XVème SIÈCLE : Écoles d'Anjou - Écoles du Val de Loire - Écoles Provençales - Les Primitifs Flamands
XVIème SIÈCLE : Courants - Écoles de Fontainebleau - Écoles de Belgique - École d'Utrecht - Académies
La naissance du comté de l’Anjou remonte au 10ème siècle. Aubas Moyen-âge, il est au cœur de l’empire des Plantagenêt qui s’est étendu aussi sur les comtés du Maine et de Tours. En 1202, Philippe Auguste confisque les territoires de Jean-Sans-terre, roi d’Angleterre. En 1204, le comté est intégré au domaine royal.
Son petit-fils, Louis IX (St Louis †1270) confie le comté à son frère, le Roi de Naples et de Sicile, qui devient Comte d’Anjou sous le nom de Charles 1er. En 1360, Jean II le Bon érige le comté en duché et le donne en apanage (concession royale) à son deuxième fils, Louis (†1384) qui devient Louis1er d’Anjou. Son frère cadet Charles (1416) reçoit en apanage le duché de Berry et leur plus jeune frère Philippe le Hardi (†1404) sera duc de Bourgogne.
Le duché va plonger dans la tourmente de la Guerre de Cents Ans qui verra les troupes anglaises inlassablement envahir, détenir et perdre des territoires du duché, jusqu’à la victoire française de la Bataille de Castillon en 1453 qui sonnera la fin des combats de la Guerre de Cent Ans.
Dans les premières décennies, le duché est exsangue économiquement et démographiquement. Le petit-fils de Louis 1er, le Bon Roi René (1409-1480), aux multiples titres, entre autres roi de Naples, comte de Provence et duc de Lorraine, devient Duc d’Anjou en 1434. Il va redonner vie au duché, notamment par une politique de grands travaux, la restauration et la rénovation de nombreux châteaux -de Baugé, de Plessis–Bourré, de Montsoreau , de Lude, de Plessis-Malacé)- développant ainsi une ambitieuse politique culturelle.
Amoureux des arts, il embellit ses résidences de Lorraine, de Provence (Aix, Avignon) et en Anjou, ses châteaux et pavillons de chasse où il fait dessiner des parcs. Il s’entoure de musiciens, de poètes et passe commande à des peintres–enlumineurs des ateliers parisiens qu’il fait venir en Pays de Loire.
Il aura soutenu durant la guerre, Charles VII qui reprendra Paris au Anglais en 1436 (voir Événements Majeurs).
L’Art de la Détente se répand sur les bords de Loire et dans le Centre de la France, au XVème siècle. Les historiens ont donné à ce mouvement, qui s’étendit sur un siècle, les noms d’Art du Val de Loire ou École de la Loire et usent à leur sujet des termes d’ «art ligérien» (de Loire), de «détente» ou, mieux, d’« art ligérien de la détente». Les sculptures aux formes souples dont des vierge, déhanchées comme celles de la statuaire parisienne, au caractère indolent, la tête penchée, mélancolique
Jean-Marie Guillouët, qui caractérise cet art par « la mesure des gestes, l’élégance des proportions, le raffinement des attitudes ou la douceur des formes », conteste pourtant qu’« une véritable cohérence stylistique soit mise en évidence et autorise à parler d’école.[1] »
Pour P. Francastel (opus cité), il trouve ses origines dans la peinture, celle des paysages des Frères Limbourg (Tome 1) et de Fouquet.
En sculpture, deux œuvres en sont particulièrement représentatives : le Tombeau des Carmes, gisant du Duc de Bretagne François II et de son épouse Marguerite de Foix (Cathédrale St Pierre et Saint Paul, Nantes) réalisé par Michel Colombe (1430-1515) ; et la Vierge à l’Enfant de l’Olivet (Louvre) exécutée par Guillaume Regnault, neveu et élève de M. Colombe.
On le retrouve en peinture dans le Couronnement de la Vierge du peintre Lombard, dit le Bourguignon (Ambrogio Stefani da Fossano, dit le, †1523), le Chanoine Présenté par St Jérôme (Musée d’Oxford) exécuté à Amiens, L’Adoration à l’Enfant, peint en Provence (Musée Calvet), La Piétà Parisienne (Louvre).
Ce style doux va se répandre en France et en Allemagne. Outre-rhin, les ateliers de sculptures se mettent à produire des madones au déhanchement caractéristique, appelées « belles madones » pour leur allure gracieuse, leur air doux, rêveur voire langoureux, s’adaptant ainsi à leur manière au doux (soft en anglais) Weicherstil, équivalent de L’Art de la Détente des bords de Loire. Son principal représentant est Veit Voss (1448 ?-1533 voir Outre-rhin/peinture) qui œuvre à Nuremberg.
Notes
[1] Citations et pour en savoir plus sur la sculpture en Val de Loire au XVème siècle : Jean-Marie Guillouët. La sculpture du Val de Loire au XVe siècle : une école introuvable? 303/art, recherche, création, 2003,<halshs-00564926>.
Au milieu du XVème siècle, la Guerre de Cent Ans une fois terminée dans les faits en 1453 par la victoire écrasante des Français à la Bataille de Castillon, la paix s’installe. Monté sur le trône en 1461, Charles VIII déplace la cour de Bourges à Tours sur ces bords de Loire où un demi-siècle plus tard vont commencé à s’élever les châteaux qui feront de la Touraine, le « Jardin de la France », et où naitront deux poètes qui deviendront amis, Joachim du Bellay et de deux ans son cadet, Pierre de Ronsard.
Alors qu’il fallait remonter au règne de Charles V (†1380) pour trouver des peintres français sur panneaux et murs comme Girard d’Orléans et son fils Jean (voir Tome 1), Tours va devenir un rayonnant centre artistique où vont être réalisés enluminures, peintures sur panneaux, sculptures et tapisseries. Ses plus illustres représentant vont être : Jean Colombe, Jean Fouquet , jean Bourdichon et Jean Poyet.
