le décret Frequens, avait institué la  convocation régulière de conciles. Dans une chrétienté en crise, qui sentait au plus haut niveau le besoin d’une réforme, s’ouvre en 1431 un Concile à Bâle fut convoqué en vue d’instaurer de nouvelles institutions et de réviser les mœurs cléricales Il avait été préparé sept ans plus tôt par Martin V qui mourra au début de l’année 1431 alors que le concile s’ouvrira en mars. Un nouveau pape était aussitôt élu, Eugène IV. Le concile sera clos en 1449 à Florence[6].

De Bâle à Ferrare

Ouvert en juillet 1431 à Bâle, ce second concile du siècle sera mouvementé. Le pape Eugène IV entendait saisir l’occasion de ce concile pour réaffirmer l’autorité papale. Mais le mouvement conciliaire avait pris de l’ampleur depuis le concile de Constance. Usant du droit conciliaire, les évêques déclarèrent dès les premières cessions la supériorité du concile sur le pape. En réaction le pape dissout le concile en novembre (ou décembre ?). Mais avec l’appui de Sigismond 1er, les évêques continuent de siéger à Bâle avant de se déplacer en 1448 à Lausanne. Ils iront jusqu’à nommer en 1439 un antipape, le Duc de Savoie, Félix V. Un nouveau schisme, mais qui n’eut jamais l’ampleur du précédent était patent. Ils refusaient toute conciliation avec les orthodoxes sur la question de la communion sous les deux espèces alors que le pape Eugène IV convenait que chaque Église devait avoir la liberté du choix de la communion sous une ou deux espèces. Pourtant, c’est cette même question de la communion sous les deux espèces qui avait fait condamner Jan Huss au concile précédent. Si l’année même où s’ouvre le concile en 1431, le soulèvement Hussite en Bohême est écrasé par la coalition papale, en 1433, les Bâlois reçoivent une délégation hussite qui aboutira à des accords signés à Prague, qui acceptés par les taborites modérés, rejetés par les ultraquistes (voir Réforme Radicale /Hussites-Hutérites), leur reconnaissaient notamment la prédication et la communion sous les deux espèces.

A Rome, Eugène IV veut isoler Bâle. Et en 1437, un autre concile se réunit à Ferrare, en autres à la demande des grecs qui attendent le soutient de Rome face à la pression des Turcs aux portes de Constantinople qui sera prise en 1452. Les papes s’excommunient ou se déclarent mutuellement et les bulles respectives de chacun n’ont cesse de s’annuler réciproquement.

Certaines sources font jouer un rôle à Nicolas de Cues (1401-1466) dans le déplacement à Ferrare à l’occasion duquel de favorable qu’il était au synode, il le devint au pape. Le Cusain, dont la pensée marque la transition entre le Moyen-âge et la Renaissance, aura quoiqu’il en soit de ce transfert été un acteur majeur de cette réconciliation entre catholiques. Tout allemand qu'il était, en récompense pour service rendu à la papauté, il sera revêtu de la pourpre cardinalice, et sera surnommé pour cette ‘promotion’ exceptionnelle pour un germanique, "le cardinal teuton".


A Florence

En 1439, Florence qui, sous la domination de Côme de Médicis depuis cinq ans, a payé pour que le concile se tienne en la ville, reçoit avec à cette occasion le pape et l’empereur Constantin, Jean Paléologue, accompagné du patriarche œcuménique Joseph de Constantinople et d’une nombreuse suite. Des pourparlers avec les grecs avaient commencé l’année précédente à Ferrare où se tenait le concile. Les orthodoxes étaient désireux d’une nouvelle (ré)union de l’Église Chrétienne, menacés qu’il étaient par les Turcs.

La ‘réconciliation’ entre Orient et occident va se faire sur la base d’une déclaration faite par l’orthodoxe et futur cardinal Basilius Bessarion (†1472, voir Humanisme du Nord/N. de Cues) au sujet du différend le plus épineux, ‘la question du filioque’ (place et rôle de Jésus dans la Trinité, voirTome 1/Philosophie et Spiritualité). Il déclara que l’Esprit Saint ayant inspiré aussi bien les Églises de Rome que de Constantinople, les divergences ne pouvaient provenir que d’une question de formulation.