« La Provence, voisine de l’Italie, n’a jamais vraiment profité des leçons du Quattrocento. Ce qui restait en Avignon de l’enseignement de Simone Martini n’était que Siennois et par conséquent aux trois quart gothique. Lorsqu’au milieu du XVème siècle la Provence prend conscience de son propre génie plastique aucun reflets de l’art italien ne se discerne dans ses chefs-d’œuvre, à peine surprend on quelques traits toscans dans les paysages de Froment… Tandis que vers 1500, [avec] la présence de nombreux peintres secondaires [italiens], on assiste à un métissage de l’art provençal et italien… A l’encontre de Fouquet, aucun des grands peintres provençaux n’a nourri sa vision des capitales nouveautés toscanes. La Provence à l’abri des malheurs de la guerre a accueilli de très nombreux peintres de toutes les régions de France, surtout du nord. Ceux-ci ont introduit l’esthétique gothique, française et flamande tout opposée à l’esthétique italienne. Les Grands chefs-d’œuvre [de Quarton, Froment] sont des interprétation de l’art du Nord réalisés dans un milieu provençal qui impose son sens d’une lumière décidée et d’un volume simplifié ». (Charles Sterling, L’Art du Val de Loire, Édit. Musées Nationaux, 1952).
« La manière provençale avait introduit d’autres caractères, en particulier une solennité de la composition et une simplification des formes…La production artistique napolitaine reflète certains échos de l’art de Jean Fouquet et du Maître de l’Annonciation d’Aix, mêlés à des imitations plus littérales de la peinture flamande connue par ses originaux (http://www.larousse.fr/encyclopedie/peinture/Antonello_de_Messin).
Ses principaux représentants en sont Enquerrand Quarton et Nicolas Froment
L’École d’Avignon s’ouvrira par un des chefs d’œuvre de la peinture du XVème siècle, le Couronnement de la Vierge : Puissance et équilibre de la composition, complexité du système de la coloration, luminosité méridionale, précision flamande, synthèse parfaitement maîtrisée. Ce tableau peint en 1452 par Enguerrand Quarton influencera fortement des maîtres régionaux de moindre importance: Retable de Boulbon, Piéta de Tarascon, Saint Jérôme en Oraison.
Les principaux représentants en sont Josse Lieferinxe et Nicola Dipre
S’il est convenu de désigner les peintres italiens des XIIIème et XIVème siècles sous le vocable de ‘primitifs’ que certains historiens de l'art intègrent dans une Pré-Renaissance Italienne, il est également convenu d'attribuer le même qualificatif, toujours dans le sens de 'premier', aux peintres flamands du XVème siècle, tout en affirmant par ailleurs que certains de ces peintres sont déjà renaissants dans le sens où cela s’entend pour le Quattrocento italien. Comme leurs confrères florentin, ils ont la même approche nouvelle d’une perspective qui n’est plus de dignité (grandeurs des personnages en fonction de leur importance sociale et/ou dans le sujet), mais linéaire, scientifique. Par ailleurs, ils apportent une nouvelle technique qui va modifier totalement l’art pictural en tant qu’ars (métier) mais aussi en tant que mode d’expression, celle de la technique à l’huile qui va s’imposer bon gré malgré à toute l’Europe, bon gré malgré car un artiste aussi important dans l’histoire de la Renaissance artistique que fut Michel-Ange, était de ceux qui considéraient que peindre à l’huile était une facilité dans la recherche des effets, dans le rendu et ne pouvait convenir qu’à des peintres au talent médiocre[1].
Les peintres flamands du XVème siècle dirigeaient ou appartenaient à des ateliers. Et les grandes villes comme Bruges, Louvain, Gand, Tournai pour ne citer que celles-là avaient toutes leur atelier de peinture qui formaient des écoles dont chacune se distinguaient de ceux des autres villes. Les œuvres attribuées au maître sont en fait des œuvres de collaboration, préparées, suivies, voire finalisées par ce dernier. Ces ateliers ne seront pas influencés comme ceux d’Italie par l’art et la pensée antique. Leurs thèmes seront toujours principalement religieux mais les préoccupations apparaitront bien humaines. L’homme reste au cœur du dispositif divin et l'artiste ne s’aventure pas dans une approche scientifique du monde et de sa représentation mathématique comme en Italie. Mais la condition humaine, l’existence au quotidien du bourgeois comme du paysan, loin de lui être étrangère tendra de plus en plus à devenir son sujet de prédilection en s’éloignant du thème religieux. Les peintres flamands n’ignorèrent pas l’Italie : Roger van der Weyden (Roger de la Pastoure 1400-1444), élève de Robert Campin (1378-1444), nommé maître en 1435 à Bruxelles, a pu se trouver à la cour du Duc de Ferrare en 1450 ou/et la même année, à Rome où il est avéré qu’il y était pour le jubilé. Il faudra quand même attendre 1517 pour que la culture antique pénètre les Pays-Bas avec la fondation à Louvain du Collège des Trois langues.
Plus que par l’architecture, c’est par la peinture et précisément avec Jan Van Eyck (1390-1141) que se manifestèrent les premiers signes de la Renaissance du Nord. Moins d’un quart de siècle après que Masaccio a décoré la Chapelle Brancacci (Église Santa Maria del Carmine, Florence), Jean van Eyck apporte autant de nouveautés picturales au plan artistique avec le retable de L’Agneau Mystique de 1432, qu’au plan technique par son emploi de l'huile dans la préparation des teintes, déjà parfois employée au Moyen-Âge mais qui de par sa renommée va se répandre et finir par prévaloir dans toute l'Europe jusqu’au milieu du XIXème siècle. C’est à Jan van Eyck et à Hans Memling (1435/40-1494) qu’étaient attribués tous les tableaux de cette période de la peinture flamande (voir ci-après Van der Weyden et le Maître de Flémalle) .
Note
[1] L'huile, généralement de lin, doit être chauffée avant usage. A cette époque et pour longtemps, chaque peintre garde jalousement le secret de sa préparation des teintes qui doit pouvoir permettre le rendu souhaité mais aussi assurer à celles-ci une grande stabilité. L’histoire montrera que le développement de la technique à l’huile, après la Flandre, à Venise, puis dans toute l'Europe, entraînera en deux siècles la disparition des techniques a tempera et a fresca. La raison en est double: non seulement d'un point de vue pictural pour la profondeur du rendu par la superposition des couches de glacis sur lesquels est déposé un vernis de finition pour supprimer les embus (mats), mais aussi pour des raisons pratiques de transport en corrélation avec l’usage de plus en plus répandu de la peinture sur une toile toujours préparée à l’enduit souple, et alors désolidarisée de son panneau de bois. La toile a le grand avantage de pouvoir être roulée.
La Renaissance des XVème et XVIème siècles se définit brièvement comme un retour, une redécouverte une mise au goût du jour des paradigmes culturels et artistiques de l’Antiquité gréco-romaine. Un renouvèlement du savoir-faire artistique grecs et romains intégrés à une conception de l’art considéré comme l’expression du beau, comme recherche d’un idéal de la forme et particulièrement au travers de la figuration humaine, symbole en soi de ce nouvel humanisme, le questionnement essentiel d’une imitation ou d’un embellissement de la nature ; la notion même d’esthétique que les premiers traités sur la création artistique et sa finalité exposeront, la notion d’artiste, du créateur indépendant, tels sont les apports de la Renaissance Artistique que déjà manifesta Florence en la Première Renaissance du quattrocento.
On fait généralement commencer cette période dite de la Première Renaissance par l’élection du Pape Martin V au sortir du Vème Concile de Latran en 1417 ; élection qui mettait un terme au Grand Schisme. Ce schisme avait commencé quarante ans plus tôt, en 1378, à la mort du pape Grégoire XI qui avait quitté Avignon un an plus tôt. Les cardinaux français, soutenus par Charles V, élisaient un anti-pape qui maintenait alors ‘sa’ cour papale en Avignon, là où elle siégeait depuis 1318. Tandis que les romains élisaient un autre pape. Martin, élu de façon consensuelle par les grands dirigeants de l’Europe fut le premier pape à inviter de grands artistes comme le peintre courtois Gentile de Fabriano et à leur passer des commandes pour relever le prestige et l’autorité d’une Église sérieusement affaiblie non seulement par le schisme mais par le concile lui-même au cours duquel, les évêques avaient en vertu de la doctrine du conciliarisme (de concile) contestait l’autorité papale.
Mais en fait, la vraie nouveauté en matière artistique aussi bien qu’au plan culturel, viendra bien dans cette première moitié du XVème siècle de Florence.
« Vasari datera tout naturellement l’âge nouveau [La Haute Renaissance] de l’apparition de Léonard de Vinci.
L’importance artistique de Léonard de Vinci fera oublier l’échec de la grande synthèse art-science. C’est par la séparation croissante et définitive du savoir scientifique et de l’activité artistique que se définira l’âge moderne. » (André Chastel, Dictionnaires des Peintres, Encyclopedia Universalis 2016).
Au XVIème siècle, alors que l’Europe commence tout juste à découvrir le nouveau langage artistique et les valeurs humanistes élaborés depuis près d’un siècle dans la péninsule italique, la Renaissance Italienne, au Cinquecento, atteint sa phase classique, que d’aucuns considèrent comme son apogée. Non que les innovations des artistes du Quattrocento n’aient pas été foncièrement classiques, elles sont bel et bien inspirées de toute l’antiquité dite classique, mais le premier quart du XVIème siècle est comme l’aboutissement de toutes ces nouvelles recherches et leur codification en une syntaxe que les grands architectes, peintres et sculpteurs font définitivement adopter. Raphaël en est l’exemple même qui fait quasiment coïncider sa période d’activité avec cette période de la Haute Renaissance. Et sa manière de peintre synthétise tous les acquis précédents.
Florence fut l’épicentre de la Première Renaissance au Quattrocento. Rome sera celui de la Renaissance Classique qui débute à la toute fin du XVème siècle et s’achève pour fixer les idées, au sac de Rome par la soldatesque de Charles-Quint en 1527. Deux artistes, Michel-Ange et Raphaël vont illustrer de leur génie ce moment relativement court mais un des plus brillants de l’histoire européenne de l’art, précédés qu’ils ont été par celui à qui d’aucuns accordent le rôle d’avoir ouvert cette Haute Renaissance, l’adulé Léonard de Vinci (1452-1519) qui, initiateur de cette période, a comme Albrecht Dürer en Allemagne, fait entrer définitivement l’Europe artistique dans les Temps Modernes. L’impétueux Michel-Ange (1475-1564) déjà maniériste, va survoler les trois domaines de la peinture, de la sculpture et de l’architecture, et « le divin » Raphaël (1483-1520), neveu et disciple de l’architecte maitre du classicisme de la Première Renaissance, Donato Bramante (†1514), va porter à son sommet en peinture comme en sculpture ce classicisme fait d’harmonie des couleurs, de clarté de la composition, d’équilibre des proportions.