Pour la question de la communion sous les deux espèces comme la pratiquait les grecs ou sous une seule, le pain (azyme) non fermenté, pratiquée par les romains le choix fut donné à chacune des Église.


Fortement affaiblis par la domination turque, les orthodoxes admirent la supériorité de l’Église de Rome sur celle de Constantinople et cédèrent sur tous les points, notamment sur la Question du Filioque[7]. Le métropolite, Marc d’Éphèse (†1444), devenu saint de l’Église orthodoxe, demeura célèbre pour son opposition farouche à cette conciliation. La prise de Constantinople en 1452 provoquera un véritable séisme en Occident.

Quant aux ‘Bâlois’, ils finirent par admettre l’autorité de Rome. En 1449, sous la pression du roi de France Charles VII et de l’empereur Frédéric III de Habsbourg, le nouveau pape élu en 1447, Nicolas V, arriva à faire l’unanimité en se montrant conciliant. L’antipape Félix V abdiqua, reconnut le pape de Rome et fut nommé Cardinal.

Ce concile prit ainsi le nom de ‘Concile de l’Union’. « La crise conciliaire ne prit fin qu’en 1449 sous Nicolas V par la victoire de la papauté et la dissolution du concile [8]»

 

Second Concile de Pise

En pleine quatrième Guerre d’Italie, le pape, l’empereur Maximilien 1er et Louis XII s’étaient alliés contre Venise. Mais face à la puissance française, en 1510, le pape avait retourné son alliance et avec les troupes vénitiennes tenta de chasser les Français de la Lombardie. Aussitôt, avec l’intention de se réaffirmer gardien de l’Église Gallicane, Louis XII convoque à Tours le clergé de France qui réaffirme lui la supériorité du concile des évêques sur celle du pape. Le roi cherche en fait à évincer le pape Jules II. Il parvient à convaincre la majorité des cardinaux de convoquer un concile qui se tiendra à Pise en 1511. Maximilien 1er qui a des vues sur la tiare papale se rallie à la cause française. La même année, Jules II constitue la Sainte Ligue Catholique avec l’Espagne et le Royaume de Naples de Ferdinand II d’Aragon, Venise et la Suisse. En 1512, pour des questions de sécurité, le concile se déplace à Milan occupé par les troupes françaises et dont Louis XII est la duc. Il va déposer le pape qui réagit en convoquant le Vème concile de Latran (Rome) pour le printemps de la même année.

Les troupes de La Palice, battues par la coalition, quittent le Milanais, suivi par les évêques schismatiques. Maximilien se rallie au pape. A l’ouverture du Vème Concile de Latran, la première des choses que firent les évêques fut de dénoncer ce second concile de Pise.


Vème Concile de Latran

Le Vème Concile de Latran s’étalera en douze sessions de 1512 à 1517 sous les papes Jules II[9] et Léon X (Jean de Médicis).

Ils voulurent ensuite entreprendre une série de réformes qui restèrent sans effet. Mais par contre, le concile entérina l’autorité supérieure du concile (conciliarisme) sur celle du pape. Ce qui ne fut pas sans conséquence sur la réticence des papes à retarder le plus possible le concile suivant de la Contre-Réforme, de crainte de voir à nouveau leur suprématie mise en cause. Mais le pape Paul III finit par convoquer le déterminant Concile Tridentin (Concile de Trente). Il le fit et sans coïncidence la même année 1542 où il mettait en place la Congrégation de l'Inquisition romaine et universelle. (voir La Contre-Réforme/Concile de Trente).