« Le terme de maniérisme apparaît pour la première fois chez l'historien Luigi Lanzi (1792) pour désigner le style qui règne dans la peinture italienne pendant la période s'étendant du sac de Rome (1527) à l'avènement des Carrache aux environs de 1600. L'adjectif «maniériste» est plus ancien et se rencontre d'abord chez un Français, Fréart de Chambray (1662). Ces deux termes dérivent du mot italien maniera (la «manière», le «style»). L'emploi de ces deux termes est alors nettement lié à une interprétation entièrement négative du style de cette époque perçu comme une exagération stylistique s'effectuant au détriment de l'imitation de la nature… Le maniérisme est né à Rome à la suite d’évènements qui ébranlèrent profondément les esprits : la Réforme protestante à partir de 1517, le Sac de Rome par les troupes de Charles Quint en 1527». (http://mba.caen.fr/sites/default/files/uploads/van_haarlem-venus_et_ adonis- xviie_siecle-caen-mba-2014.pdf d’après Les Mouvements dans la peinture, Larousse, 1999, Nadeije Laneyrie-Dagen)
Le Maniérisme prolonge donc la Renaissance Classique et occupe au moins jusqu’en 1580 le Cinquecento. Le passage de la période classique à la période maniériste n’est bien évidemment pas franche dans le temps. Il est apparu à Rome, mais aussi à Florence qui redeviendra après l’intermède de Rome le foyer culturel qu’il a été. Et le va-et-vient entre Florence et Rome de Michel-Ange, ce classique maniériste avant l’heure, est bien significatif et de cette interpénétration des deux styles et de l’effervescence artistique de ces deux cités dont l’une se voulait éternelle et l’autre intemporelle. Le maniérisme se fait déjà sentir chez certains artistes considérés comme classiques. Il est parfois désignée comme Renaissance Tardive. Mais certains historiens considèrent ce mouvement plus annonciateur du Baroque que phase finale de la Renaissance Classique. Le lien entre ces deux approches pourrait être fait par la figura serpentina de Michel-Ange (1475-1554) que le Greco (1541-1614) pourrait bien avoir assimilé dans son trait sinueux comparable à une flamme.
Certains voient dans le Maniérisme le signe avant-coureur du Baroque plutôt qu’une ultime floraison de la Renaissance.
« C’est une façon de raffiner sur l’exemple des grands maîtres. Ce qui, chez eux, étaient encore naturel et spontanéité n’est plus qu’une ‘’manière’’ chez leurs imitateurs. Le geste de Michel-Ange avec sa figure serpentine, c’est là le début, la flamme du Gréco, l’idéalisation des choses en symboles, ce sont avant tout des ‘’manières’’ picturales». (A. Marvell, poète anglais †1678)
Mais le Maniérisme peut aussi être vu comme « L’art d’une élite, de visionnaires qui osent être agressifs et excentriques, qui ne visent point à une imitation de la nature mais bien au monde des Idées ». (Jules van Ackere, L’Europe de la Renaissance baroque et du Rococo, Édit.Meddens ,1969) Pg.113)
« Ce style expressif rompt avec les règles classiques de la Renaissance : l’harmonie, l'équilibre, la cohérence spatiale, le beau platonicien. »
« À la fin des années 1580, Cornelis [van Haarlem 1562-1638] adopte les poses contorsionnées et les musculatures en volume des tableaux de Spranger [Bartholomeus 1546-1611] gravés par Goltzius [Hendrik 155 !-1617], inversement le graveur copie les tableaux de Cornelis. Les nus de dos figurant au premier plan, presque systématiques dans ses œuvres de cette époque, rappellent à la fois les contorsions maniéristes des tableaux de Spranger mais aussi certains antiques et des figures allégoriques en vogue dans les tableaux italiens. » (Musée de Caen Ref.Cit.)
On peut donner du maniérisme, qui trouve son domaine de prédilection en peinture - le clair-obscur parfois associé au Ténébrisme d’un Tintoret est significatif à cet égard - une définition qui peut se révéler comme celle inversée du classicisme..
Il faut distinguer deux écoles de Fontainebleau même si elles se développent toutes les deux dans le même siècle, le XVIième siècle et dans un même mouvement, La Renaissance Français.
A cette époque encore la cour de France ne s’est pas encore sédentarisée… à Versailles ; Les rois au fil des saisons, de leurs envies et par le souci de se montrer dans les différentes parties de leur royaume résidaient avec tout leur entourage, serviteurs et nobles dans leurs différents châteaux (Louvre, St Germain en Laye, Chambord, Blois..), emportant tout leur mobilier (meubles tentures murales, vaisselles etc.) ne laissant que l’intransportable, l’immobile immobilier.
Lorsque François 1er quitte Chambord et les bord de Loire, clôturant ainsi la première phase de La Renaissance Française, il décide de résider en son Château de Fontainebleau et pour ce faire de le rénover et mettre au goût italien. S’ouvre alors la seconde phase de la Renaissance Française et la Première Ecole de Fontainebleau. A partir de 1530 Il y fait venir des artistes, peintres-sculpteurs de la péninsule italique, qui initieront les artistes français à leur style qui est déjà post-classique, maniériste, la Renaissance Française n’ayant pas connue de phase classique.
Ces italiens sont tout d’abord Le Rosso, puis Le Primatice et ensuite Nicolò dell'Abbate, l’architecte Jacopo Barozzi . Côté français, il y a des artistes comme le sculpteur Jean Goujon, les architectes, Pierre Lescot et Philibert Delorme à qui l’on doit l’escalier en fer à cheval ( dessiné par Serlio,1550), le peintre Antoine Caron,.
Cette école a donné des œuvres comme : Diane (de Poitiers) Chasseresse (anonyme, 1550), Le Portrait Équestre de François 1er (François Clouet,1540), Diane au Bain (François Clouet, 1570)
C’est Henri IV qui en réunissant au château, qu’il fait à nouveau remanié et agrandir, des artistes, cette fois essentiellement originaires du nord de la France ou des Flandres, constitue la seconde école. Il y aura entre autres Martin Fréminet, Toussaint Dubreuil ou encore le Flamand Ambroise Dubois. Nous sommes fin du XVIième siècle début du XVIIième et toujours dans une phase maniériste. Le Primatice et dell’Abbate exercent encore une influence certaine sur les artistes de cette seconde période. Mais les modèles changent. On délaisse la mythologie pour les thèmes romanesques incarnés par les personnages du Tasse ou de l’Arioste, et l’esprit courtois remplace le bon vouloir des dieux de l’Olympe. Après la mort de Henri IV en 1610, l’école déclinera rapidement, vite supplantée par le baroque naissant
On doit à cette école des œuvres comme la célèbre Gabrielle d’Estrée au bain (anonyme, 1594). Hyante et Climène à leur toilette (Toussaint Dubreuil, autour de 1600).
A son retour d’Italie d’où il a ramené des œuvres, notamment de Naples, Charles VIII ouvre à Amboise un grand atelier de décoration. Viennent y travailler nombres d’artistes italiens. Préfiguration de Fontainebleau. Mais la peinture française du premier quart de siècle reste encore dans le style gothique. Les influences italiennes en seront minimes, bien que Jean Fouquet (1420-1480), né à Tours et dont la valeur fut unanimement reconnu- Le Filarète le cite dans sont Traité d’Architecture (1465)- avait rapporté de son séjour en Italie (Florence ? Mantoue ?) toute la science nouvelle de l’espace et des volumes mise en place dans la perspective linéaire florentine. De quoi bouleverser la peinture française, mais il ne fit pas école.
En 1506, un petit tableau de Léonard de Vinci est admiré à la cour de Louis XII avant que le maître n’arrive à Amboise dix ans plus tard, déjà très affaibli. Au Clos Lucé (autrefois le Manoir du Cloux), Vinci (†1519) continue à travailler à La Joconde, commandée en 1506 et qu’il n’a pas donnée à son commanditaire mais a emporté toujours avec lui (voir Trois Génies/ Vinci). Pendant, les trois dernières années de sa vie, dans l’incapacité de tenir un pinceau mais seulement de pouvoir dessiner, il ne donne aucune œuvre remarquable en rapport de son génie. Son influence sera restreinte. Seuls deux peintres vont en capter les effets : Jean Clouet (1480/85-1541) a pu entre 1515 et 1519 le connaître et Jean Bourdichon (1457-1521), peintre-enlumineur qui a tant soit peu reçu de Vinci mais qui reste dans la tradition des enlumineurs de la période médiévale bien qu’avec une tendance plus naturaliste.
En juin 1518, le florentin Andrea del Sarto (†1530, voir Italie/Classicisme Florentin) arrive à la cour invité par François 1er. Il en repartira un an et demi plus tard. Il ne va peindre que quelques tableaux pour le roi : un portrait du dauphin et un Saint Jérôme, aujourd'hui perdus, et La Charité (Louvre) caractéristique de l’École Florentine par la perfection de sa composition (en triangle) ; ainsi que quelques tableaux au Château de Moimoitiers pour l’intendant Jacques de Beaune, baron de Semblançay[1] à Tours. Sans doute est-ce lui qui recommanda son élève Le Rosso à François 1er. Il rentre à Florence en octobre 1519 ; Vinci est mort en mai. Il dépensera dans l’achat d’une maison la somme d’argent que lui a donné le roi pour acheter des œuvres d’art. Il faudra attendre une bonne dizaine d’années pour que François 1er invitent d’autres peintres italiens de renom.
Les principaux représentants en sont Jean Clouet, Jean Cousin et Jean Perréal .
Note :
[1] Celui-là même que François 1er fit pendre au gibet de Montfaucon en 1527. Voir Architecture/Les Prémices/ Azay-le-Rideau
En 1496, pendant la Première Guerre d’Italie , Philippe 1er Le Beau, né à Bruges, fils de Maximilien 1er, petit-fils de Charles le Téméraire par sa mère Marie de Bourgogne, est reconnu roi consort de Castille et de León, par son mariage avec Jeanne de Castille (Jeanne La Folle, † 1555), fille d’Isabelle de Castille. En 1504, le couple s’installe à Bruxelles (Brabant). Mais à sa mort, deux ans plus tard, en 1506, sa sœur, Marguerite d’Autriche (ou de Bourgogne, † 1530) prend la régence de ce qui est devenue la Belgica et installe sa cour à Malines où elle élève son neveu, le futur Charles-Quint, né six ans plus tôt à Gand. Bruxelles et Anvers, situées dans le Brabant, vont devenir les deux grands centres économiques et culturels en place de Bruges et de Gand en Flandre. Anvers qui sera le centre de la peinture baroque au XVIIème siècle est au XVIème, la première ville du Nord où se fait sentir l’influence italienne dans la période du dernier quart du XVème et du premier quart du XVIème siècle, de Léonard de Vinci à Raphaël. Si Quentin Metsys, Peter Bruegel, Barend Van Orley et Jan Gossaert (dit Mabuse) ou encore Jacopo de' Barbari et Joachim Patinir, sont les plus connus des maitres, d’autres peintres de cette époque ont laissé leur nom dans l’histoire de la peinture belge. Tous œuvrèrent à Anvers et pour certains à la cour de Marguerite d’Autriche à Malines,
« Dès que dans les Flandres, la peinture se détache de l’enluminure, de la fresque et du vitrail, elle se tourne vers l’homme presque autant que vers Dieu, non pas vers l’être humain en tant que créature anonyme, aux idées et aux sentiments abstraits mais vers l’homme individuel avec sa personnalité… Dans le Nord, rarissimes sont les peintres de scènes religieuses, mythologiques ou de genre qui ne furent à la fois d’éminents portraitistes à telle enseigne que toute l’histoire de la civilisation flamande du XVème au XVIIIème siècle nous est raconté sans discontinuité dans une sorte de vaste galerie des ancêtres…Ces portraits sont autant de facettes qui reflètent fidèlement une société, une époque, une culture ». (Émile Langui, Portraits Flamands, Albin Michel 1969)
L’École d’Utrecht par le biais de B. Manfredi apporta le clair-obscur dans les pays du Nord. En France après les peintres Simon Vouet ou Nicolas Régnier, son influence se fait sentir toujours sentir chez les Vernet père (†1789) et fils (†1836) ou chez Lacroix de Marseille (†1779). Le Caravagisme évolua en deux mouvements opposés : D’un côté, la poursuite du Ténébrisme avec pour meilleurs représentants les peintres espagnols du XVIIème siècle : Zurbaran, Ribera et Ribalta ; De l’autre, le Luminisme avec lequel la lumière ne s’affronte plus tant à l’obscurité qu’elle éclaire en un climat apaisé des scènes parfois de douce tranquillité comme dans les tableaux de Georges de La Tour (1593-1652) en France ou chez Gerrit van Honthorst (1590-1656), où les scènes sont dépourvues de la dureté du réalisme de ses confrères de l’École d’Utrecht.