Concile de Trente

Du grand concile de la Contre-Réforme, le concile de Trente (1542-1563), qui s’étala sur pas moins de 25 sessions, sortirent de nombreuses réformes en profondeur des institutions catholiques et de la vie du clergé. Le concile mit en œuvre un véritable plan de combat contre le protestantisme et le calvinisme définitivement installés dans de nombreuses régions et pays d’Europe.

En premier lieu, les doctrines furent réaffirmées comme celle de l’immaculée conception, des sept sacrements et de la justification par la foi antinomique à la prédestination calvino-protestante. Des ordres nouveaux furent créés comme les Capucins et la Compagnie de Jésus (jésuites) qui se consacra, elle, à l’enseignement. L’obligation de missions par les évêques et le haut clergé fut imposée. Un élan nouveau fut donné aux arts pour réaffirmer l’autorité et le prestige de l’Église Romaine.


Notes
[1] L'Attentat d'Anagni a eu lieu en 1303: Le gibelin Sciarra Colonna, de la puissante famille des Colonna de Rome, après avoir pris possession du domaine pontifical avec ses troupes, aurait malmené, giflé (?) le pape Boniface VIII.

[2] A ne pas confondre avec Clément VII, pape (et non antipape) de 1523 à1534, de son vrai non Jules de Médicis

[3] Charles IV de Luxembourg meurt en 1378, peu de temps après sa visite à son neveu Charles V qui mourra deux ans plus tard. Lui succèdera sur le trône de Germanie, Venceslas 1er dit L’Ivrogne, qui, sans avoir été couronné empereur, est destitué en 1400 au bénéfice de Robert 1er (†1410) qui lui non plus ne montera pas sur le trône impérial. C’est Sigismond 1er de la Maison de Luxembourg, qui roi de Germanie en 1410, ne sera fait Empereur du St Empire qu’en 1433. Néanmoins, son rôle fut déterminant durant le schisme.

[4] De crainte de voir à nouveau appliquer le conciliarisme, et leur pouvoir être restreint, les papes de la première moitié du XVIème siècle. Notamment Clément VII, pape en 1523 et mort en 1534, qui bien que sentant la nécessité d’une réforme au sein du catholicisme face à celle protestante, reculera l’ouverture d’un concile jusqu’à ce que Paul III ne pouvant plus résister aux insistances de Charles-Quint n’ouvre en 1545 le Concile de Trente (1545-1563), le Concile de la Contre-Réforme.

[5] Quoiqu’en disent certaines sources, le célèbre inquisiteur espagnol Tomás de Torquemada ne put s'opposer à lui car né en 1420,

[6] Dom Jean Leclerc O.S.B. : « La crise conciliaire ne prendra fin qu’en 1449 sous Nicolas V par la victoire de la papauté et la dissolution du concile. » in Cluny et le Concile de Bâle, Revue d'Histoire de l'Église de France Année 1942 (https://www.persee.fr).  http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/ F17162.php donne 1441 -1449.

[7] Voir Jean Chélini, Histoire de l’Occident Chrétien Médiéval, Hachette 19921 Pg 554 et suiv. . Il écrit que « si les Grecs s’étaient rendus, ce n’était point par lassitude mais parce qu’ils étaient convaincus et Bessarion au premier chef ». Il est vrai que si Bessarion s’opposa farouchement au début des négociations à reconnaître le Symbole de Nicée (le crédo romain Concile de Nicée 325)), il se laissa convaincre sur l’ensemble des points de divergences. (Sur le schisme orient-occident de 1054 dont la question du filioque et du Symbole furent deux des causes majeures, voir Tome 1/Faits Majeurs du Bas Moyen-Âge/Schisme Orient-Occident

[8] Dom Jean Leclerc O.S.B. in Cluny et le Concile de Bâle, Revue d'Histoire de l'Église de France Année 1942 (https://www.persee.fr). http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F17162.php donne 1441 -1449.

[9] Jules II qui confia en 1505 à Bramante la reprise des travaux de la Basilique St Pierre, en même temps qu’il commandait à Michel-Ange son tombeau où allait se trouver le célèbre Moïse cornu (voir Arts/Michel-Ange).


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