Jan Scorel (1495-1562) né près d’Utrecht, est un des tout premiers romanistes après Mabuse, qui œuvra dans cette ville pendant quarante ans et y mourra ? Les peintres de la région d’Utrecht, de retour de l’incontournable voyage en Italie, adoptèrent dans leur ensemble la technique du Caravaggio, au point de constituer de fait un mouvement d’école, l’École d’Utrecht, qui va se développer dans toute l’Europe au XVIIème siècle.
Le Ténébrisme est une manière picturale qui consiste à créer un effet contrasté de la lumière entre les zones claires et les zones sombres sans gradation de la luminosité. Le fond du tableau, l’arrière-plan, étant généralement obscur. C’est le peintre Caravage (1571-1610) qui en utilisant systématiquement cette technique pour la décoration de la Chapelle Contarelli à l’église Saint Louis des Français (1599-1600)) l’a portée au devant d’un courant qui allait faire école, bien qu’elle ait été déjà connue avant lui.
La technique du ténébrisme est une variante de celle du clair-obscur en ce qu’elle s’appuie toujours sur un effet de contraste lumineux mais le passage entre les parties claires et sombres se fait de façon abrupte et non par un assombrissement progressivement tandis que le sombre tend à l’éclaircissement. Ce passage direct de l’ombre à la lumière peut donner parfois un effet de halo autour des parties claires, notamment des sources de lumières vives comme la chandelle ou un foyer de brandons. La dominante de l’arrière plan dans le ténébrisme reste sombre, la lumière est réservée à certaines zones mettant en valeur visages, mains ou objets choisis par le peintre.
Le Sfumato est un clair-obscur très adouci. Voire très très adouci. C’est à de Vinci que l’on doit cette façon d’étaler, pourrait-on dire, la lumière, d’estomper les ombres. Le sfumato du peintre de La Vierge au Rocher est en parfait accord avec son souci de faire disparaître la touche comme s’il n’y avait aucune intervention de la main du peintre, de la main humaine. Cents fois sur la surface, il passait et repassait la marte sur la marte pour en effacer son passage.
Le ‘nocturne’, terme du 19ème siècle emprunté aux nocturnes de Chopin, est un tableau représentant un paysage ou un intérieur de nuit avec une faible lumière diffuse ou répartie artificiellement. Tandis que dans le ténébrisme, forme sombre, ténébreuse, du clair-obscur, la lumière n’est pas non plus diffuse mais les zones de clarté et d’obscurité, de forte pénombre sont nettement tranchées. Le Caravage a tant utilisé de manière systématique la technique du ténébrisme qu’on lui en attribue parfois la paternité. Le Tintoret est un autre peintre du XVIème siècle du Ténébrisme
Il est à noter que la technique de la peinture à l’huile qui consiste à passer couche sur couche un glacis à base d’huile et de médium favorise ces manières de peindre.
Outre Le Caravage et Vinci, les peintres, ayant usé de l’une ou de l’autre de ces manières sont entre autres Le Tintoret, Jacopo Bassano , El Greco, Zurbaran, Georges de La Tour, Rembrandt et les peintres d’Utrecht.
L'Académie Olympique de Vicence a été fondée en 1555 dans des buts scientifiques et littéraires. L'architecte Andrea Palladio (1508-1580), qui était membre de l'académie, obtint en 1579 de la ville l'autorisation de construire dans l'enceinte de la vielle prison( l'ancien Castello del Territorio) son Teatro Olimpico ( Théâtre Olympique). Commencé en 1580, année de sa mort, la construction sera poursuit par son fils Sille et achevée cinq ans plus tard.
Le nom qui restera attaché à la Haute Renaissance bolognaise sera celui des Carracci, les frères Annibal et Augustin fondant avec leur cousin Ludovico, une académie de dessin et peinture, l’Accademia degl'incamminati (des acheminés) en 1585. Ils travailleront au décor de différents palais avant de partir pour Rome en 1595 (voir Maniérisme Romain).
"Leur académie est à la racine du dépassement du maniérisme et de l’implantation du classicisme du 17e siècle…" (Rivages de Bohême/Annibal Carrache)
L’Accademia delle Arti del Disegno, est fondée à Florence en 1562 par Vasari.
En 1588, Frederico Zuccaro (1544-1604) revient à Rome. En 1595, il est nommé, véritable consécration de sa carrière, Principal de l’Accademia di San Luca ; fondée en 1577, cette académie deviendra l’Académie des Beaux-Arts de Rome.
A tout début des années 1570, à Florence, des musiciens, des poètes, des lettrés, des hommes de théâtre se réunissent régulièrement au palais du Comte Bardi. Giovanni Bardi ou Giovanni de' Bardi, comte de Vernio (1534-1612), tout à la fois compositeur de madrigaux et de divertimenti, fut un brillant militaire aux côtés du Grand-Duc de Toscane, Cosme 1er de Médicis[1], tout en contribuant par ses écrits à la théorisation des idées nouvelles. La rencontre de ces artistes et hommes de plume, les amitiés qu’ils nouent, l’intérêt que chacun porte à découvrir et mieux comprendre les autres formes d’expression de ceux qui l’entoure et qui comme lui sont animés d’un esprit de nouveauté, aboutira à l’émergence d’un courant qui ira sans cesse s’amplifiant jusqu’à se répandre en Italie puis en Europe, le Baroque.
[1] A ne pas confondre avec Cosme l’Ancien (1389-1464) fondateur de la ‘dynastie’ des Médicis.
Ce courant, nouveau pour l’époque, porte la singularité de vouloir plus que jamais associer la parole et le chant en une expression unique. Pour cela, la partie musicale doit se simplifier, sortir de la polyphonie complexe. Dans l’esprit toujours humanisant de la Renaissance, ces nouveaux théoriciens, vont chercher dans les anciens traités grecs ce qui pourrait être un modèle du chant antique.
En 1592, Le Comte Bardi, qui contribua par ses écrits à la théorisation des idées nouvelles , déjà tombé en de disgrâce dix ans auprès de son frère Ferdinand Ier de Médicis, s’exila à Rome. Les portes de la Camerata de Florence, nommée ainsi en 1600 par le compositeur romain Cavalieri, se fermèrent. La Camerata ne marqua pas tant l’histoire musicale par les œuvres qu’elle produisit que par les théories qu’elle émit.
Les musiciens issus de cette camerata qui ont créé par la suite les œuvres les plus représentatives de cette camerata sont Jacopo Peri (1561-1633) et Giulio Caccini (1551-1618), tous deux par ailleurs madrigalistes.
Rival de Bardi, Jacopo Corsi (1561-1602) est riche mécène et un compositeur qui ‘dirigea’ la Camerata de Florence après le départ de Bardi pour Rome en 1592. Il collabora avec Jacopo Peri à la mise en musique du Dafné de l’auteur dramatique Ottavio Rinuccini. Cette favola in musica fut représentée pour la première fois en 1598 dans son Palais . En 1600, il sonnait du clavecin à la première représentation de l’ Euridice de Peri. Pendant cette période, la Camerata collabora aux fêtes organisées par E. Cavalieri.
Né à Rome, Emilio de Cavalieri (1550-1602) est compositeur mais également organiste, chorégraphe et danseur. Dans le sillage du nouveau Grand Duc de Toscane, il se trouve en 1588 à Florence où il rencontre les membres de la camerata qui participent aux cérémonies et fêtes par le biais des Intermezzi qu’il est chargé d’organiser. Il semble avoir en quelque sorte hérité des recherches de la Camerata sans pour autant en avoir été membre. La Camerat fiorentina de Bardi se sera consacrée plus au madrigal et la Camerata de Corsi de réalisations dramatiques avec E.Cavalieri. Il crée dans ses années florentines plusieurs pastorales qui tendent vers l’opéra. De retour à Rome, il poursuit ses recherches et se targue par lettre d’être, lui et non J.Peri, « le véritable rénovateur du style grec…chanté» ( !? Si tant est soit-il qu’on ait jamais connu le ‘Grec chanté’ malgré toutes les vaines et sympathiques recherches de ses rivaux Florentins). Il créa en 1600 La rappresentazione di anima e di corp. Il est vrai une œuvre emblématique de ce style nouveau dit style représentatif, (style rappresentativo) qui bouleversa l’art lyrique et donna naissance au genre musical baroque par excellent, l’opéra.
En 1620, année de naissance du Baroque, Stefano Landini, avec sa Mort d’Orphée fera de Rome la place centrale de l’opéra.
Avant de se rendre à Venise, Claudio Monteverdi, maître de musique de chambre à la cour de Mantoue, défrichait lui aussi ce terrain nouveau , la monodie (3ème livre des madrigaux, 1592), avec basse continue ( avec changement selon le chanteur) et récitatif (4ème livre des madrigaux, 1603 et 5ème livre 1605). Donnée en 1607, son Orphée développe un récitatif arrivé à maturité.
Les Grands Réthoriqueurs - La Pléiade - L'École de Lyon - L'École de Valencienne -
Les Grands Réthoriqueurs relèvent d’une même poétique qui s’exercera sur période couvrant la fin du Moyen-âge (1460) jusqu’à l’époque baroque ( poètes du Siècle d’Or Hollandais) en passant par la Renaissance. De manière générale, leur style éloquent porte à l’emphase. Il use de l’allégorie à des fins morales. Ils pratiquent le vers en véritables artisans comme si la langue était est la cause et la fin de leur poétique : choix précis du vocabulaire, jeu des sonorités, jeu avec les mots et jeu de mots. Il peaufine, triture la langue.
Tous ces poètes se réclament d’Alain Chartier (1385/90-1430 ? voir Tome I Bas Moyen-Âge Volume 1/Poésie Lyrique)
« Le vers, ses nombres, ses coupes et ses rimes, ses assemblages en strophes et formes, est pour les Rhétoriqueurs l’objet de tous les soins. L’art de la poésie est pour eux le plus grand des arts, et l’essence de la poésie réside dans le vers. Etre poète, c’est être artisan, fabricant de vers, « facteur ». ( Jacques Roubaud in Impressions de France, Hatier 1991).
Pour Joachim du Bellay et pour six autres poètes, Pierre Ronsard, Antoine Baïf, Pontus de Tyard, Étienne Jodelle (voir Théâtre), Jacques Peletier, Rémy Belleau, qui ont fondé en 1553, le mouvement ou l’école de La Pléiade, cette langue française non seulement doit pouvoir être parlée et écrite et lue par tous mais encore doit-elle par l’excellence de sa finesse, de sa subtilité, de sa richesse de vocabulaire exprimer au mieux tout ce qu’un poète, un écrivain doit vouloir exprimer. Et le moyen français tel qu’il est alors pratiqué est encore une langue trop rustre.Il est reconnu à l’heure actuelle que La Pléiade n’a jamais été un groupe constitué, plus un mouvement qu’une école.
Le Lyon est à cette époque le premier centre financier du Royaume et l’un des trois grands foyers culturels de la Renaissance française avec Paris et Nérac. C’est une place d’édition et d’imprimerie renommée. Des ateliers d'imprimerie comme celui de Jean de Tournes ou de Sébastien Gryphe, d'une grande production, y ont atteint une qualité qui n'a rien à envier à ceux de Venise ou de Paris. Une vie culturelle intense est animée par les amis médecins, musicologues, lettrés de Symphorien Champier (c.1472- ca.1531), médecin de renom, doyen du Collège des Médecins de Lyon, qui participa activement à la fondation du Collège de la Trinité dont il fut le premier Principal. Ce sont Maurice Scève, Clément Marot, (voir Poésie/France) Bonaventure des Périers, Corneille Agrippa et les traducteurs Claude Seyssel et Jean Lascarys (voir Humanisme). Au sortir de la faculté de médecine de Montpellier, Rabelais qui vient de publier le premier volet de son burlesque roman de chevalerie, Pantagruel arrive dans la ville en 1532 pour exercer la médecine.
Le XVième siècle espagnol est marqué par le règne d’un roi renaissant avant l’heure pour son amour des arts et des lettres, Alphonse V dit le Magnanime (1394-1458), roi d'Aragon et de Valence, la ville ayant été rattachée à la couronne d’Aragon par le Traité de Cazola qui en 1179 répartissait entre l’Aragonais et la Castille, les terres (re)conquises aux musulmans.
Le royaume de Valence bénéficie alors d’une relative tranquillité en échappant aux conflits de succession que connaissent les autres royaumes de la péninsule. De grands talents littéraires vont émerger tout au long du siècle au point que cette riche période littéraire sera appelée le Siècle d’Or Valencien. Poètes et écrivains ont abandonné la langue provençale des troubadours qui étaient encore jusqu’à la fin du siècle précédent reçus à la Cour de Castille et d’Aragon. Ils se détachent petit à petit de l’influence italienne. A l’instar du poète Ausiàs March, ils emploieront dorénavant pour la prose comme pour le vers la langue castillane. C’est meilleurs représentants sont Jordi de Sant Jordi (†1424) qui est chronologiment parlant le premier représentant de l’École Valenciennoise, Ausiàs March (1397-1459), Juan de Mena (1411-1456), Joan Roís de Corella (1433/43-1497).
Vers 1561, l'humaniste, poète et dramaturge Juan de Mal Lara (1524-1571) fonda une académie de poésie qui se poursuivra pendant près d'un siècle. Elle n’avait pas de règles fixes , ni non plus de lieux de réunion ; ce pouvait être la magnifique maison du poète sévillan Juan de Arguijo au décor peint par Francisco de Medina, comme celle du peintre Francisco de Pacheco (1564-1644). Juan de Mal Lara (1524-1571), Arguijo et Herrera (1534-1597), qui en fut une des figures les plus importantes, formèrent avec Rodrigo Caro (1573-1647) ce que l’on a appelé l’École Sévillane.
« Le sentiment patriotique caractérise l'école andalouse, tandis que le sentiment religieux imprègne le groupe castillan. » (https://www.universalis.fr/encyclopedie/fernando-de-herrera/)
La Consistori del Gay Saber est l’ académie poétique la plus ancienne de France et sans doute au monde. La Sobregaya Companhia Dels VII Trobadors de Tolosa (La Compagnie Très Gaie Des Sept Troubadours De Toulouse)a été crée en 1323 par sept troubadours Toulousains. Elle deviendra sous Louis XIV, l’Acadèmia dels Jòcs Florals (l’Académie des Jeux Floraux).
Cosme l’Ancie fonde à Florence en 1449 sur le modèle de l’Académie d’Athènes (383>86) fondée par Platon (428-347) , l’Académie Platonicienne ouverte aux nouvelles idées humanistes. Marsile Ficin, à qui Come confie la traduction d’auteurs grecs, en prendra la direction.
L’Accademia degli Infiammati (L'Académie des Brûlants), fondée en 1545 à Padoue, poursuivra son activité pendant seulement cinq ans.
A Florence L'Accademia fiorentina d’abord Accademia degli Umidi (des Humides) est fondée dès 1540 sous Cosme 1er . Elle se perpétuera sur une trentaine d’années .
L’Académie de Musique et de Poésie est fondée par le poète Jean-Antoine de Baïf (1532-1589) en 1571, un des cofondateurs avec Pierre Ronsard de La Pléiade. L’académie fermera ses portes assez rapidement en 1584. Selon les préceptes de cette académie, la chanson strophique doit se calquer sur le sonnet, le couplet tenant la place de la strophe, et le vers en sera mesuré à l’exemple de la métrique en usage dans la poésie de l’Antiquité par les poètes grecs et latins, tel Pindare et Horace (Vol.2 / La Musique/ Vers La Mondodie/Intoduction, et La Chandon Française).
Homme de lettres et savant, Giovanni Pontano (1426-1503) fut le premier directeur et l’organisateur de l’Académie de Naples, académie humaniste de poésie, fondée en 1471 sur ordre du Duc de Calabre, le futur Alphonse II. Après sa mort, elle portera son nom, Accademia Pontaniana.
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